En 2015, quand il annonçait à ses amis et ses collègues qu’il rentrait au pays, certains ne s’en revenaient pas. D’autres lui demandaient s’il n’est pas en train de perdre la raison. Des réactions, à première vue, logiques pour ne pas dire normales, puisque Aboubacar Algoumaret Mohamed gagnait plutôt bien et même très bien sa vie, de l’autre côté de l’Atlantique, au pays de l’Oncle SAM. Mais, c’était sans compter avec l’ambition et la flamme de leader qui couvaient dans les entrailles de ce jeune nigéro-américain. Ni l’incompréhension de son entourage, ni les idées que certains milieux se font du Niger à l’extérieur n’ont entamé la détermination de ce jeune passionné de l’entreprenariat.
«Le Niger est un pays vierge», aime-t-il dire, insinuant qu’il existe dans le pays de réelles opportunités pour ceux qui veulent entreprendre et surtout qui croient à leurs capacités. C’est ainsi que fort de son expérience acquise aux USA, Aboubacar est rentré au pays en décembre 2015, après 15 bonnes années passées aux USA entre formation et activités professionnelles. En effet, Aboubacar Mohamed a été le premier nigérien à travailler pour Google aux USA. Ce polyglotte qui, en plus des langues officielles (le français et l’anglais), parle plusieurs langues dont le Haousa, le Djerma, le Peul et l’Arabe, a été ‘’manager’’ avec sous sa coupe une centaine de personnes lorsqu’il a travaillé aux USA.
Revenu au Niger, cet expert en sécurité a créé MA Global Corporation dont il est le PDG. L’entreprise fournit des services de qualité, conformes aux normes exigées et pratiquées dans les pays développés. Ce qui est logique pour ce jeune entrepreneur qui a intégré la culture et les valeurs de l’entreprenariat tel que pratiqué de l’autre côté de l’Atlantique. «J’accorde beaucoup de prix à la rigueur, à l’honnêteté et à ma crédibilité dans tout ce que je fais», dit-il sans ambages. Et, c’est la raison pour laquelle, l’entreprise de Algoumaret a pour clients et partenaires principaux, des institutions internationales, des organismes des pays étrangers, des privés, des expatriés, etc. «Jusqu’alors, je n’ai aucun marché de l’Etat», précise-il.
MA Global offre des prestations dans des domaines aussi variés que la location et l’entretien des voitures types Berline, 4X4 (V8) , la location Engins (Camion Benne, grue, chargeuse) ; la logistique n’importe où en Afrique ; la construction Bâtiment, Travaux BTP et Hydraulique ; la fourniture de matériaux de construction : gravier, sable, latérite et fer/bois et dalles et Bordures en béton (blindée) ; les travaux métalliques ou en Bois ; la livraison carburant( kérosène, essence, Diesel) ; la sécurité privée ; la fourniture de consommables et équipements de bureau ; le consulting en sécurité et installation des caméras de surveillance ; le partenariat en matière de la sécurité de l’aviation, engins blindés, véhicules et armes de combat ; la location maison ; la vente de céréales et bétails ; le service traiteur maison et bureau ; etc. L’entreprise est présente non seulement au Niger, mais fournit aussi ses services dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dont la Côte d’Ivoire.
Pour mener ces activités, l’entreprise MA Global Corporation emploie une dizaine d’agents permanents et surtout un réseau de plus de 300 employés temporaires en fonction du volume des travaux à exécuter.
Pour ce jeune entrepreneur, il y a plein d’opportunités au Niger pour ceux qui veulent les saisir. Toutefois, Algoumaret prévient contre cette ‘’tare’’ qui conduit beaucoup de jeunes entrepreneurs nigériens à la faillite avant même de démarrer : la précipitation. «Les jeunes sont pressés d’avoir de l’argent, de se faire beaucoup d’argent. Or l’entreprenariat se construit sur la durée, la patience en ayant de l’ambition et des objectifs. Je n’ai pas honte de dire que le premier marché que j’ai exécuté, j’ai eu une marge bénéficiaire de 15.000 FCFA», rappelle le PDG de MA Global Corporation. Pourtant la société dispose aujourd’hui de matériel adéquat dont des véhicules blindés loués à des centaines de millier de francs par jour.
L’autre problème qui dérange ce jeune entrepreneur, c’est le manque d’investissement dans la production. En effet, le pays compte de multimilliardaires mais ceux-ci n’investissent pas dans la production. «Il faut un réel changement des mentalités. Il faut que nos opérateurs économiques créent des industries productives. C’est ainsi qu’ils créeront de l’emploi pour les jeunes et contribueront à résorber le chômage», estime-t-il.
Aboubacar Mohamed Algoumaret n’est pas aussi de ceux qui encouragent les jeunes à aller en aventure en Europe, au Maghreb ou en Amérique. «L’argent qu’un jeune peut dépenser pour aller peut lui servir de capital et réussir ici au pays. J’ai toujours conseillé aux jeunes de croire en eux, de s’investir ici. Tout le monde peut réussir», estime-t-il.
Dès lors, il n’est pas surprenant qu’en novembre 2022, Aboubacar Mohamed Algoumaret a été lauréat du Grand Prix des Leaders d’Afrique et de la Diaspora (GPLAD), un prix prestigieux qu’il a reçu lors d’une cérémonie organisée à cet effet à Paris. La cérémonie de remise du GPLAD est le plus grand événement qui réunit l’Afrique et sa diaspora dans la capitale française. Déjà en 2021, le PDG de MA Global Corporation a foulé le tapis rouge au très célèbre Festival de Cannes en France, un privilège réservé aux plus grandes stars du cinéma, mais aussi d’autres domaines. Algoumaret a fait partie de ce cercle restreint de privilégiés.
Dans le contexte actuel de nos pays, cet expert estime que les questions sécuritaires ne doivent pas faire l’objet d’un traitement politicien. «C’est la sécurité qui conditionne tous les autres aspects de la vie. C’est pourquoi, la sécurité doit être une affaire collective. On a la chance d’avoir des pays amis qui sont là, aux côtés du Niger, pour nous aider», estime Aboubacar Mohamed Algoumaret. Le PDG de MA Global Corporation est l’exemple des jeunes de la diaspora qui ont, sans arrière-pensée, cru aux potentialités et aux opportunités de leur pays et sont revenus investir et mettre leur expertise et leur professionnalisme pour contribuer au développement de la communauté. Leader, il l’est. Un modèle pour les jeunes.
Par Siradji Sanda (ONEP)