Avides de gain facile, beaucoup de personnes s’adonnent à des pratiques criminelles en utilisant l’Internet. En effet, avec l’utilisation massive des TIC, on assiste à une nouvelle forme d’escroquerie appelée cyber arnaque. Celle-ci peut prendre plusieurs formes mais le but reste toujours le même : extorquer des informations ou de l’argent à des personnes victimes. Ainsi, plus de 300 plaintes ont été enregistrées en 2023 pour des actes liés à l’escroquerie en ligne dans la ville de Niamey. Même si certaines victimes préfèrent garder le silence, ce chiffre témoigne de l’ampleur du phénomène.
L’escroquerie par voie électronique est très fréquente ces derniers temps surtout avec l’avènement des Technologies de l’Information et de la Communication. La loi N° 2019-33 du 3 Juillet 2019 portant sur la répression de la cybercriminalité définit, en ligne en son article 27, l’escroquerie comme ‘’toute escroquerie par un moyen de communication électronique’’. Les éléments constitutifs de l’escroquerie en ligne sont les manœuvres qu’utilisent les mis en cause dans le but de détourner les biens d’autrui. Ces manœuvres peuvent être des tromperies, des chantages, des mensonges, l’usurpation d’identité numérique. Ils peuvent aussi se faire passer comme des fausses entités numériques, des entreprises, un service étatique ou une haute personnalité, des proches.
Selon le Commissaire de Police Abdoul Razak Mahamadou Mossi, les escrocs en ligne utilisent plusieurs modes d’opération. Ce qui caractérise l’escroquerie en ligne, est que toutes les manœuvres utilisées sont des manœuvres électroniques à travers les TIC. Il y a d’abord les faux comptes, les faux profils, les fausses identités pour faire en sorte que la victime puisse se mettre en confiance avec ces infracteurs. Ensuite, l’escroc va induire en erreur la victime dans le but de détourner ses biens. En escroquerie en ligne, toutes les manœuvres sont électroniques. « On peut te faire croire qu’on veut t’embaucher pour un emploi, on peut se faire passer pour une ONG, ils peuvent imiter aussi des entreprises officielles. Maintenant, ils vont te dire que pour accéder à l’emploi, tu dois envoyer de l’argent à travers des canaux comme les compagnies de transfert, les compagnies téléphoniques, donc ils vont t’induire en erreur pour détourner ton bien », a expliqué M. Abdoul Razak Mahamadou Mossi, chef de la division de la lutte contre la cybercriminalité à la police judiciaire.
Les Technologies de l’information et de la Communication sont omniprésentes, et les escrocs savent les utiliser pour arnaquer les gens. « Pour l’année 2023, nous avons enregistré 303 plaintes d’escroquerie en ligne. Cette forme de cybercriminalité représente 30 % des cas enregistrés dans notre unité. Et cela, c’est seulement les cas qui sont déclarés par certaines victimes, parce que d’autres préfèrent garder le silence », a relevé le commissaire.
Les modes opératoires les plus fréquents qu’on rencontre au Niger sont multiples et variés. « Nous recevons les cas des propositions de marchés, se faire passer comme des proches. Ils vous appellent pour vous faire des propositions de marchés des choses rares comme les épices naturelles, le miel ou quelque chose qui est rare. En vous appelant, ils se font passer comme des proches. Vous allez vous demander où est ce qu’ils vous connaissent. En réalité, ils vous connaissent parce que, les codes qu’ils utilisent ramassent les listes des gens dans les Ministères, dans les services, dans les entreprises privées. Donc ils ont connaissance de leur numéro parfois de leur e-mail. Et maintenant, ils vont vous guider, c’est comme en attrapant un poisson, l’hameçonnage. Quand ils appellent, ils vous proposent des marchés sous le couvert d’une personne que vous avez eu connaissance pendant une formation où ils vous disent que c’est telle personnalité », a indiqué le chef de la division de la lutte contre la cybercriminalité à la police judiciaire.
L’autre forme d’escroquerie consiste pour les cyber anarqueurs à vous dire que vous avez gagné des millions à un concours ou à un jeu de hasard, mais que pour débloquer votre gain, il faut que vous-mêmes vous versiez une somme. Il y a aussi une autre forme encore où les gens se font passer pour un proche, une ONG, une entreprise privée ou une haute personnalité. Ils vont vous dire que vous avez été sélectionnés pour une aide financière mais pour accéder à cette aide, il faut que vous versiez une somme.
Cependant, en cas de tentative d’escroquerie, les gens ont la possibilité de contrecarrer les imposteurs ou même les déclarer auprès des services compétents. Selon le spécialiste, pour Facebook et WhatsApp, il y a des fonctions de signalement. «Quand vous voyez un compte suspect dans le cadre des arnaques, il faut le signaler et ils vont bloquer le compte », dit-il.
La deuxième technique, c’est de venir vers la Police nationale pour porter plainte et avec les relations qu’elle a avec les firmes Facebook et autres, des mesures peuvent être prises pour limiter les dégâts. En cas de tentative, les gens peuvent également passer au niveau des autres services comme la Gendarmerie nationale, la Garde nationale, la Justice etc.
Cette nouvelle forme d’escroquerie a d’énormes conséquences néfastes sur presque tous les plans pour un pays. En effet, elle ternit l’image du pays où elle est pratiquée. Socialement, ce genre d’acte crée des gens frustrés car, il y en a qui perdent toute leur richesse. Économiquement, cela porte des préjudices pécuniaires pour le pays et son développement. Selon le commissaire, Il y a des gens qui se font arnaquer jusqu’à 7 000 000, 10 000 000 FCFA. Il y a des cas où ils prennent des dettes pour financer.
Pour minimiser ces phénomènes, une utilisation saine et rationnelle des technologies de l’information de la communication est souhaitable.
Quelques victimes de tentatives témoignent
Les outils numériques sont partout et les escrocs savent les utiliser. Du jour au lendemain, les victimes d’arnaques et des tentatives d’escroquerie par voie électronique augmentent dans la vie quotidienne. Une multitude de formes d’escroqueries en ligne existent, et il n’est pas toujours facile d’éviter les pièges tendus par les escrocs. Ce n’est pas non plus évident de reconnaître des contenus à caractère trompeur.
Quelques victimes de ce nouveau phénomène témoignent. M. Issaka a échappé à cet acte sur les réseaux sociaux.
« Moi c’est sur Facebook, sur l’application Messenger que j’ai failli être escroqué. L’imposteur a usurpé l’identité d’une personne influente. Et après un échange, la personne m’a dit qu’elle va me faire un envoi de 600 mille francs CFA. Je lui ai demandé comment va se passer la transaction et elle m’a proposé de lui envoyer 25 mille francs CFA par MYNITA, comme cela avec cette somme, elle va débloquer les six cent mille francs CFA pour me les envoyer. Et j’en ai parlé à ma maman, elle m’a suggéré d’aller voir le compte de la personne et le contenu de son compte. De là, je me suis rendu compte alors que la personne dont l’identité a été usurpée a son vrai compte avec des ‘’likes’’. Et que celui-là, est un faux compte, donc j’ai failli être escroqué. Heureusement pour moi, grâce au conseil de ma mère, j’ai pu éviter le pire», a–t-il expliqué.
Pour le cas de M. Ibrahim Sayabou, ce sont ses données à caractère personnel et des numéros de ses proches qui ont été exposés. Cela, après avoir dûment rempli un formulaire sur l’offre d’un programme de bourse au nom d’une institution internationale, sur un lien créé par des ‘’brouteurs’’. « Tout a commencé avec une publication sur WhatsApp envoyée par un camarade de section. Dans cette publication, il y avait un lien d’un formulaire que je dois remplir et joindre aux documents demandés. Je n’avais que 2000 FCFA, ce jour-là et je suis vite allé imprimer et remplir le formulaire. Et, quatre jours après la soumission de ma candidature, ils m’ont écrit pour me dire qu’elle a été acceptée et que je dois envoyer 270 euros soit 175 500 mille FCFA par Western Union dans un délai de quatre jours pour sa validation, sinon je serai remplacé. Je me suis engagé à mobiliser le montant et j’ai envoyé le reçu de l’acceptation à mon tonton en lui demandant en même temps les frais à envoyer. Heureusement pour moi, c’est quelqu’un qui connaît bien le système des transactions. Il m’a dit que généralement les institutions qui font ces genres d’offres, demandent qu’on leur envoie cela soit par Visa ou par Mastercard. Il est étonnant qu’on envoie ça à un individu », m’a-t-il fait remarquer. J’ai pu ainsi échapper à l’arnaque »
Moumouni Saley Daba (stagiaire)