« Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Monsieur le Président du Parlement de la CEDEAO,
Madame la Vice-présidente de la Commission,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs des Etats Membres de la
CEDEAO,
Messieurs les Directeurs Généraux de l’OOAS et du GIABA,
Monsieur l’Auditeur Général,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Monsieur le Représentant du Président de la Cour de Justice,
Monsieur le Représentant du Président de la BIDC,
Mesdames et Messieurs les Membres du Personnel de la CEDEAO,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, à l’entame de mon propos, vous exprimer ma joie d’être ici à Abuja, au siège de la Commission de la CEDEAO et vous remercier pour la qualité de l’accueil qui nous est réservé depuis notre arrivée.
Comme vous le savez, lors du dernier Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement le 29 juin 2019, j’ai été désigné par mes Pairs pour prendre la tête de notre Organisation régionale.
Aujourd’hui, il s’agit donc pour moi de m’acquitter du devoir de rencontrer les Institutions, qui sont chargées de la mise en œuvre effective des décisions que nous prenons lors des Sommets.
Monsieur le Président de la Commission,
Mesdames et Messieurs,
Cette visite, je l’ai voulue, pour me rapprocher davantage de nos Institutions pour m’imprégner de l’état de mise en œuvre des grands chantiers de l’intégration et noter les progrès et défis à relever, afin d’atteindre les objectifs de la CEDEAO. Ces objectifs, faut-il le rappeler, visent à améliorer les conditions de vie de 380 millions d’habitants que compte notre Région à ce jour.
Je voudrais à ce stade saluer les efforts consentis par tous, sous la conduite de tous les Chefs d’institutions, pour la réalisation de la vision 2020 de la CEDEAO, qui fonde tous les projets et programmes, et dont la mise en œuvre devrait nous permettre de réaliser nos objectifs d’intégration régionale.
Pour rappel cette Vision est de : « Créer une région sans frontières, paisible, prospère et cohérente, bâtie sur la bonne gouvernance et où les populations ont la capacité d’accéder et d’exploiter ses énormes ressources par la création d’opportunités de développement durable et de préservation de l’environnement.»
Ce passage d’une «CEDEAO des Etats» a une « CEDEAO des peuples » repose sur cinq piliers : la mise en valeur des ressources de la région, la paix et la sécurité, la gouvernance, l’intégration économique et monétaire et la croissance du secteur privé.
J’ai noté l’état d’avancement des différents projets et programmes présenté par le Président de la Commission. C’est donc pour moi le lieu de féliciter et d’encourager les Chefs d’Institutions et membres du personnel pour le travail effectué.
Mesdames Messieurs, 2020 c’est demain, et je constate que malgré les efforts appréciables fournis par nos institutions nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs de notre vision. Certes pour y parvenir les défis sont nombreux mais je voudrais, au cours de ce mandat, comme indiqué dans mon discours de clôture du dernier sommet, que des avancées significatives soient enregistrées sur au moins trois domaines auxquels j’accorderai une grande priorité : la consolidation des institutions démocratiques, la paix et la sécurité régionale et l’intégration économique de nos Etats notamment les programmes d’infrastructures et la monnaie commune. Je souhaiterais que vous mettiez l’accent sur ces trois domaines prioritaires.
- La démocratie et la gouvernance politique
Nous devons continuer les actions visant à renforcer la démocratie et la gouvernance politique dans notre région, conformément au Protocole y afférent. Dans ce sens, je note que les actions visant à accompagner les Etats Membres dans l’organisation d’élections transparentes et crédibles, gage de paix et de stabilité sont prévues dans le programme. De même, nos actions d’aide aux pays en situation politique difficile, à travers des interventions de médiation devront également se poursuivre.
Notre région est leader des communautés économiques régionales dans le domaine de la démocratie et de la gouvernance politique et nous devons tout faire pour maintenir ce rang. J’ai noté que nous aurons un nombre important d’élections au cours de ce mandat. Veillons à ce qu’elles se déroulent bien et qu’elles soient conformes à nos standards fixés dans notre protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Je salue à cet égard les efforts de la Commission, du Parlement et des autres Institutions qui interviennent chacun en fonction de leur compétence, pour apaiser les tensions et faciliter la résolution des crises pré et post électorales.
- La sécurité
Notre région est à ce jour confrontée à des défis sécuritaires liés à la piraterie maritime, au terrorisme et au crime organisé. Cette situation, si elle perdure, est de nature à saper les progrès réalisés et les actions de développement de notre région. Nous restons néanmoins convaincus que la CEDEAO sortira victorieuse des difficultés présentes. Cet optimisme, nous le tirons de notre volonté commune de faire de l’Afrique de l’Ouest une région de paix, de sécurité et de stabilité, ainsi que de la solidarité avec laquelle nous conduisons toutes nos initiatives communautaires.
C’est dans ce cadre que se tiendra le Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement prévu le 14 septembre 2019 au Burkina Faso et consacré à la situation sécuritaire dans le Sahel. Ce sommet devra à cet effet, nous permettre de réaffirmer notre engagement inébranlable à lutter contre le terrorisme et affiner la stratégie régionale pour y faire face.
- Intégration Régionale
3.1. Infrastructures
La réalisation d’infrastructures socio-économiques demeure une urgence pour notre région, car c’est un facteur d’accélération de la croissance économique. Ainsi, au niveau du transport, la mise en œuvre des différents corridors routiers régionaux doit se poursuivre et d’autres corridors reliant les capitales économiques de notre région doivent également être développés afin d’arriver à une densification et un maillage de communication transfrontalière couvrant toute la Région.
Nous devons mettre davantage l’accent sur le transport ferroviaire sur lequel, un retard a été pris tant au niveau des Etats membres qu’au niveau Régional. La réhabilitation des chemins de fer existants et la création de nouveaux corridors de voie ferrée me semblent être indispensables pour soutenir l’accroissement du flux de transport de marchandises, de manière plus efficace et compétitive, sans oublier l’impact positif sur la dégradation de nos routes. A cet effet le projet d’une boucle ferroviaire reliant Cotonou à Abidjan en passant par Niamey et Ouagadougou et capitalisant sur les réseaux déjà existants, me semble très pertinent.
Compte tenu du coût élevé des investissements dans le secteur du chemin de fer, la Commission devrait approfondir les réflexions, sur les modes appropriées de financement de ce type d’infrastructure, avec une participation du secteur privé.
La BIDC, que j’interpelle au passage, devrait avec ses équipes, soutenir les réflexions sur le financement de ces programmes, comme d’ailleurs, elle le fait déjà.
Le transport maritime ne devrait pas être en reste, compte tenu du fait que nous avons un (01) pays membre qui est un archipel et une façade maritime de près de 6000 km.
Le développement de nos capacités énergétiques doit également se poursuivre avec une attention sur la production et les infrastructures d’interconnexions. La mise en œuvre effective du Marché d’Echange d’électricité lancé en 2018 devrait nous permettre d’optimiser nos échanges dans ce secteur.
Enfin, l’innovation et la technologie constitue un secteur d’avenir, porteur d’un potentiel important en matière de création d’emplois. Nos stratégies et actions doivent nous permettre de tirer profit de la révolution technologique en cours qui avec son caractère transversal, a le potentiel d’améliorer la productivité de tous les autres secteurs, et de générer ainsi de nombreux emplois pour les jeunes.
3.2. L’Union Monétaire
L’harmonisation et le renforcement du cadre macroéconomique régional, notamment avec le projet de création de la monnaie unique de la CEDEAO pour lequel des avancées significatives ont été enregistrées récemment, demeure également une priorité. Il est important de mettre en œuvre la feuille de route pour la réalisation de cet objectif qui devrait permettre de faciliter et accélérer le commerce intracommunautaire par la réduction du coût des transactions financières. La création de la monnaie unique en 2020 constituera un important instrument pour la réalisation de l’intégration économique et politique de notre Région. Tous les Etats membres sont résolument engagés à réaliser la convergence macroéconomique afin d’assurer la viabilité et la crédibilité de la future zone monétaire.
- 3. L’agriculture
La majorité de notre population vit en milieu rural. L’agriculture doit également rester une priorité pour lutter encore plus efficacement contre les risques de déficit céréalier dans un contexte de changement climatique aux effets néfastes multiples.
Notre agriculture doit accroître sa productivité et améliorer ses performances pour répondre aux besoins croissants de la Région. Je note et me félicite de l’utilisation des stocks de céréales de la CEDEAO pour accompagner les Etats Membres ayant connu des situations difficiles.
Concomitamment, la mise en œuvre effective des stratégies et actions arrêtées sur la problématique de la transhumance à l’occasion de la réunion Ministérielle régionale d’avril 2018 devrait nous permettre de traiter cette question et éviter les conflits malheureusement meurtriers que nous observons parfois.
3.4. Libre Circulation des Biens et des Personnes
Au niveau du Commerce, les efforts doivent être maintenus pour accroître les échanges intracommunautaires qui restent encore à un niveau insuffisant (autour de 15%). Les recommandations de la Task Force doivent être appliquées pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes, au niveau des différentes frontières de nos Etats membres.
Par ailleurs, la zone de libre-échange continentale africaine récemment lancée va permettre à la région de stimuler considérablement les échanges commerciaux entre notre région et le reste du Continent, ce qui devrait accroître les opportunités pour nos opérateurs économiques et stimuler la croissance, et l’emploi.
3.5. Développement social et humain
Le capital humain est à la base de tout développement économique et social. Les projets, programmes et politiques en matière d’éducation et de santé au niveau régional, qui renforcent les actions au niveau national, sont un levier important pour accroître le dividende démographique dans notre Région. Environ 49% de notre population a moins de 15 ans.
Ainsi, les programmes d’équivalence des diplômes et d’éducation des jeunes filles sont essentiels, tout comme le renforcement de nos systèmes de santé publique et la prévention de crise épidémiologique telle que la crise Ebola qui a fait des ravages dans notre région, il y a à peine quelques années.
Je salue donc l’approche intégrée du capital humain en cours à la Commission.
Enfin, la Réforme Institutionnelle actuellement en cours au sein des Institutions de la CEDEAO devra se poursuivre, conformément au calendrier pour rendre nos institutions plus performantes.
De tous les chantiers que je viens d’évoquer, si on me demandait de citer un seul que je souhaite voir connaitre une avancée significative, pendant mon mandat, je dirai la monnaie unique. C’est dire que sa feuille de route doit avoir un calendrier précis d’exécution avec un respect des délais rigoureux.
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai terminer mon propos sans vous réitérer à tous mes remerciements pour les dispositions prises pour rendre effective et réussie ma visite à la Commission de la CEDEAO.
Je voudrais ainsi vous assurer de ma disponibilité et de mon engagement à œuvrer dans l’atteinte des missions assignées à nos institutions communautaires.
Je vous remercie de votre aimable attention ! ».
Onep