La lutte traditionnelle englobe divers aspects, parmi lesquels figure le Kirari, qui est une forme traditionnelle d’éloge. Cette pratique est un élément essentiel de la lutte traditionnelle qui est valorisé chaque année à travers un concours lors des éditions du Sabre national. Dans cette optique, un concours de Kirari a été organisé le mercredi 27 décembre 2023 à l’arène de lutte Aboubacar Djibo d’Agadez, à l’occasion de la 44ème édition de la lutte traditionnelle.
« Le kirari est une forme d’autopromotion dans la lutte traditionnelle, où les lutteurs vantent leurs talents et leurs exploits pour intimider leurs adversaires », explique Issouf Kodo, un chroniqueur averti sur les questions de lutte traditionnelle au Niger. Il a ajouté que cette pratique est une partie importante de la lutte traditionnelle au Niger, et qu’elle est souvent utilisée dans des sports de combat tels que le Dambé et le charo. « L’individu devient narcissique, s’autoproclamant comme étant le plus beau, le plus fort et le plus dangereux. Cet événement doit être préservé pour enrichir cette tradition. Cela fait plus de 20 ans que je n’ai pas vu un lutteur faire un Kirari avant d’entrer sur le terrain de combat », ajoute cet expert.
Le jury du concours de Kirari est composé de Maître Mari Malan Daouda, président du jury, qui a exprimé sa gratitude pour la responsabilité qui lui a été confiée dans le cadre de cette compétition. Il est accompagné de Aboubacar Yacouba Maiga dit Ayama, et de Idrissa Amadou tous deux du ministère de la Culture, de Moussa Kanta, un ancien lutteur du Damagaram, Abou Aji Yaou, ancien lutteur de Dosso, et de Sayadi Jahadi, ancien lutteur de Tahoua.
Avant d’annoncer les résultats, M. Aboubacar Yacouba Maiga a expliqué les critères de notation des candidats. « Cette année, nous avons mis en place de nouveaux critères d’évaluation pour un total de 20 points. Ces critères comprennent trois éléments : la posture, la manière de parler et l’articulation pour un maximum de 8 points, la gestuelle, la prise de parole et la confiance en soi pour un maximum de 8 points et le respect du temps imparti pour la prestation, avec un maximum de 6 points et une pénalité d’un point par minute dépassée », a expliqué Ayama.
Lors de ce concours, le lutteur de la région de Diffa a présenté son kirari sur le thème «May wakili garin mou ya koitché» en 3 minutes et 31 secondes. Ensuite, le lutteur de la région de Dosso est passé avec le thème «Ni mayan Arna, kato ni ka taouché» en 4 minutes et 14 secondes ; le lutteur de la région de Maradi a ensuite présenté son kirari sous le thème «Kay may ganga, doumi ka bida, doumi ni ka baka» en 3 minutes et 40 secondes. Le lutteur de Tahoua a effectué son passage sur le thème «Na isso ga bakin daga» en une minute et 30 secondes. Ensuite, le lutteur de Tillaberi a présenté son kirari sur le thème «Garba ka kiré ni, ka damé ni» en 5 minutes et 20 secondes. Enfin, le représentant de la région d’Agadez a conclu avec le thème «Ga Moussa Roba na Aïcha, i na maza ?» en 7 minutes et 33 secondes. Les régions de Niamey et Zinder n’ont pas participé à la compétition.
À l’issue des différentes présentations de Kirari, le jury a annoncé les trois premiers gagnants parmi les six régions participantes. La première (1ère) place revient au lutteur de la région de Dosso. Le lutteur de la région de Maradi s’empare de la deuxième (2ème) place et enfin le lutteur de la région de Diffa complète avec la troisième (3ème) place du podium.
Assad Hamadou (ONEP), Envoyé Spécial