Après les cultures sous pluies, place à la campagne des cultures irriguées. À Konni, un département à fort potentiel dans le domaine de la production maraichère, les exploitants des périmètres irrigués s’activent. En effet, la saison froide qui s’annonce est un moment propice, une période déterminante pour maximiser la production agricole, tout en faisant face aux défis climatiques. Cette pratique, ancrée dans la vie des populations locales, est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et renforcer leur résilience face au changement climatique. A l’heure actuelle, les producteurs sont pris par les préparatifs de la campagne des cultures de contre saison à Konni.
Cette campagne vise à assurer un approvisionnement continu en produits frais tout au long de l’année, réduisant ainsi la dépendance aux importations. Parmi les techniques mises en œuvre, on retrouve la culture en serre et l’adoption de variétés résistantes aux conditions climatiques difficiles. En outre, des efforts sont entrepris pour améliorer la fertilité des sols et renforcer l’adaptabilité aux fluctuations climatiques. Les agriculteurs de Konni allient, pratiques traditionnelles et nouvelles technologies pour maximiser leurs rendements. La méthode d’irrigation traditionnelle par canaux, utilisée depuis longtemps, est actuellement soutenue par des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte plus efficaces.
Les témoignages des agriculteurs locaux soulignent les avantages de cette méthode. Un producteur de tomates explique que la culture sous serre lui permet de contrôler les conditions climatiques et d’obtenir des récoltes régulières, même en saison sèche. Un autre agriculteur, spécialisé dans la production des courgettes, mentionne que cette pratique lui a permis d’augmenter ses revenus en vendant ses produits à des prix plus élevés sur le marché local. « Nous respectons les techniques transmises par nos ancêtres tout en intégrant des innovations modernes pour augmenter notre rendement», confie Abdoulaye, un agriculteur local.
Les spéculations produites sont, entre autres, le chou, la laitue, l’aubergine, la carotte et la menthe, qui sont cultivés de manière intensive dans cette localité.
Le chef du quartier de ‘’Kwawra Laka’’, M. Rabou Abdou, agriculteur depuis son bas âge, dit avoir commencé la semence de la laitue et des autres variétés de produits maraichers il y a de cela quelques semaines. « Cette année, nous rendons grâce à Dieu, car la saison pluvieuse a été abondante pour nos cultures. Pour le maïs, nous attendons encore le moment propice, dans moins d’un mois, nous comptons le faire », a-t-il affirmé, précisant que le seul problème que les producteurs rencontrent, c’est la cherté et l’indisponibilité de l’engrais dans leur localité. Ce qui les contraint à utiliser des variétés de produits et engrais des pays voisins. « Ce qui est préoccupant pour nous les agriculteurs, c’est la question financière, car tous les intrants coûtent cher ; que ce soit pour la culture sous pluies ou pour les cultures de contre saison. Nous pratiquons les deux pour pouvoir subvenir à nos besoins et ceux de nos familles », a-t-il précisé.
Les préparatifs pour la culture de saisons alternées sont appuyés par des projets communautaires ainsi que par des dispositifs gouvernementaux. Des formations sont également dispensées pour enseigner aux agriculteurs les pratiques agricoles optimales et la gestion responsable de l’eau. « La coopération entre la communauté et les institutions est importante pour la réussite de nos activités, et nous travaillons d’arrache-pied pour garantir notre indépendance alimentaire », a souligné Mariama, agricultrice à Konni.
Malgré les progrès enregistrés, les agriculteurs de Konni doivent faire face à plusieurs défis, notamment la gestion des ressources en eau et la lutte contre les parasites. Les coûts élevés des intrants agricoles et l’accès limité aux marchés sont également des obstacles majeurs. « Nous devons constamment nous adapter et trouver des solutions innovantes pour surmonter ces défis, surtout en ce moment où les défis liés au changement climatique se posent avec acuité », a fait remarquer Abdoulaye.
À Konni, la pratique des cultures de contre-saison est un symbole de résilience et d’adaptation au changement climatique. Grâce à des techniques agricoles durables, les producteurs soutiennent la sécurité alimentaire locale tout en veillant à la préservation de l’environnement. « Nous visons la souveraineté alimentaire, en créant un modèle agricole qui soit à la fois productif et en harmonie avec notre écosystème », a déclaré Mariama, une productrice de Konni.
Rabiou Dogo (ONEP)