L’éducation est un facteur crucial pour le développement d’un pays car elle élève le niveau de compétence de la main-d’œuvre, stimule l’innovation et la productivité, réduit les inégalités sociales, et favorise la stabilité économique et politique à long terme. Au Niger, selon les données (EDSN-MICS, 2012), dans les zones urbaines le taux brut de la scolarisation primaire est de 88 % pour les garçons, contre 71% pour les filles et le taux net de scolarisation primaire est de 2,3 %. Mais, au fil du temps, nous assistons à une véritable mutation dans le système éducatif nigérien. En effet, le constat est amer car, nombreux sont les jeunes qui n’ont plus le goût pour l’école, malgré son importance pour le développement et l’épanouissement de la jeunesse.
L’école était depuis toujours le seul moyen sur lequel la jeunesse se focalise pour un avenir radieux et les jeunes se donnaient les moyens de la fréquenter et de la valoriser. Néanmoins, cela paraît chimérique pour la jeunesse actuelle. Ceux qui y vont sont soit contraints, soit parce qu’ils ne trouvent pas une autre issue. Très peu sont ceux qui se rendent à l’école par amour ou par civisme. La jeunesse s’adonne plus à certaines activités moins prépondérantes que l’éducation, tels que les petits métiers, la fada, la consommation des substances psychoactives, la délinquance, etc. En effet, l’engouement qu’il y avait lors des rentrées scolaires est quasiment inexistant aujourd’hui. C’est en ce sens que l’ancien proviseur du CSP ‘’Le succès’’, M. Abdou Abdou Kamaroudine a expliqué les facteurs liés à la non affection de la jeunesse d’aujourd’hui pour l’école.
« De nos jours, ils sont beaucoup trop distraits et perdent leur temps sur les cellulaires et autres. Au moment où nous étions sur les bancs, nous n’avions pas besoin de cours de rattrapage ou de renforcement. On travaillait seul ou en groupe et ça marchait mais, aujourd’hui les parents payent les cours de renforcement, les groupes de travail sont animés mais, nous ne voyons aucun résultat. En plus, ce qui est bizarre de nos jours, c’est que les enfants s’intéressent plus à l’argent. Autrefois ce n’était pas le cas », dit-il.
Selon le proviseur, la jeunesse a perdu tous ses repères en s’intéressant davantage à l’argent facile au détriment de la recherche du savoir. Cela, a-t-il dit, est lié en réalité à l’évolution. « Le monde a évolué et toute nos sociétés ont évolué mais, les enfants au lieu de positiver les choses, profitent pour aller dans la négation », a souligné le proviseur. En outre, d’après lui, des moyens doivent être mis en place pour remédier ce problème qui devient un casse-tête aussi bien pour les parents que pour les responsables de l’éducation. « On peut y remédier mais ce n’est pas facile, dans la mesure où il nous faut retourner un peu en arrière voir ce qu’on faisait autrefois. Par le passé, l’enfant appartenait à toute la société. Son éducation incombe aussi bien à sa famille qu’à la société toute entière. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », a souligné le proviseur.
Pour le surveillant, M. Issoufou Brah, ce problème est lié essentiellement à la passivité des parents d’aujourd’hui qui ne contrôlent pas les enfants et ne suivent pas le niveau de leurs progénitures.
D’après les explications de M. Mahadi Malam Manzo, un enseignant, les facteurs sociaux ont beaucoup contribué à cette mutation notamment les facteurs exogènes et endogènes. « Les jeunes pensent qu’ils ne sont pas capables, qu’ils n’ont pas la capacité d’agir. Les questions scolaires auxquelles ils sont invités à participer leur semble sans rapport avec leur vie quotidienne », a-t-il indiqué. Ainsi, pour les inciter à être les leaders de demain, a-t-il poursuivi, il faut inciter en eux l’esprit d’entrepreneuriat et les encourager. « Il faut leurs demander ce qui est important pour eux d’abord », a-t-il conclu.
Mahamane Salissou Moudjahide (Stagiaire)