Depuis 1991, le 16 juin de chaque année, l’Union Africaine et ses partenaires célèbrent la Journée de l’Enfant Africain (JEA), en souvenir des manifestations organisées en 1976 par des écoliers de Soweto (Afrique du Sud) pour revendiquer un certain nombre de droits pouvant se résumer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Cette journée constitue une occasion pour les parties prenantes sur les droits de l’enfant, y compris les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les entités internationales, de réfléchir sur les questions touchant les enfants dans la région, un accent particulier étant mis sur l’examen de la situation des droits reconnus aux enfants
Au Niger, tous les acteurs qui œuvrent dans le cadre de la protection de l’enfant ont parfaitement intégré cette donne dans leurs programmes et actions. Les centres d’accueil des enfants en situation difficile et les orphelinats déploient d’énormes efforts pour redonner aux enfants, à travers une prise en charge totale, une réelle chance d’être des hommes accomplis, sur lesquels la nation pourra compter. Malgré la modicité des moyens et la complexité de la tâche, ils élèvent, éduquent, et forment les hommes et les femmes de demain dans une « indifférence » quasi générale de la population.
Cette année, la célébration de cette journée coïncide aussi avec un fait qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, et qui est révélateur du traitement malsain infligé à l’enfant dans certaines zones de notre pays. Il s’agit du cas des centaines d’enfants que des trafiquants sans vergogne, ont emmené à Dakar dans le but de pratiquer la mendicité.
Heureusement, prenant la mesure de l’ignominie, le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, a promptement réagi en envoyant un vol spécial pour rapatrier ces enfants jusque dans leurs familles dans le département de Kantché. Dans d’autres pays encore, comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, l’Algérie et tant d’autres pays, des enfants nigériens ont été emmenés dans les mêmes conditions par les mêmes trafiquants qui les exposent à tous les dangers. Sur ce chantier aussi, le gouvernement a promptement réagi en déployant tous les moyens pour leur rapatriement.
Mais force est de reconnaitre que le chemin est long car le chantier est immense. En effet, en plus de ce cuisant problème de la mendicité en dehors de nos frontières, il y a aussi celui dans nos villes où des milliers d’enfants talibés sont systématiquement jetés dans la rue par des marabouts pour y tendre l’obole. Ainsi faisant, leurs maîtres se montrent plus préoccupés à faire de ces enfants leurs ‘’fonds de commerce’’ qu’à leur inculquer le savoir pour lequel ils leur sont confiés.
Pire, avec la situation sécuritaire difficile que traverse notre pays, il se pose d’autres problèmes plus cruciaux pour les enfants dans les zones de conflit. Il s’agit du phénomène de la fermeture des écoles, ajouté à celui des déplacements massifs des populations, qui viennent interrompre la scolarité normale pour des milliers d’enfants. Or, parmi les droits de l’enfant, l’éducation est un apprentissage nécessaire qui permet à une personne de développer sa personnalité et son identité, ainsi que ses capacités physiques et intellectuelles. Elle offre aux adultes et aux enfants défavorisés une chance de sortir de la pauvreté. Elle est donc un outil essentiel pour le développement économique, social et culturel de toutes les populations.
Partant de ce postulat, tous les enfants doivent pouvoir aller à l’école, et ainsi bénéficier des mêmes opportunités de se construire un avenir. C’est pourquoi le gouvernement s’y attèle. Et comme la plupart des enfants victimes de l’insécurité vivent auprès de leurs parents ou de leurs tuteurs, l’Etat a prévu environ 130 centres de regroupement dont la plupart sont réalisés et opérationnels. Cet effort doit être maintenu et amplifié pour relever le défi de l’éducation, en plus de celui de la sécurité, que nous impose l’hydre terroriste.
Par Rabiba Aboubacar Bouzou(onep)