L’incivisme routier à Niamey, comme dans de nombreuses autres villes du Niger, est un problème préoccupant qui peut avoir des conséquences graves en termes de sécurité routière. On constate avec amertume dans les rues de la capitale, des comportements qui sont totalement aux antipodes des valeurs de notre société. En effet, il n’est pas rare de voir certains usagers s’adonner allègrement à des pratiques anachroniques et complètement irresponsables. Ces agissements d’un autre âge caractérisés par l’impatience, conduisent les usagers de la route au non-respect des panneaux de signalisation, au débordement sur les routes, à l’arrêt brusque, ainsi qu’au stationnement anarchique.
Le stationnement anarchique des véhicules est l’un des phénomènes malheureusement très courants à Niamey. Le constat qui se dégage ces derniers temps sur les différents axes est préoccupant. Les conducteurs de taxi, des Faba- Faba, et autres usagers n’hésitent pas à marquer des arrêts brusques à la moindre occasion sans un motif bien déterminé. Ces stationnements anarchiques sont interprétés par les uns et les autres comme un non-respect du code de la route qui, selon eux, est à la base des accidents récurrents qu’on observe dans les rues de Niamey. Aussi, l’empressement des conducteurs les amènent à développer une sorte d’impatience qui les conduit à bruler certaines étapes pour provoquer ainsi des accidents et des embouteillages monstres.
Il est 8h 00 mn, au niveau du rond-point de l’Eglise, sur la voie expresse menant vers le rond-point 6ème ; le spectacle qu’on observe est tout simplement désolant. Pris par le temps et pressés de se rendre à leur lieu de travail, les usagers de la route ne respectent aucunement pas les passages-piétons. Sur cette même voie, le « passage piétons » est détérioré par les motocyclistes qui l’empruntent pour traverser la route expresse afin de se rendre de l’autre côté. Le pavé qui sert de protection pour la voie, commence à céder sous la pression des usagers indélicats.
Un citoyen affligé par le comportement des usagers de la route, pense que ces motos cyclistes et conducteurs ne sont animés que de mauvaise foi. « Le comportement des motocyclistes qui continuent de détériorer les pavés est indigne, sinon comment comprendre que cette route emménagée à grands frais, soit soumise à une forte dégradation en si peu de temps ? Si nous ne prenons pas soin de notre patrimoine routier, qui le fera à notre place ? », s’interroge cet usager.
Des facteurs qui participent à la dégradation des voies
Les surcharges des gros porteurs, les accidents de la route, le déversement des hydrocarbures et des eaux usées sur la chaussée sont entre autres phénomènes qui dégradent les routes. En termes de constatation, au-delà des agents de contrôle reconnus par l’Etat du Niger pour le contrôle routier, notamment la police, la gendarmerie, les eaux et foret, la douane qui sont des agents spécialisés pour faire le contrôle d’infraction causée sur le patrimoine routier, il y a également les agents du Ministère des Transports et de l’Equipement. Mais, ces agents ne font la constatation que lorsqu’ils prêtent serment devant un tribunal de leur ressort. Malgré tous ces efforts beaucoup reste à faire sur ce plan.
Un facteur préoccupant est celui des camions qui transportent les hydrocarbures, qui sont souvent des camions modifiés et ne répondant pas aux normes en matière de sécurité routière. En effet, comme on le constate dans la ville de Niamey, plusieurs garages implantés qui ne sont pas habilités à confectionner ces citernes le font malheureusement.
« La confection de ces camions peut être très préjudiciable à l’investissement à l’environnement, à la santé humaine etc. Donc c’est pour dire que la culture du laxisme en matière de sécurité routière, où les règles sont souvent ignorées ou contournées peut encourager un climat d’impunité et d’irresponsabilité. Et, ceci pourrait être un danger pour les usagers de la route », a souligné le Directeur des transports routiers et terrestres, M. Dan Issa Samaila.
Pourtant une loi a été adoptée en conseil des ministres spécialement destinée à protéger le patrimoine routier national. Le projet de décret portant modalités d’application de la loi n° 2018-32 du 24 mai 2018, déterminant le Patrimoine Routier National et fixant les règles de sa protection a été adoptée dans le cadre de la préservation du patrimoine routier national depuis 2018. Ce projet de décret est pris pour préciser certaines dispositions de la loi susvisée notamment celles relatives aux infractions, aux sanctions et à la réparation des dégradations commises sur le réseau routier national. Cette même loi a prévu des sanctions pécuniaires, qui concernent les amendes ; les sanctions pénales qui concernent les juridictions compétentes et les sanctions administratives qui consistent au retrait du permis de transport, qui interdit le fait d’exercer l’activité de transport ou de circuler.
L’impunité des contrevenants, due à un manque de contrôles routiers efficaces et à des sanctions peu dissuasives, peut encourager les comportements irresponsables sur les routes. Notons que la dégradation des routes à Niamey est un problème important qui impacte la vie quotidienne des habitants de la ville. Les routes endommagées peuvent causer des accidents, ralentir la circulation et endommager les véhicules. Il est essentiel que les autorités locales prennent des mesures pour réparer et entretenir les routes afin d’améliorer la sécurité et le confort des citoyens. La planification appropriée, le financement adéquat et une gestion efficace de l’entretien des routes sont essentiels pour résoudre ce problème.
En somme, l’incivisme routier à Niamey soulève des problèmes plus larges liés à la sensibilisation et à l’application des lois. Il est nécessaire de prendre des mesures concrètes pour endiguer ces problèmes et promouvoir une culture de la sécurité routière plus responsable et respectueuse.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)