Ouvrant une parenthèse pour évoquer la question des pensions, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie(CNSP), Chef de l’État, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, disait ,le 2 août dernier au cours de la grande interview qu’il a accordée à la RTN, à la veille de la 1ère Édition de la Journée Nationale de l’Arbre : « Rien que dans le cadre du payement des bonifications, qui sont trimestrielles conformément au décret qui les accordait, nous avons de 2023 au premier trimestre 2024 des dépassements de 5 milliards 433 millions de FCFA. Il faut qu’on sache où sont passées les bonifications. Et, je parle seulement de bonification. 5 milliards 433 millions, c’est à peu près la construction de 800 classes. Combien d’élèves on aurait pu sortir des classes en paillotes ? ».
Afin justement de rechercher les causes de cette hausse si vertigineuse de la masse des pensions, au point de susciter la réaction du Président du CNSP, Chef de l’Etat, et donner une suite à son constat, le ministère de l’Economie et des Finances, à travers la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGT/CP), a créé un comité Ad ‘hoc chargé de la relecture des différents textes régissant les pensions des fonctionnaires de l’Etat au cours du mois de juin 2024, la vérification de toutes les pièces requises et exigées par la règlementation en juillet 2024, et l’organisation de l’opération spéciale paiement par « billetage » des pensions du mois d’août 2024.
Au cours d’un point de presse qu’elle a animé le vendredi 15 novembre 2024 à Niamey, la Directrice Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique, Mme Seidou Zeinabou A. Douka, a donné à l’opinion un aperçu clair sur les conclusions des travaux du comité avec des chiffres qui donnent le tournis et mettent en lumière l’opacité et la confusion qui ont régné en maitresses dans le processus du paiement des pensions depuis leur mensualisation.
Jalonné de pensionnés disposant de cartes bancaires prépayées, des cas de doublons, de pensionnés décédés dont les pensions ont été régulièrement touchées, de pensionnés se retrouvant ou détenteurs de deux numéros de pension, le rapport du comité ad ‘hoc, qui vient d’abattre ce travail de fouille, de contrôle et d’identification, a conclu à un total de 3.113 cas de pensionnés en situation irrégulière pour une incidence financière totale de plus d’un demi-milliard de FCFA par mois.
Ainsi donc, le travail d’assainissement du fichier des pensionnés a permis, d’une part, d’obtenir les effectifs réels des fonctionnaires de l’Etat à la retraite et, d’autre part, de suspendre pour les échéances à venir les 3.113 cas de pensionnés en situation irrégulière. A travers ce résultat, les appréhensions du Président du CNSP, Chef de l’État, viennent d’être confirmées avec des preuves sonnantes et trébuchantes : une somme de 540.999.533 FCFA par mois qui disparaissent à travers des labyrinthes, routes sinueuses et autres voies obscures.
La gestion des pensions, telle que révélée par le comité ad ‘hoc, est un exemple patent de dissipation des deniers publics et prouve à suffisance la nécessité de restructurer les mécanismes de cette gestion afin de soulager les pensionnés. Du reste, le Président du CNSP, Chef de l’État, l’a dit au cours de son interview, il s’agit à travers cette opération de voir clair afin d’arrêter l’hémorragie financière qui se déclenche à chaque opération de paiement des pensions. Au début de ce processus de vérification, on s’en souvient, certains, loin des faits et ne maitrisant sans nul doute pas les tenants et les aboutissants du sujet ont voulu créer une polémique inutile et inopportune autour de l’opération. Aujourd’hui, avec la sortie médiatique du Comité ad ‘hoc, l’opinion vient d’être informée sur cette opération et, assurément, a cerné et compris le bien-fondé de ce travail de contrôle de tout le processus de paiement des pensions.
Alou Moustapha (ONEP)