Sans détours pénibles ni trop de contours, une immense zone montagneuse est non seulement surmontée, mais aussi domptée, transcendée, par-dessous et de travers, par des routes, des ponts, des rails, des échangeurs, des aménagements agricoles et des cadres de vie paradisiaques dignes des villes futuristes à la fois modernes et écologiques. Ce qui favorise le développement vert et bien évidemment le tourisme environnemental, au grand bonheur des communautés locales et en droite ligne des aspirations de la gouvernance des autorités chinoises. Nous sommes dans la région de mille et une montagnes dans la province nord-ouest de la République Populaire de Chine, Shaanxi, avec comme capitale la ville de Xi’an à environ 2 heures de vol de Beijing (Pékin).
A partir de la capitale provinciale Xi’an, anciennement capitale de toute la Chine, des rames de lignes de train et des bitumes de routes rendent facile et agréable le voyage vers la ville-préfecture d’Ankang, la cité socle de la soie, d’où partît initialement la fameuse « Route de la soie », par laquelle sont exportés vers l’Europe la soie et le thé produits en Chine depuis des milliers d’années. Aujourd’hui encore, faut-il le souligner, cette contrée constitue la plaque tournante du transport de marchandises par train, notamment vers l’Europe et certaines parties de l’Asie.
De la périphérie de la gare avant que les multiples lignes ne se dispersent dans les montagnes, l’on peut distinguer des trains de transport de marchandises par leurs interminables chaînes de conteneurs. Vers le sud, sur plus de 200km de Xi’an, le long du trajet, des montagnes, densément vertes et géantes, surplombent le paysage. Certaines percent de leurs vertigineuses hauteurs impressionnantes les brumes des nuages. Avec des infrastructures routières et ferroviaires qui traversent les montagnes, ici et là, on est, tout de suite, captivé par le charme de grandeur nature et le chef d’œuvre de l’homme chinois qui la magnifie de plus belle. Aucun vide à l’horizon, partout, si ce n’est la merveille naturelle de l’environnement, ce sont plutôt les infrastructures qui l’embellissent ou encore ces chutes d’eau ruisselant en cascades qui cristallisent l’attention, du moins chez ceux qui prennent cette destination pour leur toute première fois.
En vrai africain qui n’a jamais eu d’aventure touristique auparavant, l’on peut s’estimer heureux de ne pas être seul à s’en étonner ou à se croire dans les fantasmes d’un beau rêve. Fort heureusement qu’on ne saurait se reclure à y méditer au point de s’affoler à la limite. Entre journalistes africains venant du Niger, du Mali, du Togo, du Sénégal, des deux Guinées, de la Côte d’Ivoire, des deux Congo, du Burundi, de Sao Tomé, du Djibouti et de Madagascar, ce fut un moment palpitant, face à la frasque spectaculaire de la « brousse » de cette zone ouest de la Chine, un moment au cours duquel on n’a pas pu voir les deux heures de rail s’écouler.
La province en tant que telle couvre globalement une superficie de 205.600 km2 et compte une population d’environ 39,40 millions d’habitants. Elle représente le berceau de la Nation chinoise, d’une histoire millénaire avec ses 14 dynasties, dont celles des Zhou, des Qin, des Han et des Tang, avec une culture authentique très riche et variée. Xi’an, le chef-lieu de la province, était connue sous le nom de Chang’an dans l’Antiquité. Shaanxi s’étend sur deux grands réseaux hydrographiques : le Yangtsé et le fleuve Jaune, et sur trois zones de température : la zone tempérée, la zone tempérée chaude et la zone subtropicale septentrionale.
Ankang, la ville-préfecture à économie verte
A Ankang (ān kāng), ville-préfecture connue sous le nom de Jinzhou dans l’Antiquité, au cœur de la région montagneuse, l’air est particulièrement frais et agréable. Une rivière limpide scinde la ville en deux parties, sous un ciel bleu, à mi-journée de ce 21 septembre 2024, en plein automne. Au sud, l’on peut apercevoir l’ancienne ville qui garde plus ou moins son architecture traditionnelle et dans la zone nord trônent des buildings de standing moderne. Le tout dans un environnement d’une verdure extraordinaire.
Cette rivière de Hanjian ou Han, l’un des affluents les plus importants du plus long fleuve chinois Yangtsé, est d’une eau naturellement potable, selon les autorités locales qui nous la présentent du haut d’une tour monumentale, au sortir d’un déjeuner d’accueil en notre honneur. « Nous avons quatre ponts sur la rivière. Et deux autres sont en chantier », indique M. Mao Liangshao, superviseur national du gouvernement populaire municipal d’Ankang.
A Ankang, malgré l’abondance des eaux de surface et la forte pluviométrie, les dernières inondations remontent aux années 80, en 1983 plus précisément. Selon les autorités, l’eau est maîtrisée, avec un barrage en amont et une centrale électrique en aval. « Pour garder cette eau propre, nous avons fermé des usines et nous n’avons plus permis l’implantation de grosses industries qui pourraient la polluer. Cette eau est à 60 % distribuée à Pékin », explique M. Mao Liangshao.
Selon lui, Ankang compte 3 millions d’habitants dont 300.000 (soit 10%) au niveau de du chef-lieu de ville-préfecture. Cette dernière administre un district et neuf comtés et couvre une superficie totale de 23.391 km². À l’heure actuelle, Ankang compte 32 zones et 78 sites attractifs. Parmi les autres, cinq parcs forestiers nationaux : Nangongshan Mountain, Guigu Mountain, Qianjiaping, Tianhua Mountain et Shangbahe National Forest Parks ; plusieurs parcs forestiers provinciaux et deux réserves naturelles nationales : Liubeiliang et Hualongshan. Les autres attractions touristiques sont la rivière Han, la montagne Tianzhu, la piscine Bashan, le musée de Xunyang et la tour Wenfeng.
À Ankang, la sériciculture (culture des vers à soie) joue un rôle important dans le développement de l’économie et trois grandes entreprises privées se consacrent actuellement à ce secteur. En raison de sa situation géographique favorable, les théiers sont largement cultivés dans huit comtés et un district de la ville. En 2010, la production dans les jardins de thé a atteint un rendement de 8.800 tonnes et une valeur de production d’un milliard de yuans. En outre, treize variétés de thé célèbres ont été développées et ont remporté plus de 20 prix pour leur haute qualité.
L’industrie ici est basée sur l’exploitation écologique du sélénium dont regorge immensément la région, puis la production des peluches. L’industrie des peluches emploie à elle seule environ 20.000 personnes dont des femmes en grande partie. La société est constituée d’un centre de design, centre de la matière première, centre de l’e-commerce, centre de l’exposition et centre de logistiques. En 2023, l’industrie de peluche à Ankang a réalisé une valeur de production de 6,105 milliards de yuans (soit plus de 500 milliards de FCFA). Ankang est devenu la quatrième base de production de peluche du pays, devenant un point fort de la croissance, de l’emploi et du commerce extérieur.
Langao, un comté à hauteur des montagnes qui vaut le détour
Dans cette campagne, le taux de chômage est de moins de 5%, selon les autorités locales. Le village, s’il en est vraiment encore avec tout le niveau de développement que nous avons vu, Langao couvre une superficie de 1.957 kilomètres carrés, avec une population totale de 165.000 personnes, et appartient à l’une des zones nationales de culture de l’eau du projet de dérivation des eaux sud-nord, à la zone nationale de développement restreint de la fonction principale.
Langao est l’un des 11 comtés, à l’échelle nationale, d’assistance clé à la revitalisation rurale. Il est situé dans la ceinture nationale des centres de ressources naturelles optimales riches en sélénium, avec un taux de couverture végétale de plus de 90 % et un taux de couverture forestière de 80,52 %. Il compte plus de 230 attractions paysagères de différentes tailles. Entre, transformation créative et développement innovant de la culture Baren, promotion de l’intégration de la culture et du tourisme, et aide à la revitalisation rurale, Langao est une vitrine typique de l’économie verte, favorisant ainsi le développement du tourisme environnemental.
L’une des cultures en vogue en ces temps est le Kiwi. L’un des sites de référence en la matière se situe sur le bout des montagnes, notamment dans une « zone moderne » appelée Hongda qui lui est dédiée. Le Kiwi est cultivé et vendu au grand bonheur des paysans. La zone est connue comme la zone agricole moderne au niveau municipal d’Ankang. Maintenant, la superficie de la culture de kiwi est de 176,67 hectares. Cette zone utilise des technologies automatiques pour arroser, fertiliser, surveiller la météo et prévenir des maladies causées par des insectes nuisibles. Les variétés de kiwis sont principalement Cuixiang, Xuxiang, Nangong. Ces fruits sont très populaires dans des villes chinoises telles que Beijing, Shanghai, Guangzhou, Changzhou etc. La qualité est reconnue par les consommateurs. Une société industrielle de Kiwi, implantée dans le village, fait plus de 30 millions de yuans (2,5 milliards de FCFA) de recettes par an.
Une autre société anonyme de biotechnologie œuvre pour le développement de la filière du giantarum (konjac) dans le même comté de Langao. Elle est fondée en 2010 et se concentre sur la production et la transformation du konjac. 130 employés y travaillent. Et chaque année, 150.000 tonnes d’une dizaine de gamme de produits faits à partir du giantarum sortent de Langao, pour un chiffre d’affaires de plus de 1 milliards de yuans (83,6 milliards FCFA).
Il y a également dans cette zone une troisième culture vedette qui fait la fierté de la zone à travers toute la Chine et même dans certains pays asiatiques et européens : le « Tofu du paradis », une pâte à base d’une plante sauvage appelée « Fubei » qui pousse bien dans les montagnes Qinba. Elle possède 17 sortes d’acides animés favorables à la santé humaine. D’après les analyses médicales, les feuilles des plantes peuvent être utilisées pour traiter des maladies telles que le paludisme, la morsure de serpent venimeux, la bosse et la céphalée. « Le Tofu de paradis » est légèrement consistant, translucide, avec un goût fade. Ce qui en fait une pâte qui rime avec toute sorte de recette. Ainsi, on peut la consommer avec du lait ou de la soupe épicée.
Le projet «la belle cour » du village Zaoshu du bourge Minzhu est quant à lui une parfaite illustration de village touristique. Le village se situe à l’ouest du comté Langao. Il y a 605 foyers, soit 1.835 habitants. C’était un village très pauvre. Mais ces dernières années, en se basant sur ses propres spécialités, ce village exploite ses potentiels touristiques pour promouvoir le développement de la construction de « la belle cour ». Dans le village, au bout d’une année, tout s’est transformé, apprend-on. Et justement tout a l’air nouveau ici. Les habitations et l’environnement se ressemble et de manière harmonieuse et luxurieuse. Des fleurs dans la cour, de fruits et de légumes, la plantation de rizières, de fleurs de colza, de lotus et d’autres cultures ornementales en font un complexe idyllique.
Le tourisme à Langao est aussi porté par le spectacle lumineux de la scène nocturne sur le fleuve Lanhe, au cœur du chef-lieu du comté où, de long en large, des ponts et des bâtiments de style antique environnants scintillent de mille feux synchronisés tout autour.
Ismaël Chékaré,A Shaanxi (Chine)