
La table de séance lors de la sensibilisation
Sur invitation de M. Mahamoud Boucari, Chef du village de Inwijghir, le Président du Tribunal de Grande Instance d’Agadez, M. Illiassou Mahamadou a animé une importante communication, le vendredi 19 janvier 2024, à l’école primaire de Inwijghir. Le Président était accompagné dans ce déplacement par un officier de la Police Judiciaire de la Direction Régionale DRPN d’Agadez. Cette communication est initiée par le chef dudit village en collaboration avec les enseignants du village qui ont tenu une mini CAPED, qui a regroupé les enseignants de la zone. Cette activité s’est déroulée en présence de l’Inspecteur pédagogique Sani Ahmed et de M. Ahmadou Radouane, Conseiller pédagogique de l’Inspection de l’Enseignement Franco-Arabe de Tchirozérine, des enseignants qui prennent part à la mini CAPED, mais aussi et surtout en présence de la population du village qui s’était fortement mobilisée compte tenu de l’importance de la thématique.
L’objectif de cette initiative du Chef du village de Inwijghir est d’une part, de sensibiliser les parents d’élèves sur l’importance des pièces d’état civil (extrait de naissance et nationalité) pour les enfants dès la naissance, avant même l’inscription à l’école. D’autre part, il s’est agi de rappeler et d’édifier les enseignants sur leur rôle important dans la société, notamment celui d’accompagner la population où ils sont appelés à servir, notamment dans l’acquisition de ces pièces d’état civil et d’autres documents administratifs.
Cette initiative a été fortement appréciée par les populations dont le chef du village lui-même qui a tenu à remercier le Président du Tribunal des Grande Instance d’Agadez pour avoir aménagé son calendrier afin de répondre à son invitation. Il s’est réjoui de cette ouverture et de ce sens du devoir et de l’honneur à la Patrie dont a fait montre le Président du Tribunal, mais aussi l’Officier de la Police Judicaire pour les communications qu’ils ont faites et les connaissances partagées avec la population et les enseignants.
Pour sa part, l’Inspecteur Sani Ahmed a, au nom des autorités académiques de la région d’Agadez et celles du département de Tchirozérine, également salué cette initiative du Chef du village, mais aussi, le Président du Tribunal et la Police pour avoir accepté la demande. Il a souligné que c’est une première pour lui de voir un autre corps en dehors de celui d’enseignant à une session de CAPED, à plus forte raison un président du Tribunal ou un Officier de la Police Nationale. « Nous saluons vivement cette initiative qui est un bel exemple pour les responsables académiques et nous l’apprécions fortement au regard de la thématique développée », a-t-il souligné. L’inspecteur pédagogique a saisi l’opportunité pour inviter les enseignants qui ont suivi cette communication à faire un bon usage des conseils et messages qui leur ont été livrés et de faire l’effort de les partager avec leurs collègues à toutes les occasions. Il a indiqué que cette Mini CAPED a atteint tous ses objectifs car elle est un cadre de suivi et d’accompagnement des enseignants en vue de l’amélioration de leurs capacités et connaissances sur le terrain. Ainsi, ces communications ont été d’un grand apport qui renforce davantage les enseignants quant au rôle qui est le leur dans leur cohabitation avec la population, surtout rurale. « Le Chef du village a bien vu en initiant cette communication et en invitant la personnalité la mieux placée à cet effet », a-t-il relevé, tout en assurant le président du Tribunal de son engagement à rapporter cela à la hiérarchie scolaire départementale et régionale.
La principale thématique développée à cette occasion, est relative à l’importance des pièces d’état civil pour les enfants dès la naissance avant leur inscription à l’école. Mais le président du Tribunal a saisi l’opportunité pour ajouter un autre point très important à savoir l’expulsion des élèves filles de l’école pour le mariage et le rôle de l’enseignant dans la société à travers l’accompagnement qu’il doit apporter à la population de la zone de son service en termes de conseils. « Ainsi, vous vous posez plusieurs questions en me voyant ici. Vous vous demandez, peut-être, qu’est-ce qui justifie la présence du président du Tribunal à une activité de la CAPED (des enseignants) ? La raison est toute simple. Vous le savez ! c’est chez nous que vous (parents d’élèves et directeurs d’écoles) venez chercher les extraits d’acte de naissance de vos élèves ou de vos enfants, particulièrement ceux qui sont en classe d’examen. Donc nous connaissons les difficultés que vous rencontrez et ce que cela pose à nous autres comme problèmes. L’importance de l’acte de naissance dès la naissance de l’enfant et les conséquences liées à l’expulsion des filles de l’école pour le mariage sont des points importants que nous avions jugé nécessaires de venir échanger avec vous, mais aussi vous écouter si vous avez d’autres préoccupations avec la justice », a précisé le président du Tribunal qui a, par ailleurs, rendu un vibrant hommage aux enseignantes et aux enseignants pour tout ce qu’ils font pour l’enseignement de nos enfants.
M. Illiassou Mahamadou a relevé que pour la plupart, c’est à l’approche d’un examen qu’on demande aux parents d’élèves, d’aller chercher la nationalité de leurs enfants alors que ceux-ci n’ont pas d’acte de naissance. « C’est en ce moment que tous les parents d’élèves viennent au même moment et espérer, dans un temps record, avoir ces pièces. Cela nous cause énormément de difficultés. C’est pourquoi, nous sommes venus vous sensibiliser et vous expliquer les procédures et vous aider à éviter ces difficultés », dit-il.
L’Officier de la Police a saisi cette opportunité pour parler du rôle de son service. L’occasion pour lui d’insister sur l’importance de la scolarisation de la jeune fille et son maintien jusqu’à l’âge de 18 ans. L’Officier de la Police a salué également cette initiative du Chef du Village et a réitéré la disponibilité de la Police nationale à travers ses services spéciaux à répondre à toutes les sollicitations des populations pour les éclairer sur certaines questions.
A propos du village de Inwijghir
Inwijghir est un village de la commune urbaine de Tchirozérine. Il est créé vers 1858 et compte actuellement une population qui avoisine les 400 habitants. Le village d’Inwijghir est situé à une vingtaine de km à l’Est de la ville d’Agadez sur la route de Tchintaborak Est. Il est limité à l’ouest par Tegazar, au Sud-ouest par Atimik, au Nord-ouest par Tegazar wacharatt et à l’Est par Tchintaborak Est. La population d’Inwijghir est composée de Touaregs issus de plusieurs tribus, à savoir : Ilizdighane ; Kel-aguelal ; Kel-assodé ; Keltitgham. Les principales activités de la population d’Inwijghir sont l’élevage, le commerce et l’agriculture. Au plan religieux, le village d’Inwijghir dispose d’une mosquée dont la création remonte à 1941 et d’une grande école coranique. Le village d’Inwijghir dispose aussi d’une école primaire créée le 1er octobre 2004. Cette année, l’école compte un effectif de 64 élèves dont 27 filles.
Ali Maman ONEP/Agadez