L’autonomisation de la femme dans un contexte islamique comporte la perception islamique par rapport aux droits et devoirs, obstacles et contributions de la femme pour un développement durable. Elle est aussi fondée sur les légalités islamiques par rapport sa légitimité en inter relation avec le concept genre et Islam à travers les questions d’économie, du socioculturel et du politique émanant d’une stricte clairvoyance islamique de l’autonomisation de la femme pour un développement durable, englobant la perception de l’Islam par rapport au statut de la femme.
Au Niger, la marche des femmes de 1991 en prélude de la Conférence Nationale, a été l’un des pivots des démarches vers l’implication de la femme nigérienne dans le processus effectif de développement.
Une journée commémorée le13 Mai a été instituées en novembre 1992 par un décret présidentiel. Cette Journée de la Femme Nigérienne rappelle la marche historique des femmes de 1991 pour réclamer une plus grande représentativité à la commission préparatoire de la Conférence nationale souveraine. Les retombées de cette lutte acharnée des femmes nigériennes de 1991 peuvent se résumer entre autres à :
– L’élaboration et l’adaptation de la Politique Nationale Genre (PNG) en 2008, révisée en 2017, dont une stratégie Genre et Islam découlant de celle-ci ;
– La Stratégie nationale de l’autonomisation économique de la femme et son plan d’action 2018-2022 ;
– La mise en œuvre sous la bannière de l’initiative du Niger du Projet régional pour l’autonomisation de la femme et de Dividende Démographique dénommé (SWEDD) financé par la Banque Mondiale.
L’autonomisation des femmes peut être définie sous plusieurs angles, notamment ceux en inter relation avec l’amélioration économique, éducative et politique des femmes. Elle sous-entend la réalisation de l’égalité des sexes dans une société pour assurer le développement durable. Dans le contexte des femmes et du développement, l’autonomisation doit inclure davantage de choix que les femmes peuvent faire par elles-mêmes. Ce qui leur donnera un pouvoir de négociation nécessaire pour lutter contre les inégalités entre les sexes, qui permettra aux femmes le contrôle des ressources, actifs et revenus et d’en tirer profit.
En Islam, l’autonomisation de la femme est définie sur la base des trois sources religieuses le Coran, la Sunna, le consensus jurisprudentiel, en plus de la logique, toutes puisant des sens de la langue Arabe.
L’autonomisation التمكين) attamkyne ( prenant sa source du verbe (مكن) qui selon le dictionnaire de la langue Arabe قاموس المنجد) ) signifie : « atteindre une place au sommet dans une société et être robuste. De même ce verbe (مكن) signifie selon le dictionnaire de la langue Arabe (القاموس المحيط) avoir la capacité de…, être capable de…, pouvoir gérer ou de choisir….
Ainsi, on peut retenir que l’autonomisation (attamkyneالتمكين ) dans la langue Arabe a des sens similaires notamment :
1- Capacité (dont celle de choix), stabilité, et l’atteinte (d’un haut degré de statut social) ;
2- Responsabilité, et capacité (dont celle de la gestion).
Toutes ces deux perceptions linguistiques arabes prennent leurs sens résolus selon l’objectif assigné au mot dans un contexte précis.
Des chercheurs spécialistes ont identifié deux formes d’autonomisation : l’autonomisation économique et l’autonomisation politique. C’est le cas de Kabeer, Naila : « Contextualiser les voies économiques de l’autonomisation des femmes : résultats d’un programme de recherche multi-pays ». (2011).
L’autonomisation de la femme étant la capacité qui lui permet de profiter des opportunités qui lui sont offertes, et acquises pour accomplir les tâches qui lui reviennent de droit : droit au travail, droit de la participation à la prise de décision, droit à la concertation, droit à l’acquisition du bien, en plus d’autres droits, afin d’éviter sa mise à l’écart dans un processus sociétal de développement.
La sharia est littérairement définie comme étant une voie ou chemin clair parmi tant d’autres. Théologiquement la législation islamique est les légiférations de ce qu’Allah a régi pour ses créatures, elle est appelée règlements (charia) pour ce qu’elle comporte dans l’élévation des rôles qu’elle apporte effectivement dans la société et ce qu’elle augmente dans l’impact de la viabilité dans la société. Elle est extraite de légiférations divines du Coran, de la sunna et d’autres sciences religieuses affirmées.
L’autonomisation de la femme est définie en Islam à travers des argumentations religieuses du coran et de la Sunna, du consensus jurisprudentiel et de la logique des termes de la charia.
Le verset 41 du chapitre le Hajj du Saint Coran confirme l’élévation du statut social, Allah SWT a dit, je cite : « Ceux qui, s’ils sont autorisés (confirmés) sur la terre, accomplissent la prière, font l’aumône, ordonnent les bonnes actions et interdisent le mal, et Allah a la conséquence des choses », chapitre le Hajj, verset 41.
Le verset du chapitre Youssouf (Joseph) du Saint Coran confirme la capacité de gestion du Prophète d’Allah Youssouf, Allah SWT a dit, je cite : « Quand il lui parla, il dit : « Aujourd’hui, nous avons un homme honnête » avec un statut et une honnêteté sur notre commandement, alors que pensez-vous que nous devrions faire ? », Sourate 12, Youssouf, verset 5 4.
Les périodes pré et post avènement de l’islam nous enseignent l’adaptation et les enseignements, des exemples concrets par rapport aux domaines essentiels de l’autonomisation de la femme en Islam, il s’agit de :
La période Pré avènement de l’Islam, le commerce du prophète SAW auprès de Khadîdja bint khouwylid qui est pris en compte dans l’adoption de l’autonomisation économique de la femme.
La période post avènement de l’Islam a connu beaucoup d’évènements ayant contribué pour le bien-être de la femme, notamment les droits à la vie, à l’acquisition des biens, à la parole, à l’héritage, à la concertation et à la consultation, et bien d’autres droits fondamentaux, entre autres l’exemples des mères des croyants ci-dessous :
– Aicha bint Aboubacar Siddiq, elle fut l’une des grands érudits ayant rapporté des centaines de hadiths des traditions prophétiques
– Oumou Salama, ce fut elle qui conseilla le prophète SAW lors de négociation de pacte de Houeybiyya.
Dès l’avènement de l’Islam l’humanité toute entière a retrouvé son honneur d’équité et d’égalité en droits et devoirs, notamment entre les humains de deux sexes. Allah SWT a dit, je cite :
« Puis, lorsqu’elle accoucha de son enfant, elle dit : ‘’ Ô mon Seigneur ! J’ai mis au monde une fille, et Allah savait mieux ce qu’elle a délivré, et le mâle n’est pas comme la femelle» », Sourate 2, la famille d’Imane, Al-Imran, verset 36.
L’envoyé d’Allah SAW a dit concernant l’égalité en droit dans la légifération, je cite : « Les femmes sont les sœurs germaines des hommes », rapporté par Abou Daoud 236
Des siècles après, cette opportunité a permis à l’humanité de dresser des initiatives de développement, dont l’autonomisation de la femme déjà existante dans divers textes religieux expliqués à travers la jurisprudence islamique.
I. Droit à l’égalité et à l’équité
1- En droits et devoirs : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont un degré sur elles. », Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 228.
2- En droit à l’héritage : « Aux hommes revient une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches », Sourate 4, les Femmes, An-Nisâ’, verset 7.
3- En droit à l’acquisition du bien : « Et ne souhaitez pas ce qu’Allah sait favoriser les uns les autres. Les hommes ont une part de ce qu’ils ont gagné et les femmes une part de ce qu’ils ont gagné et demandent à Allah sa bonté Dieu était omniscient », Sourate 4, les Femmes, An-Nisâ’, verset 32.
4- Droit à la parole :
Deux récits l’un coranique et l’autre historique de la gestion des affaires de la société par le Khalif Oumar qu’Allah l’agrée nous enseignent le droit individuel et en public à la parole en Islam.
– La plainte de Haoula bint Tha-alabat, Allah SWT a dit, je cite :
« Allah a entendu les paroles de celle qui discute avec toi au sujet de son mari et se plaint à Allah, et Allah entend ton dialogue. Allah entend et voit », Sourate, Discuter, al-mujadalat’, verset 1.
Les barrières et obstacles à l’autonomisation de la femme au Niger se résument aux contextes de vulnérabilité liés à l’ignorance fondé sur :
– Les normes culturelles, dont les pratiques de stéréotypes à l’égard des filles et des femmes ;
– La mauvaise interprétation des textes religieux par rapport au concept « autonomisation de la femme » ;
– Les contextes socioculturels liés à la recherche du gain facile, notamment la mendicité, le mariage d’enfants pour ne citer que ceux-la ;
– L’analphabétisme ;
– Et les violences basées sur le Genre.
Par CHEICKH ELH. OUMAROU MAHAMAN BACHIR
Théologien/Islamologue
Président des Alliances des religieux ARDSES/RENILER-POD