Parmi, les points à l’ordre du jour de la réunion du Conseil national du travail du vendredi 10 décembre 2021, figure la très curieuse question du ‘’rehaussement de l’âge de départ à la retraite’’. En plus d’être curieuse, cette question est fondamentalement anachronique dans le contexte national au point où on se demande quelle mouche a piqué les centrales syndicales pour soumettre une telle question au gouvernement.
Cette question est anachronique d’abord parce que nous sommes dans un pays où chaque année des milliers de jeunes diplômés sortent des Universités et autres institutions de formation aussi bien du supérieur que du niveau moyen. Ces jeunes se retrouvent sur le marché de travail mais sans réelles perspectives d’emploi parce que la capacité d’absorption des entreprises est très limitée d’une part et de l’autre la fonction publique ne peut engager tout le monde.
A cela, il faut ajouter les difficultés pour ne pas dire l’impossibilité d’accès aux financements pour ceux des jeunes qui désirent créer des entreprises et s’installer à leurs propres comptes.
Une autre raison de qualifier cette requête d’anachronique, c’est que les centrales syndicales, elles mêmes dénoncent constamment le chômage des jeunes et le sous emploi. De nos jours de milliers de jeunes triment à obtenir, ne serait-ce qu’un stage temporaire.En outre, les administrations publiques sont ‘’bourrées’’ d’appelés de service civique national, de contractuels, de volontaires et même de bénévoles.
Comment dans un tel contexte, peut-on demander à un gouvernement de rallonger l’âge de départ à la retraite ? En le faisant quand est-ce-qu’on donnera la chance à la jeunesse d’avoir de l’expérience, de faire ses preuves et de rompre avec l’inexpérience qu’on lui reproche ?
Fort heureusement, le gouvernement semble être plus circonspect à ce sujet ainsi que l’attestent les propos du Premier ministre relativement au rehaussement de l’âge de la retraite lorsqu’il déclarait : «Nous devons nous en saisir pour étudier rigoureusement sa pertinence». Et, il est clair que le rehaussement de l’âge de départ à la retraite ne donnera pas la chance à des milliers de jeunes diplômés qui attendent d’avoir un premier emploi
Il est tout simplement curieux qu’au moment où sous d’autres cieux, les fonctionnaires (du moins ceux qui ont loyalement servi leurs pays) sont pressés de prendre leurs retraites et de s’occuper d’eux-mêmes, ici chez nous une certaine génération s’accroche encore à la fonction publique au point de chercher un rehaussement de l’âge de départ à la retraite.
Si tous ceux dont on loue l’expérience veulent la mettre au service du pays, est-ce seulement en s’incrustant dans la fonction publique qu’ils peuvent le faire ?En défendant une telle idée, les centrales syndicales n’ont-elles pas failli à l’une de leurs missions qui est aussi de défendre, au-delà des intérêts des travailleurs, l’intérêt général ?
Siradji Sanda(onep)