
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
La couverture sanitaire au Niger reste un défi pour les autorités. Comment renforcer l’accessibilité des populations aux services de santé, ainsi que la disponibilité des médicaments ?
Je voudrais d’abord présenter à l’ensemble des Nigériens mes meilleurs vœux pour une année pleine de paix, de bonheur et de prospérité. Je voudrais ensuite remercier l’ensemble du personnel de la RTN pour cette opportunité que vous m’offrez de présenter les progrès réalisés par notre pays dans le domaine de la Santé et, mieux, par rapport à la mise en œuvre de la feuille de route confiée à ma modeste personne par le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’État à qui nous adressons toute notre reconnaissance pour cette marque de confiance.
Pour revenir à votre question, pour renforcer l’accessibilité aux services de santé, il faut au moins des infrastructures, des ressources humaines, de la logistique, des équipements et des prestations abordables. Ainsi, dans ce domaine, plusieurs réalisations ont été faites parmi lesquelles, les infrastructures avec la construction de 135 Centres de Santé Intégré de type II en 2024 avec la disponibilité de l’électricité, de l’eau potable et un domicile pour le chef responsable du CSI et la sage-femme ; ce qui a permis d’augmenter la couverture sanitaire. Mieux, plus de 320.000 habitants supplémentaires ont eu accès aux services de santé. Nous avons en perspective, dans ce domaine-là, la construction de cinq (5) hôpitaux de district et 35 Centres de Santé Intégrés dans la région de Zinder et de Maradi. Nous avons aussi un projet qui est en bonne voie pour la construction de 27 centres hospitaliers, dont 27 hôpitaux de district et 200 CSI en 2025. Toujours du point de vue infrastructures, nous allons procéder à des travaux de réhabilitation. Vous savez, la plupart de nos hôpitaux ont des bâtiments vétustes. Dans cette optique, nous avons effectué des travaux de réhabilitation au niveau de l’Hôpital National de Zinder, de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo, l’Hôpital National de Niamey, à la Maternité Issaka Gazobi, au Centre National de Référence de la Fistule Obstétricale, l’Hôpital de district de Gaweye et le CSI Bassora, pour ne citer que ceux-là. Il y a aussi la construction d’un service néonatalogie au niveau du Centre de Santé Mère et Enfant de Diffa.
L’année 2025, nous prévoyons une enveloppe de 500 millions de francs CFA environ pour continuer ces travaux de réhabilitation. Nous avons organisé, si vous vous rappelez, un dialogue national sur la réduction des décès maternels et périnatals où il y a eu un téléthon national qui a été organisé et qui nous a permis de mobiliser environ un milliard de Francs CFA dans le cadre de la réduction de la mortalité maternelle et périnatale évitable. Ce fonds est en train d’être utilisé pour la réhabilitation des maternités, la construction et l’équipement des blocs opératoires, des laboratoires dans les districts sanitaires Niamey 1, 2, 3 et 4. Du point de vue équipement, surtout en ce qui concerne l’imagerie, vous savez, avant le 26 juillet 2023, tous les scanners des hôpitaux publics étaient en panne et ce constat a été fait lors de la visite surprise de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani au niveau de l’Hôpital National de Niamey, le jour même de l’investiture de la COLDEFF, si vous vous rappelez. Ces appareils-là étaient en fait en panne sur une période qui varie entre 8 mois à 5 ans. Ce sont des appareils qui sont vétustes, donc tous étaient tombés en panne. Et à l’issue de la visite du Chef de l’État, nous avons eu des instructions pour la réparation et la remise en fonction de ces scanners-là. C’est ainsi que nous avons réparé et remis en marche les scanners de l’Hôpital National de Niamey, de l’Hôpital de Référence de Niamey, de l’Hôpital de Référence de Maradi et du Centre National de Lutte contre le Cancer. Le scanner de Zinder était irrécupérable. Ces scanners sont de faible capacité, 16 barrettes, 32 coupes. Donc, on s’est dit qu’il y a nécessité de commander des appareils plus performants et c’est la raison pour laquelle l’Etat a mobilisé plus de 12 milliards 300 millions de francs CFA pour l’acquisition et l’installation de six (6) nouveaux scanners sur fonds propres de l’État ; 6 nouveaux scanners de grande capacité, cette fois-ci de 64 barrettes et 128 coupes, qui sont plus performants, qui sont tous arrivés et qui sont en train d’être installés présentement. Ils sont tous arrivés, y compris trois appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Il y aura un scanner plus un appareil IRM au niveau de l’Hôpital Général de Référence, au niveau de l’Hôpital de Référence de Maradi et l’Hôpital National de Zinder. Un scanner va être placé au niveau de l’Hôpital National de Niamey, de l’hôpital National Amirou Boubacar et du Centre Hospitalier de Tahoua. Il faut noter que, dans le CHR d’Agadez, il y a eu aussi l’installation d’un nouveau scanner performant qui est déjà opérationnel. Donc, tous ces équipements vont nous permettre de renforcer l’accès aux soins spécialisés de qualité dans les régions. Il est prévu, en 2025, l’acquisition de nouveaux scanners pour le CHR de Diffa.
En ce qui concerne les ressources humaines, en 2024, il y a eu un recrutement de 164 agents. Ce sont des techniciens supérieurs en anesthésie-réanimation, en chirurgie et en radiologie. Ce recrutement-là va nous permettre de renforcer la fonctionnalité des blocs opératoires et, In chaa Allah, en 2025, nous allons poursuivre ces recrutements d’agents de santé. En termes de moyens logistiques, nous avons acquis, au cours de l’année 2024, 49 ambulances, 48 véhicules de transport de vaccins, 38 véhicules de supervision, 4 camions et 1069 motos DT 125. Ce qui nous permet d’atteindre la population éloignée des centres de santé à travers 57707 sorties foraines, 1708 sorties mobiles et 2915 supervisions. Nous avons en perspective l’acquisition d’ambulances et de 509 motos afin d’améliorer la couverture sanitaire. Je vous rappelle que, sur l’ensemble du territoire national, nous avons actuellement 1509 centres de santé intégrés.
En ce qui concerne l’accessibilité financière, la tarification des prestations dans les formations sanitaires constituait une entrave majeure pour l’accessibilité financière aux soins à la majorité de la population. Et, en réponse à cette situation, dans le but d’accélérer les progrès du pays vers la couverture sanitaire universelle en garantissant l’accès équitable aux services sociaux sanitaires, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a décidé de la réduction des tarifs des prestations des soins à travers le décret numéro 2024/538/P/CNSP du 28 août 2024 avec application dès le 1ᵉʳ septembre 2024. C’est une réduction de 50 % des tarifs des prestations, la gratuité des accouchements assistés et la suppression des forfaits de la dialyse. Cette décision a été fortement appréciée et soutenue par l’ensemble des Nigériens. Et, ce sont plus de 10 millions de Nigériens qui ont accès aux soins, donc qui sont épargnés de la barrière financière.
Parlons justement de cette réduction des coûts des soins de santé décidée par le président du CNSP. On sait que cela a un coût maintenant en retour, est-ce qu’il y a un accompagnement au niveau des services de santé, parce qu’il y a aussi cette question par rapport aux enfants de moins de 5 ans qui doivent avoir la gratuité, il y a beaucoup de centres de santé qui sont restés des années et des années avec des arriérés. Comment compenser les services de santé par rapport à cette décision ?
Oui, effectivement, elle a un coût. C’est pourquoi, des dispositions ont déjà été prises pour pouvoir compenser ce que les hôpitaux utilisent dans le cadre de cette réduction. Déjà, la première partie de la compensation est d’à peu près cinq (5) milliards de FCFA qui ont été injectés pour pouvoir compenser. C’est un processus qui se poursuit. Nous savons ce que ça coûte à l’État sur douze mois dans le cadre de cette réduction de 50 %.
La compensation de la part de l’État intervient tous les quatre mois pour pouvoir éponger ce que l’État devrait mettre en place par rapport à cette réduction de 50 %. Nous avons poursuivi la gratuité des soins des enfants de 0 à 5 ans et en même temps pour les femmes enceintes et les femmes qui souffrent de cancer gynécologique, la prise en charge est gratuite. Donc, il n’y a pas de barrière financière pour avoir accès aux soins. Nous avons mis en place ce qu’on appelle l’assurance maladie départementale qui a été expérimentée dans la région de Dosso, précisément à Gaya, et qui a donné de très bons résultats. De même, ça été expérimenté à Tillabéri, à Gothèye, et cela a donné de bons résultats. Pour le moment, nous comptons mettre ça en place au niveau de Zinder et Maradi. À l’issue de cette expérimentation, nous pouvons progressivement voir s’il y a lieu de faire une mise à l’échelle par rapport à cette question. Nous avons eu d’autres stratégies d’accès aux soins à travers l’organisation des campagnes gratuites de consultation et d’opération de masse dans le cadre de la lutte contre diverses maladies. C’est ça qui nous a permis d’avoir, comme résultat, 598 personnes opérées gratuitement au niveau de Madaoua, Konni et Tillia : 32.250 cas de maladies oculaires consultés et 8.500 opérés de cataracte. Trois cent quinze (315) personnes ont été opérées d’hydrocèle et il y a également eu des opérations de distribution de 15 millions de Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides à Longue Durée d’Action (MILDA). Nous comptons au cours de l’année 2025, faire onze (11) sorties de chirurgie foraine et nous prévoyons d’opérer 10.000 cas de cataracte sur l’ensemble du territoire national et d’organiser 5 camps de chirurgie pour opérer 500 cas d’hydrocèle. Dans le cadre de la vaccination, l’État a mobilisé 17 milliards 400 millions de francs CFA pour l’achat des treize (13) vaccins destinés aux enfants, ce qui a permis d’avoir une couverture vaccinale de 80 % à 84 %.
En ce qui concerne la vaccination de riposte, c’est-à dire, quand il y a une situation, on riposte à travers la vaccination : si vous vous rappelez, notre pays a connu une épidémie de méningite dans treize (13) districts et il y a eu une riposte à travers la vaccination où deux (2) millions 696 personnes ont été vaccinées contre la méningite. Nous comptons poursuivre cette lutte contre la méningite à travers le vaccin pentavalent au cours de cette année 2025.
Si vous vous souvenez, il y a eu aussi une épidémie de choléra suite aux inondations. Nous avons organisé une riposte de vaccination contre le choléra au niveau de six (6) districts que sont Mirriah, Zinder, Gazaoua, Madaoua, Bouza et Konni. En effet, ce sont plus de 1 million 57 mille 187 personnes qui ont été vaccinées contre le choléra. Dans le cadre de la vaccination de masse, nous avons aussi réalisé des vaccinations dont 7,7 millions d’enfants ont été vaccinés et supplémentés par campagne. Nous comptons continuer ces campagnes de vaccination de masse contre la fièvre jaune, mais aussi la rougeole.
Comme autre accès aux soins, je vais quand-même dire un mot sur les soins spécialisés, c’est très important. Dans le cadre du renforcement des activités pour la prise en charge des cancers, quelque chose qui nous tient à cœur, nous avons finalisé les travaux du bunker. Le bunker est un local destiné à accueillir l’appareil de radiothérapie. Ça fait des années que le chantier évoluait et c’est seulement en 2024 que nous avons pu l’achever parce que c’est la seule condition pour avoir l’appareil de la radiothérapie qu’on appelle le « LINAC» et, c’est à l’issue de la finition de ce bunker que les ingénieurs de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) sont venus vérifier si le bunker répond bien aux conditions de sécurité. C’est à l’issue de cela que l’envoi de la machine a été autorisé. Si vous vous rappelez, la cérémonie a été présidée par le Chef de l’État, Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, en présence du Directeur Général Adjoint de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique. Ça, c’était le 15 octobre 2024 où nous avons acquis cet appareil qu’on appelle Accélérateur Linéaire.
Le Niger, dans son système sanitaire, n’a jamais disposé de ce genre de machine.
Oui, c’est la première fois et cet appareil est accompagné par ce qu’on appelle un scanner de simulation. Ce scanner complète l’autre appareil. C’est lui qui permet d’identifier par exemple si on veut traiter le cancer, parce que maintenant la technologie est avancée. Si vous voulez traiter le cancer, il faut utiliser cet appareil qui va guider les radiothérapeutes pour leur indiquer là où il faut ‘’bombarder’’ avec les rayons. C’est cela qui permet d’éviter les tissus sains. Cet appareil est très important, il faut que les Nigériens soient rassurés dès que la radiothérapie va démarrer. C’est un traitement de précision, de haute qualité, sans effet secondaire, ni incident sur les autres organes. C’est ça la particularité de ce scanner de simulation. L’acquisition de cet équipement va nous permettre de renforcer le traitement du cancer.
Le processus d’installation de cet équipement se poursuit parce que, comme je l’ai dit, c’est un équipement de haute qualité. Le processus se poursuit en même temps que la formation des agents sur place. Présentement, il y a un ingénieur indien qui est en train de compléter la formation de nos ingénieurs et nous pensons que les premiers patients vont bénéficier de la radiothérapie, in shaa Allah, en mars 2025.
Nous envisageons aussi la création d’un laboratoire d’immunohistochimie. C’est un laboratoire important pour la prise en charge du cancer. Nous avons en projet l’acquisition de ce qu’on appelle le PET-Scan. C’est un autre appareil qui permet de renforcer la prise en charge du cancer. Les moyens sont déjà acquis. Toujours en ce qui concerne l’accès aux soins spécialisés, il y a la prise en charge des patients insuffisants rénaux. C’est une autre grosse question de soins spécialisés qui nous préoccupe. Vous savez, le rein est un organe vital, lorsqu’il est défaillant, il n’y a que deux solutions pour vivre. La première, c’est d’assurer sa fonction par un appareil externe, ce qu’on appelle dialyse ou hémodialyse et c’est à vie. La deuxième possibilité, il faut greffer le rein et là vous êtes épargnés de l’hémodialyse. Pour le moment, nous faisons de l’hémodialyse. C’est ce qui est faisable chez nous. Nous avons deux centres opérationnels : le centre de dialyse de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo et le centre de l’Hôpital National de Zinder. Ce sont les deux structures qui nous prennent en charge les patients insuffisants rénaux sur l’ensemble du territoire national. À l’heure actuelle, ces centres prennent en charge 310 patients qui souffrent d’insuffisance rénale.
Est-ce que nous avons une expertise du greffage des reins ou bien on va toujours continuer à aller à l’extérieur pour ça ?
Je vais en venir à la greffe des reins. Je vais d’abord finir avec l’hémodialyse. Donc, un patient en insuffisance rénale doit avoir la séance de dialyse deux fois par semaine et, à chaque séance, il faut un kit, donc avec 310 patients en raison de deux séances par semaine, ça nous fait 620 kits par semaine, et c’est à la charge de l’État. C’est l’État qui achète les kits à travers des commandes qui sont faites trimestriellement pour qu’il n’y ait pas de rupture.
Ce qui est gratuit, ce sont les 150 mille qu’on devrait déposer. J’ai oublié d’en parler dans la rédaction des tarifs. Il y a le forfait dialyse qui fait 150. 000 francs CFA que l’État a pris en charge. Le patient n’a plus besoin de déposer de l’argent pour avoir accès à l’hémodialyse. Ce sont juste les autres ingrédients qu’il doit payer pour pouvoir bénéficier de cette hémodialyse. Donc, pour un patient qui est en insuffisance rénale, qui n’est pas à Niamey, il faut qu’il ait un domicile ici, parce qu’il doit être dialysé deux fois par semaine. C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut étendre ces centres à l’intérieur du pays. C’est pourquoi, nous avons le projet d’un centre d’hémodialyse à Maradi. Déjà, au niveau d’Agadez et de Diffa, il y a l’unité qui est installée. C’est juste la mise en marche qu’on doit faire.
Pour revenir à votre question concernant la greffe rénale, effectivement, c’est la deuxième possibilité puisqu’on s’est rendu compte que c’est difficile pour quelqu’un de supporter deux séances de dialyse, des fois ça peut aller jusqu’à trois séances par semaine et c’est pour toute la vie. Pour pallier ça, il y a la greffe rénale qui, pour le moment, ne se fait pas chez nous. Pour ça, nous envoyons nos patients à l’étranger. À l’heure actuelle, nous avons 29 patients qui ont été greffés. Cette opération coûte très cher. Une greffe rénale coûte à l’État 16 millions de francs CFA, sans compter 7 millions pour les visites de contrôle par an. Donc, vous voyez, avec les 29 patients qui ont été greffés, c’est un budget énorme. C’est une hémorragie financière vers l’extérieur. Il faudrait créer les conditions pour que ça se passe chez nous et c’est ce que nous sommes en train de faire et, in sha Allah, en 2025, nous pensons que nous serons à mesure de faire ces interventions de greffe rénale. Déjà, tout ce qui est du processus juridique, c’est terminé, les textes réglementaires sont déjà faits, donc c’est la formation qui reste. Nous avons le personnel, c’est vraiment des petits détails qu’il faut régler avec ceux qui ont l’habitude de gérer cette question pour que nous-mêmes soyons en mesure de faire la greffe rénale. Il y a d’autres choses, c’est important pour que les Nigériens comprennent aussi. D’autres soins spécialisés que nos hôpitaux sont en train de faire. Je vais parler de la cardiologie interventionnelle. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’envoyer les Nigériens à l’extérieur pour la cardiologie interventionnelle, c’est-à-dire les gens qui ont besoin de la coronarographie parce que le cœur lui-même peut tomber malade. Il faut faire des examens, autrement dit la coronarographie qui, à l’époque, se faisait uniquement à l’extérieur, ainsi que la pose de stand.
L’équipe de l’Hôpital Général de Référence est vraiment très avancée dans cette prise en charge là. On n’a réellement pas besoin d’envoyer nos patients vers l’extérieur. Il en est de même pour la chirurgie cardiaque. Nous avons une très bonne équipe qui est en place au niveau de l’Hôpital Général de Référence et nous pensons bientôt prendre en charge tout ce qui est problème cardiaque chirurgical. Nous serons en mesure de gérer ça sur place. Nous sommes en train de collaborer avec les autres pays de l’AES pour que nos équipes se rencontrent régulièrement, pour qu’il y ait une très bonne efficacité de nos équipes dans le cadre de la prise en charge de la chirurgie cardiaque.
Au Niger, sommes-nous en mesure, au stade actuel, d’opérer le cœur ?
Oui, bien sûr ! Ils ont déjà commencé. Nous sommes en train de renforcer l’équipe pour rassurer les gens, ça se fait. Il en est de même pour la prise en charge des accidents vasculo-cérébraux. Aujourd’hui, nous avons une équipe qui est en place et qui est en train de faire beaucoup d’exploits. D’ailleurs, certains pays veulent venir s’inspirer de l’expérience de cette équipe qui a de bons résultats avec des patients qui ont eu des accidents vasculo-cérébraux et qui ont été récupérés sans séquelles. L’essentiel est de se présenter très tôt. Vous voyez, ce genre de pathologie n’attend pas les évacuations. Il y a eu vraiment de bons résultats, mais c’est le traitement qui est un peu cher. Le médicament est un peu cher parce que l’ampoule qu’il faut injecter coûte 600 mille francs CFA et pour un patient, il faut deux ampoules, soit 1 million 200 mille francs CFA. Vous voyez, avec l’accompagnement de l’État, nous pouvons prendre en charge ces patients et leur éviter des séquelles de paralysie, des séquelles invalidantes.
En ce qui concerne la promotion de la femme, il y a eu des activités, notamment le renforcement des capacités des filles dans les centres de formation et de promotion féminine. Il y a eu des appuis aux femmes en kits et l’autonomisation et la création de comités villageois de protection de l’enfant. Ce qui nous a permis d’avoir, comme résultat, 2500 filles qui ont été formées, dont 1250 en couture, 1250 en transformation agroalimentaire. Il y a eu plus de 6 300 femmes qui sont appuyées à travers des kits d’autonomisation et plus de 550 comités villageois qui ont été formés dans le cadre de la protection de l’enfant. Nous comptons poursuivre ces activités, in shaa Allah.
L’autre question, monsieur le ministre, on parle de mauvaises prestations et du non-respect de la déontologie par les agents de santé. Que faut-il faire pour y remédier ?
Permettez-moi de dire un mot sur la question qui m’a été posée par rapport aux médicaments, notamment en ce qui concerne le renforcement de la disponibilité et de l’accessibilité des médicaments. Parce que si vous vous rappelez, la CEDEAO nous infligeait des sanctions inhumaines et illégales suite auxquelles, les frontières étaient fermées et vous savez que notre axe principal d’approvisionnement, c’est l’axe Cotonou-Niamey.
Il y a eu blocage des commandes qui étaient au Port de Cotonou, alors que ces commandes étaient en cours d’acheminement vers le Niger. Il a fallu, en réponse à cette question, que des mesures soient prises, notamment l’approvisionnement et la sécurisation en produits de santé à travers l’approvisionnement en urgence par la voie aérienne, mais aussi l’approvisionnement à travers l’axe Lomé-Ouagadougou- Niamey qui nous a permis d’acquérir beaucoup de médicaments et d’éviter certaines pénuries. Nous avons mis en œuvre la stratégie d’approvisionnement au dernier trimestre, c’est-à-dire qu’il faut envoyer les médicaments le plus loin possible pour faire bénéficier tout le monde. Nous avons renforcé les mesures de gestion des médicaments à travers la mise en place de systèmes intégrés de gestion logistique. Ces différentes mesures nous ont permis d’avoir un taux de disponibilité en médicaments au niveau des Centres de Santé Intégrés de 98,7 %, ce qui est très important. Nous avons en perspective le projet de développement d’une industrie locale de production de médicaments et nous avons mis en place des partenariats avec des pays amis pour que l’approvisionnement en médicaments au niveau du pays continue.
Je reviens à votre question pour dire que la qualité est multidimensionnelle. C’est un processus continu d’amélioration auquel le Ministère de la Santé Publique accorde une place de choix. Dans cette perspective, plusieurs réalisations ont été faites, dont l’amélioration de la qualité des prestations. Nous avons d’abord eu à faire le renforcement des capacités du personnel de santé à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Plus de 17.500 agents de santé et relais communautaires ont été formés dans diverses thématiques. Nous allons continuer cette formation des agents dans le domaine des greffes rénales, de l’hémodialyse et dans beaucoup d’autres domaines.Dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins au niveau communautaire, il a été déployé 5 788 relais communautaires et ces relais ont été accompagnés par l’État à travers leurs forfaits d’une valeur de 240 millions de francs CFA. Cette activité nous a permis de prendre en charge plus d’un million d’enfants de 0 à 5 ans dans le cadre de la prise en charge du paludisme simple, de la diarrhée simple et de la pneumonie. 159 187 femmes enceintes ont été orientées pour les soins prénataux et 64 552 femmes enceintes ont été orientées pour l’accouchement assisté ; 29 960 femmes ayant accouché à domicile ont été orientées pour les soins postnataux. Nous avons en perspective le déploiement, toujours dans le cadre communautaire, de 7 500 relais au niveau des différents districts. Nous avons aussi mis l’accent sur le développement des approches de l’amélioration de la qualité des soins à tous les niveaux, ce qui nous a permis le renforcement de la qualité des soins. Nous avons doté des hôpitaux, dans le cadre de la qualité des soins, en appareils de production d’oxygène. Vous savez que l’oxygène est un produit qui est très important dans le cadre de la prise en charge des malades.
C’est ainsi que nous avons renforcé la disponibilité de l’oxygène à travers la dotation des CSI et des hôpitaux de district de concentrateurs d’oxygène. Il y a eu la dotation de cinq (5) hôpitaux en machine de production d’oxygène, notamment le CHR d’Agadez, l’Hôpital de Référence de Maradi, le CHR de Diffa et l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo. Nous avons réhabilité la machine de production d’oxygène de l’Hôpital Général de Référence qui est une machine qui fait une bonne production d’oxygène à raison de 160 bouteilles par jour et peut permettre de couvrir pratiquement la majorité des formations sanitaires qui ont besoin d’oxygène. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, nos hôpitaux, surtout ceux qui sont à Niamey, n’achètent plus d’oxygène. Notre objectif, c’est d’étendre cette production d’oxygène à l’ensemble du territoire national. Vous savez qu’à l’époque, la bouteille d’oxygène coûtait entre 50.000 et 100. 000 FCFA. Vous voyez, lorsque nos hôpitaux seront épargnés de l’achat de l’oxygène, ça va aussi permettre d’améliorer leurs performances. En matière de qualité de prestation, ça passe aussi par la disponibilité des équipements de qualité dans nos formations sanitaires. Ainsi, dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins, nous envisageons l’acquisition des équipements au niveau de toutes nos formations sanitaires ; l’acquisition de huit appareils de mammographie parce que ça nous manque au niveau des Centres de Santé Mères et Enfants ; dans le cadre de l’amélioration de la fourniture en énergie, avec la solarisation de beaucoup de nos formations sanitaires grâce à la bonne collaboration avec le Ministère de l’Énergie, mais aussi le projet Haské. En 2024, il y a eu 159 CSI, ainsi que la maternité Issaka Gazobi, qui ont bénéficié d’installations solaires. En 2025, nous prévoyons l’installation d’équipements solaires dans 181 Centres de Santé Intégrés.
Qu’est-ce que vous comptez faire pour amener les agents de santé au respect de la déontologie ?
Je voudrais saisir cette occasion pour d’abord encourager les agents de santé pour tous les efforts fournis, malgré les conditions de travail difficiles. Dans le cadre du respect de la déontologie, on a d’abord inséré cela au niveau des écoles de santé. II faut que cela soit enseigné pour que les agents puissent prendre conscience de leurs responsabilités. Des mesures sont en train d’être prises pour renforcer le respect de la déontologie du travail par les agents de santé. Il y a eu le renforcement dans ce cadre à travers des missions de contrôle d’audit et d’inspection. C’est ainsi qu’en 2024, nous avons réalisé 28 missions d’inspection et d’audit et 11 enquêtes administratives de services de santé. Nous pensons continuer ces activités. Il y a eu la création des ordres socio-professionnels et la réalisation des missions de sensibilisation qui ont eu, comme résultat, la création de l’Ordre des sage-femmes et celui des infirmiers ; ce qui va nous permettre de renforcer la sensibilisation des agents dans le cadre du respect de la déontologie. Il y a eu la mise en place d’un mécanisme de gestion des plaintes et à tous les niveaux. Nous voulons mettre ce mécanisme là pour que l’agent sache comment faire lorsqu’il y a une plainte d’un patient pour non-respect de la déontologie. Déjà au niveau central, nous avons mis un comité de gestion des plaintes et nous pensons que ces comités seront mis en place dans les régions et départements pour que les gens puissent respecter la déontologie.
Vous pensez que la mise en place de ces comités peut résoudre les problèmes ?
Oui, les gens vont prendre conscience. Lorsqu’un agent sait qu’il y a un mécanisme qui a été mis en place pour le contrôler en cas de manquement, il va prendre conscience et il va faire un travail de qualité.
L’autre grande préoccupation dans le domaine de la santé est la question d’hygiène publique. Comment définir et mettre en œuvre une stratégie en la matière ?
La question d’hygiène est multisectorielle. Sur cette question, le Ministère de la Santé a élaboré et mis en place une stratégie permettant de réduire significativement les maladies liées au problème d’hygiène. En effet, lors de nos visites sur le terrain, si vous vous rappelez, nous avons visité six (6) de nos régions où nous avons relevé une grande insuffisance en ce qui concerne la gestion des déchets biomédicaux, ce qui constitue vraiment un danger pour l’hygiène publique. Ceci nous a amenés à réfléchir pour qu’on puisse acquérir des incinérateurs de grande capacité pour gérer ces déchets parce que nous n’allons pas les laisser dans la nature. Nous avons acquis au cours de l’année 2024, neuf (9) incinérateurs modernes de grande capacité qui peuvent bruler les objets avec une température qui peut aller au-delà de 1000 degrés, qui peuvent gérer tous ce qui est objet tranchant ou des flacons qui ne sont pas dégradables pour que ça ne constitue pas une menace pour l’hygiène publique dans le futur. C’est ça qui nous a amenés à remettre en fonction l’incinérateur de grande capacité de l’Hôpital Général de Référence qui était en panne et négligé. Ainsi, nous avons multiplié par deux la disponibilité des incinérateurs au niveau de nos formations sanitaires et nous avons en projet l’acquisition de 14 autres incinérateurs modernes de grande capacité que nous allons installer au niveau de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo, des hôpitaux, des districts et des Centres de Santé Mère et Enfant des régions de Diffa, Maradi, Niamey et Zinder.
Nous n’avons pas oublié la gestion des eaux usées. Lors de ma dernière visite au niveau de l’Hôpital National, je me suis penché sur la question ; il faudrait aussi qu’on puisse traiter les eaux usées des Hôpitaux pour que cela ne soit pas une menace de santé publique. Des unités de traitement de ces eaux usées sont en train d’être installées pour sécuriser la population. Nous avons effectué des missions de contrôle des établissements agro-alimentaires et des points d’entrée au niveau des frontières. Sur 1950 sorties de contrôle réalisées, nous avons saisi 7000 tonnes de denrées alimentaires périmées qui ne devraient pas être consommées et nous avons contrôlé près de 700.000 tonnes de denrées alimentaires pour rassurer la population. Nous allons poursuivre aussi le renforcement de la sensibilisation en matière d’hygiène et de promotion de l’assainissement au sein de la population. Nous avons assuré la coordination des actions du comité One Health (une seule santé) qui nous a permis d’avoir des résultats, notamment, la fonctionnalité du comité, l’amélioration de la riposte aux épidémies et la mise à disposition de deux laboratoires mobiles au Ministère de l’Elevage, les équipements de capture et deux véhicules, ainsi que des produits anesthésiques à destination du Ministère en charge de l’Environnement. Avec ce comité, nous avons un projet qui est en train d’être étudié concernant la sécurité relative à la surveillance des maladies et des évènements de santé courant l’année 2025 qui va traiter la question de Santé, de l’Elevage et de l’Environnement. C’est un projet multisectoriel.
(La suite dans nos prochaines parutions)
Script : ONEP