L’avènement du CNSP a constitué un nouveau départ pour une ère diplomatique historique au Sahel, où les autorités actuelles du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont décidé de prendre leur destin en main en créant ainsi, l’AES (l’Alliance des Etats du Sahel) en septembre 2023. Le premier sommet des Chefs d’Etat de cette alliance, tenu le samedi 6 juillet 2024 à Niamey, était le point d’orgue d’un processus ayant débouché sur la création d’une institution sous régionale importante dénommée «Confédération des Etats du Sahel». Placé sous le thème « L’Alliance des Etats du Sahel : un espace souverain, de sécurité et de prospérité », ce premier sommet a mis en lumière les visions claires des Chefs d’Etat des trois pays arrivés aux pouvoirs dans des contextes particuliers caractérisés par l’exacerbation de l’insécurité au Sahel.
La matérialisation de cette Confédération des Etats du Sahel, intervenue dans un contexte de défis géopolitiques, géostratégiques complexes et des menaces sécuritaires graduelles, consacre l’aboutissement des aspirations des populations à sceller sur le socle de l’espace sahélien, une union d’Etats partageant les mêmes défis et les mêmes ambitions. A tout point de vue, la Confédération des Etats du Sahel est un acte diplomatique historique favorisant une coopération agissante, une intégration active et la prospérité des Etats du Sahel. Cette initiative ambitieuse est le symbole d’espoir et de résilience pour des millions de citoyens sahéliens.
Pour la chronologie, rappelons que la création de la Confédération des Etats du Sahel a effectivement pris son envol lors d’une réunion ministérielle des pays du Sahel, tenue du 30 novembre au 1er décembre 2023 à Bamako, où des engagements forts ont été pris par les trois pays à savoir le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Dans la même dynamique, une autre réunion des ministres de l’AES a été organisée à Ouagadougou en février 2024 afin de poser un nouveau jalon dans l’œuvre de construction de l’architecture institutionnelle de l’Alliance, telle qu’initiée par la Charte du Liptako Gourma simultanément signée le 16 septembre 2023 par les Chefs d’Etat des pays de l’AES.
En réalité, la naissance de l’Alliance des Etats du Sahel et la concrétisation de la Confédération des Etat du Sahel sont l’émanation des peuples sahéliens qui ont majoritairement adhéré aux idéaux de leurs dirigeants. « Dans cette marche, nos populations sont en avance sur les États, en témoigne l’engouement suscité, chaque jour, par l’AES auprès de nos jeunes et de nos femmes. Cet élan populaire constitue le meilleur gage de construction d’une confédération des peuples et non un édifice bureaucratique. Nos délibérations permettront assurément d’adopter l’armature juridique et institutionnelle permettant de donner corps et identité à la Confédération des États du Sahel » a précisé, le Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani.
Le Niger s’est engagé à œuvrer inlassablement pour la bonne marche de la Confédération des Etats du Sahel
En effet, le premier sommet des Chefs d’Etat de l’AES a permis au monde entier de prendre conscience que la marche des Etats de l’AES vers leur souveraineté et leur indépendance totale est irréversible. Au cours de cette rencontre, les trois Chefs d’Etats à savoir le Capitaine Ibrahim Traoré Président de la Transition du Burkina du Faso, le Colonel Assimi Goita Président de la Transition du Mali et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP, Chef de l’Etat de la République du Niger ont entériné la création de la Confédération des Etats du Sahel à travers la signature des instruments juridiques et institutionnels de l’AES notamment le traité portant création de la Confédération (AES), le Règlement Intérieur du Collège des Chefs d’Etat de l’AES, le communiqué final dudit sommet et une déclaration dite «Déclaration de Niamey ».
A Niamey, dans la somptueuse salle du Centre International des Conférences Mahatma Gandhi, noire du monde, où la déclaration de la Confédération a eu lieu, les Chefs d’Etat assis devant un public enthousiaste ont salué la détermination et la résilience des peuples de l’AES confrontés à des multiples défis. Le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a précisé que la création de l’Alliance des Etats du Sahel a déjà permis d’édifier autour du Burkina, du Mali et du Niger, une coalition solide basée sur une architecture de défense commune et une mutualisation des moyens nourris par une solidarité fusionnelle à l’image de celle manifestée par les autorités et les peuples du Burkina et du Mali face à l’agression armée projetée par la CEDEAO contre le Niger.
Ainsi, le Niger, par la voix de la plus haute autorité, s’est engagé à œuvrer inlassablement à la bonne marche de la Confédération des Etats du Sahel.
L’AES pour la reconquête de la souveraineté et la réhabilitation de la dignité peuple
L’Alliance des Etat du Sahel a déjà commencé à porter ses fruits, car sa mise en place a dissuadé les velléités de déstabilisation du Niger initiée par la CEDEAO et ses associés. Le Président du CNSP, Chef de l’Etat a réitéré son sentiment de profonde gratitude à l’endroit de ses frères Ibrahim TRAORE et Assimi GOITA pour cette preuve manifeste de solidarité agissante. « Mon pays vous rend un vibrant hommage pour cette prise de position. Aujourd’hui, ce front constitue le rempart contre lequel s’écrasera tout projet d’agression contre la Confédération AES. A cet égard, il me plait de constater que le volet Défense Sécurité de l’AES connait déjà des avancées significatives avec la mise en place de la Force conjointe. Au demeurant, sur le théâtre des opérations, nos armées mènent des opérations conjointes concluantes dans le Liptako- Gourma», a dit le Chef de l’Etat.
Un autre élément important à mettre à l’actif de l’AES, c’est le leadership des dirigeants qui ont su très tôt traduire en action l’architecture de défense collective et d’assistance mutuelle mise en place pour lutter contre le terrorisme et la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’AES. Les dirigeants des pays de l’AES ont autorisé les droits de poursuite sur leurs territoires respectifs afin de traquer efficacement les GAT de part et d’autre des frontières nationales.
Pour le Chef de l’Etat, la Confédération des Etats du Sahel constitue le seul regroupement sous régional efficient dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la CEDEAO ayant brillé par son déficit d’implication dans cette lutte. D’ores et déjà, des succès diplomatiques significatifs sont enregistrés, comme en témoignent le retour en force de nos Etats sur l’échiquier international, la reprise de la coopération avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux ainsi que la conclusion de partenariats stratégiques nouveaux.
La Confédération des Etats du Sahel pour le développement et le progrès
L’Alliance des Etat du Sahel, devenue désormais une Confédération repose sur plusieurs axes stratégiques. Parmi ses axes, il y a le volet « Développement » sur lequel les dirigeants des pays de l’AES ont une vision claire. En tenant compte des aspirations des peuples, il a été décidé de franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les pays membres. En ce sens toute les questions liées au développement sont prises en compte notamment : l’eau et l’environnement ; l’énergie et les mines ; les échanges commerciaux et la transformation industrielle ; les infrastructures et les transports ; la communication et les télécommunications ; la libre circulation des personnes et des biens ; l’économie numérique, etc.
Les secteurs clés du progrès ont fait l’objet d’analyse dans la dimension de l’AES. Les Chefs d’Etat ont décidé également de porter une attention particulière à la cohésion sociale ; le relèvement et la stabilisation ; la jeunesse, le sport et la culture ; l’éducation et la formation professionnelle ; l’emploi et la santé. Pour couronner le tout, une Banque d’Investissement de l’AES et un Fonds de stabilisation ont été initiés et les Ministres chargés des Affaires Etrangères et ceux en charge du Développement ont été instruits de prendre les dispositions pour leur opérationnalisation, tout comme les ministres ont été instruits de mettre en place une stratégie de communication efficace.
La Confédération de AES est née afin de créer en urgence les conditions pour une véritable sécurité alimentaire dans les pays de l’Alliance et mettre en place le dispositif économique, financier et monétaire nécessaire au financement du développement et à l’investissement productif dans l’espace AES.
La rupture définitive des Etats du Sahel avec la CEDEAO
La création de la Confédération des Etats du Sahel a constitué la rupture définitive avec la CEDEAO. Ainsi, le premier sommet des Chefs d’Etat de l’AES a dévoilé que les peuples de l’AES ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO. Il appartient aux Sahéliens de faire de la Confédération AES une alternative à tout regroupement régional factice en construisant une communauté souveraine des peuples ; une communauté éloignée de la mainmise des puissances étrangères ; une communauté de paix ; de solidarité et de prospérité basée sur les valeurs africaines. Pour assurer la protection et la libre circulation des personnes et des biens, les Chefs d’Etats de l’AES ont instruit les Ministres compétents d’élaborer dans l’urgence, des projets de protocoles additionnels y relatif en vue de faire face aux implications liées aux retraits des Etats de l’AES de la CEDEAO.
Pour le Président de la Transition Malienne, le colonel Assimi Goïta, la création de la Confédération est le symbole de la coopération fructueuse entre les pays de l’AES. Il a mis la libération de plusieurs zones occupées par les groupes armés terroristes à l’actif de cette coopération.
Le Capitaine Ibrahim Traoré dont l’engagement est d’une origine indéfinissable, souligne que la Confédération AES est un cadre pour renouveler la volonté de tous les pays membres de combattre les systèmes impérialistes ainsi que leurs valets locaux qui les incarnent. « Les valets locaux que nous qualifions d’esclaves de salon n’ont d’autres repères que chercher à vivre comme leurs maitres et les satisfaire en faisant tout ce qu’ont leur dicte au détriment de leurs peuples. Ces individus n’ont aucune dignité, ils volent, ils pillent, ils sont toujours prêts à trahir leur frères pour satisfaire le maitre. Lorsque le maitre commande, ils exécutent » déplore le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso.
A l’issue du Sommet, les Chefs d’Etat ont confié la présidence de la confédération à la République du Mali pour un mandat d’un an. Et le Burkina Faso abrite les rencontres des parlementaires de l’AES.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)