Fachi, dit-on, est le ‘’noyau’’ des villes sahariennes du Niger. Cela témoigne que cette localité située au cœur du désert est distante de tout lieu habité de plus de 100 km. Le canton de Fachi couvre une superficie de 35.872 km2. Et comme activités économiques, la population d’Agram exerce le maraichage, l’élevage, l’artisanat, les travaux de sel et des dattes. A l’origine, les premiers occupants de Fachi étaient des Soo (race herculéenne) qui étaient venus du haut Nil. Ces pasteurs nilotiques viennent du Baguirmi et du pays des Sara. Fachi existait depuis 500 à 600 ans avant Jésus Christ.
D’après certaines sources, les érudits narrateurs et l’écrit de Lieutenant Michel Le Sourd intitulé ‘’Tarik El Kawar’’, 1917, le fondateur d’Agram (montagne en tamasheq) serait le nommé El Hadji Califa Fodorblo qui est un arabe. Il s’installa au point dit « Fodorblo » puits, qui se trouvait du côté ouest du dispensaire et eut d’excellents rapports avec les Soo qui à l’époque venaient abreuver leurs bœufs dans la mare auprès de laquelle se trouve construit aujourd’hui le Gassar (Fort). Gassar signifie ‘’koussour’’ ou concession.
Fachi est un village constitué d’un seul canton ayant à sa tête un chef de canton qui porte le titre d’Agramma c’est-à-dire le propriétaire d’Agram. La population l’appelle affectueusement Maï. Il est garant de son intégrité et de sa sécurité dans le passé. Il est aussi respecté et écouté par sa population.
Le rôle d’Agramma, à l’origine, est celui de défendre le groupe contre les envahisseurs en payant de sa personne, car on choisit le fort, le valeureux, le rusé et surtout marabout c’est-à-dire fervent musulman parmi les princes ou « Maïna ». Il représente aussi le groupe dans les relations pacifiques avec l’extérieur. Il négocie le passage des caravaniers (sud appelé Karakka et ceux de l’ouest appelé Tagalamou Azalai). Il se contente de promulguer ou de rappeler les coutumes, des tarifs, des indemnités, dirige les assemblées pour la récolte des dattes et travaux de sel.
L’Agramma veille à la quiétude sociale, à la conciliation et nomme ses collaborateurs aux fonctions traditionnelles. Malgré l’avènement de
l’administration moderne, l’Agramma continue à converser son autorité. Située à plus de 100 Km des zones habitées de part et d’autre au milieu du Sahara, Fachi avait été choisie pour être le premier village intelligent au Niger dans le cadre du programme du gouvernement qui concerne des centaines de localités. Mais, aujourd’hui Fachi est le symbole de l’isolement physique et numérique, aucun réseau mobile ne dessert la zone, les installations en place sont en panne ou inachevées. Dans cette contrée, le téléphone par satellite a encore des beaux jours.
Chégou Abdourahamane et Sani MamanLawan (ANP)