
M. Seydou Abdoulaye
L’Alliance des États du Sahel (AES) est née d’une volonté collective de lutter contre les défis sécuritaires, économiques et environnementaux auxquels sont confrontés les trois pays du Sahel, notamment le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Au Niger, la naissance de cette alliance est perçue par la population comme une source d’espoir pour la stabilité et le développement. Nous sommes allés à la rencontre de certains compatriotes activistes qui se sont distingués dans l’accompagnement de la nouvelle marche du pays depuis le 26 juillet 2023 mais aussi le 16 septembre 2023, date de la création de l’Alliance des Etats du Sahel regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
M.Seydou Abdoulaye est le coordonnateur national du mouvement M62 qui a été de toutes les luttes pour la souveraineté du Niger en particulier et du Sahel en général. Il estime, sans ambiguïté, que la création de l’Alliance est l’ultime solution pour lutter efficacement contre le terrorisme et l’insécurité dans notre pays et le Sahel. Un an déjà, des progrès notables ont été enregistrés, considère-t-il. Ainsi, parmi ces avancées substantielles enregistrées, il y a l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre pays et dans les pays de l’AES de manière globale, c’est-à-dire au Burkina, au Mali et au Niger. « Nos attentes sont multiples. En premier lieu, les Chefs d’Etat doivent rester unis et soudés en mettant en avant un seul objectif, celui de pouvoir construire un espace et une communauté souveraine au profit des seuls intérêts des peuples de cet espace meurtri par l’insécurité et la mauvaise gouvernance. Et cela suppose également la nécessité de consentir des sacrifices et de faire la solidarité entre nos Etats, entre les peuples, une réalité », a expliqué le coordonnateur national du mouvement M62. Deuxièmement, au niveau des citoyens, c’est de pouvoir s’approprier cette vision et cet engagement des Chefs d’Etat pour faire véritablement de l’AES un espace de paix, de stabilité et de prospérité partagée à travers la Confédération. Cette dernière qui est déjà actée par les dirigeants des trois pays constitue une grande force pour affronter les défis qui se dressent sur le chemin de ces Etats.

M.Bana Ibrahim est, quant à lui, le secrétaire à la communication du Front Patriotique pour la Souveraineté du Niger, très actif dans la lutte que mènent les Nigériens pour reconquérir la souveraineté nationale ainsi que celle des pays de l’Alliance des Etats du Sahel. Le secrétaire à la communication du Front Patriotique pour la Souveraineté du Niger estime que le processus de mise en place de l’AES est amplement justifié car, il obéit à une demande forte de la population par rapport aux jeux troubles de la CEDEAO dans le processus de libération de nos trois pays (Burkina Faso, Mali et le Niger) du joug de l’impérialisme et du néo-colonialisme français en particulier, et de l’occident en général. A travers cette alliance, les trois pays ont décidé de mettre en commun leurs intelligences, leurs ressources et moyens dans le cadre d’une confédération pour une lutte efficace et efficiente et pour affronter les défis communs. Un an après la création de l’AES, M. Bana Ibrahim indique qu’il faut d’abord se réjouir du fait que les bases juridiques ont déjà été posées lors du premier sommet des Chefs d’Etat de la Confédération au Niger, en juillet dernier.
Sur le plan de l’opérationnalisation, la mise en place des instruments communs dans le domaine monétaire est aussi une attente forte, très forte même des peuples. C’est dire que les dirigeants de l’espace AES doivent créer les conditions d’une sortie du franc CFA et son modèle économique qui a échoué pour tendre vers la création d’une nouvelle monnaie.
« Sur le plan sécuritaire, des efforts sont déjà accomplis par nos Etats, même si par ailleurs nous attendons encore beaucoup plus pour aller vers une véritable uniformisation du commandement militaire pour qu’il n’y ait plus de différence entre les soldats maliens, nigériens et burkinabè sur le terrain», souligne Bana Ibrahim.
Sur le plan économique, les trois pays doivent, selon le secrétaire à la communication du Front patriotique pour la souveraineté du Niger, mettre en place des projets structurants dans le domaine de l’agriculture, de l’énergie, des transports et renforcer les échanges entre eux.

M.Mohammad Kabir Souleymane est le président du mouvement Wangaray et coordonnateur national de la Synergie des Organisations de la Société Civile au Niger. Son mouvement a été également de tous les combats menés par le peuple nigérien en quête de souveraineté. Sur la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), M. Mohammad Kabir Souleymane souligne qu’elle a eu comme conséquence une harmonie parfaite et cohérente des actions entre les trois pays membres. « Cette harmonie des actions, sur le théâtre des opérations militaires et sur bien de domaines, fait de l’AES une organisation crédible et sérieuse dans le concert des Nations. Avant la création de l’AES, nos trois pays étaient sérieusement confrontés aux défis sécuritaires. Ils étaient régulièrement endeuillés par les actes barbares des terroristes. Avec l’avènement de l’AES et la mutualisation des efforts militaires, aujourd’hui les trois pays sont en train de se libérer lentement mais sûrement du complot ourdi par des puissances impérialistes », estime M. Mohammad Kabir Souleymane.
Les attentes des organisations de la société civile sont nombreuses. « Nous n’avons pas de doute par rapport au potentiel dont dispose l’AES pour réussir le pari. Il est impératif que la libre circulation des personnes et leurs biens devienne une réalité sur le terrain et non une simple théorie inscrite dans les textes de l’AES. Ainsi, tous les trois pays doivent converger vers la nécessité de sanctionner toute personne qui oserait entraver cette profonde aspiration des peuples de l’espace. Il est aussi essentiel de s’inspirer des modèles positifs des autres pays pour la création et le développement des unités industrielles capables de répondre aux besoins des populations pour limiter la dépendance économique et promouvoir l’intégration des Etats », a suggéré le président du mouvement Wangaray et coordonnateur national de la Synergie des Organisations de la Société Civile au Niger. Sur le plan éducatif, il estime qu’il est crucial d’harmoniser les programmes d’enseignement, de définir des normes communes et de favoriser la diversité linguistique dans les pays membres de l’AES. « Sur le plan économique, la création d’une monnaie propre à l’Alliance des Etats du Sahel constitue une attente forte des populations pour définitivement couper le cordon ombilical qui nous lie avec les puissances impérialistes », a souhaité M. Mohammad Kabir Souleymane.
Yacine Hassane (ONEP)