« L’idéal d’intégration économique en Afrique a été une constante dans les discours et les engagements politiques depuis le début des indépendances des pays africains. Elle est mentionnée dès 1961 avec l’UEA (Ghana, Guinée, Mali) ; I’OUA s’en préoccupe dès sa naissance en 1963.
Elle est au cœur du traité d’Abuja signé en juin 1991 avec comme objectif explicite la mise en œuvre progressive de la Communauté Économique Africaine, à l’horizon de 2035 au plus tard.
Ce traité prévoyait une intégration économique en 6 étapes culminant en une consolidation et un renforcement du marché commun africain en 2035 avec la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services ainsi que l’effectivité des droits de résidence et d’établissement, et la création d’une monnaie africaine unique.
C’est encore elle que l’on trouve au fondement de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) mise en place, en janvier 1994, suite la dévaluation du FCFA, par 8 pays liés par l’usage d’une monnaie commune. L’UEMOA couvre une superficie totale de 3 506 126 km2 pour une population de 120,2 millions d’habitants en 2017. Elle comprend le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Sept de ces huit pays sont classés en 2018 dans la catégorie des PMA2.
Ce que M. Diouf appelle la mystique de l’intégration, a reçu récemment une nouvelle jouvence avec l’adoption, en mai 2018, plus de 25 ans après le traité d’Abuja, soit une génération, par l’Union Africaine d’un accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). En un an, il a été signé, par tous les États africains, à l’exception de l’Erythrée, le dernier en date étant le Nigeria. Ratifié à la date du 9 juillet 2019 par 27 pays (bien au-delà du seuil des 22 pays requis pour son entrée en vigueur) dont cinq des 8 pays de l’UEMOA (le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo), il est officiellement lancé. La ZLECAf devra aboutir, d’ici 2028, à la création d’un marché unique continental comptant plus de 1,3 milliard de consommateurs » et d’une union économique et monétaire, en s’appuyant sur les CER.
Qu’on le veuille ou non la ZLECAF servira de midi intellectuel référentiel aux décideurs africains et à leurs partenaires, ne serait-ce que parce que, selon le rapport sur le développement économique en Afrique 2019 de la CNUCED, la phase de transition vers la Zone de libre-échange continentale pourrait à elle seule générer 16,1 milliards de dollars de gains et induire un accroissement de 33 % du commerce intra-africain. ».
Onep