Comme les autres pays du Sahel, le Niger n’est pas épargné par le phénomène de dégradation de l’environnement. Cette situation se constate sur la faune et la flore. Selon le rapport de planète vivante 2020, publié par WWF, la population moyenne des vertébrés a chuté de 68% entre 1970 et 2016 dans le monde. Cela signifie qu’environ 1000 espèces sont menacées d’extinction chaque année. Les populations d’espèces vivant dans les eaux douces ont été les plus touchées avec une baisse de 85%.
Le Niger regorge d’importantes ressources fauniques, faisant de lui un des réservoirs majeurs de la biodiversité en Afrique. Cependant, ces dernières années, une diminution inquiétante de plusieurs espèces, notamment de la faune mammalienne, a été observée. Parmi ces espèces figurent l’addax, la gazelle dama, le guépard, le lion et le léopard. Parmi les oiseaux, de nombreuses espèces de vautour qui pullulaient en ville et en rase-campagne tendent à disparaître sinon ont disparu, du moins de vue pour certains, sous la pression anthropique.
Certaines espèces ont déjà disparu et sont considérées comme éteintes à l’état sauvage. C’est le cas de l’autruche à cou rouge et l’oryx pour les mammifères. Selon le Directeur National de la Faune de la Chasse et des Aires Protégées (DFC/AP) au Ministère en charge de l’environnement, Colonel Zoumari Salifou, les principales menaces pesant sur ces espèces incluent le braconnage, la fragmentation et la dégradation continue des habitats, les variations et changements climatiques, les feux de brousse sauvages, la surpêche et la chasse abusive et incontrôlée, l’expansion de l’espace agricole, l’insécurité et l’orpaillage.
Outre ces menaces citées ci-dessus, le directeur national de la faune au ministère en charge de l’environnement a souligné une autre qui, d’ailleurs, a un effet néfaste sur l’environnement tout entier. Il s’agit du changement et des variabilités climatiques. Ce phénomène affecte gravement les espèces fauniques. Cela se manifeste notamment par la fragmentation des habitats d’animaux sauvages, la perturbation des régimes hydriques (assèchement précoce des mares) et une répartition inégale des précipitations menant à des inondations mortelles pour certaines espèces de la faune. Ce fut effectivement le cas pour les girafes de Gadabédji cette année. Il mentionne également la dégradation continue des écosystèmes et la diminution des ressources alimentaires pour la faune, ainsi que l’émergence de certaines maladies (zoonose). A cela s’ajoute le changement d’aire de répartition pour certaines espèces à travers des migrations et des mises-bas précoces.
Les espèces fauniques, un atout à préserver
La faune est bien plus qu’une simple collection d’animaux, servant uniquement à l’alimentation. Elle constitue en effet une source inestimable de richesse culturelle, économique et écologique pour les populations locales. Partant des explications du colonel Zoumari Salifou, la faune est omniprésente dans la culture des communautés riveraines des aires protégées à travers des usages médicinaux, magico-religieux et des croyances totémiques. La présence de la faune, indique-t-il, procure également des avantages considérables aux communautés grâce aux revenus générés par le tourisme (création d’emplois) mais aussi les retombées de la conservation. Ces dernières incluent notamment les investissements multiples et multiformes réalisés par l’Etat et ses partenaires qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations.
Face à l’urgence de prendre en compte toutes les menaces et de conserver l’écosystème forestier, le colonel Zoumari Salifou a fait savoir que le ministère en charge des aires protégées déploie, sur le plan national, des efforts considérables à travers la création des aires protégées et l’inscription des zones humides comme sites Ramsar d’importance internationale.
« Le ministère assure la dotation des unités de gestion en moyens humains, matériels et financiers nécessaires pour la préservation et la conservation de la biodiversité en général et des ressources fauniques en particulier », a-t-il annoncé.
Sur le plan international, on note que le Niger a signé et ratifié plusieurs conventions et accords internationaux, parmi lesquels la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) qui vise tous les niveaux de la biodiversité, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES), la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS), la Convention sur les zones humides (Convention Ramsar) et la Convention sur la Lutte contre la Désertification (CLCD).
Selon le DFC/AP, les efforts consentis par le Niger ont permis de conserver l’addax et la gazelle Dama à l’état sauvage, ainsi que les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest. « Ces efforts doivent être poursuivis à travers une synergie d’actions en étroite collaboration avec tous les acteurs concernés. L’administration de tutelle reste l’acteur majeur, avec l’appui des communautés locales, du secteur privé et des ONG », a estimé notre interlocuteur.
La population ; un acteur majeur dans la lutte contre la disparition des espèces fauniques
La population peut jouer un rôle crucial dans la protection de la faune forestière. Mais cela à condition qu’elle s’engage activement à la préservation des espèces et de leurs habitats naturels, étant donné qu’elle constitue l’une des menaces les plus pressantes sur la faune de par ses actions. Pour contribuer significativement à la survie de la faune, le colonel des eaux et forêts a proposé l’engagement du grand public autour des programmes de reproduction en captivité (élevage non conventionnel de la faune sauvage) qui, selon lui, peuvent aider à la préservation des espèces en voie de disparition. Et tout cela parce que « ces ressources fauniques représentent un intérêt pour la population aussi bien sur le plan culturel, éducatif que socioéconomique », a affirmé le directeur national de la faune. Avant de réitérer qu’elle est omniprésente dans la culture des communautés riveraines des aires protégées (usage médicinal, magico-religieux, croyance totémique).
En effet, a précisé le colonel Zoumari Salifou, la présence de la faune procure des avantages considérables aux communautés à travers les revenus monétaires générés par le tourisme (création d’emplois) mais aussi les retombées de la conservation, notamment les investissements multiples et multiformes réalisés par l’État et ses partenaires qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations.
Enfin, le Directeur National de la Faune, de la Chasse et des Aires protégées (DFC/AP) au ministère en charge de l’Environnement a exhorté les populations à contribuer, soulignant l’urgence de s’allier aux efforts de l’État pour préserver ce « trésor national » car, a-t-il dit, certaines de ces espèces sont classées en danger ou en danger critique d’extinction par la liste rouge de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN). « Si la tendance n’est pas renversée, ces espèces risquent de disparaître », a-t-il prévenu.
Une biodiversité suffisante conduit à l’équilibre de l’écosystème. La disparition de certaines espèces animales engendrerait des conséquences désastreuses sur l’environnement. Ainsi, la sauvegarde des animaux menacés et en voie de disparition constitue un défi majeur. Toutefois, il est encore possible de préserver cette richesse à travers notamment la mise en place d’aires protégées.
Bachir Djibo (ONEP)