Le Général de Brigade, Mahaman Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix a présidé le vendredi 25 mars 2022 à Maradi, la cérémonie de lancement des travaux du forum transfrontalier Niger-Nigéria dans le cadre de la lutte contre le banditisme armé dans la bande sud-ouest du Niger. Y prenaient part à cette rencontre de Maradi, les responsables des Forces de Défense et de Sécurité, des responsables administratifs, coutumiers des départements de la région de Maradi, frontaliers aux états du Nigéria de cette bande.
Ce forum qui concerne la région de Maradi et les Etats fédérés de Kastina et Zanfara vise à créer un espace de dialogue et de concertation entre les communautés des deux pays en vue de l’installation d’une paix durable dans cet espace. Il a pour objectifs spécifiques de mettre en place un dispositif de communication entre les communautés ; de renforcer le dialogue des autorités administratives, municipales, militaires et les leaders communautaires de nos deux pays. Aussi, il s’agira de mutualiser les efforts de lutte contre le banditisme armé transfrontalier, mais aussi d’assurer la quiétude sociale pour un développement harmonieux des deux peuples frères.
En ouvrant ces travaux, le président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, a indiqué que le Président de la République, Chef de l’Etat l’a instruit de se pencher sur les causes profondes et lointaines de la dégradation de la situation sur cette frontière commune à nos deux pays. «Ce forum doit permettre à ceux qui vivent la situation dans leur chaire d’offrir un diagnostic permettant de comprendre l’origine de la crise. Que s’est-il passé dans cette zone, pour que des groupes de personnes se transforment en bande d’assassins ?», s’est-il demandé. Le président de la HACP a indiqué que ce forum sera suivi de celui des gouverneurs de la région de Maradi et de Katsina et si le processus est concluant, ce type de rencontre est envisagé tout le long de la frontière en impliquant les gouverneurs de Tahoua et Dosso ainsi que leurs homologues du Nigéria. «Une fois toutes les étapes franchies, les ministres chargés de la sécurité et de la défense des deux pays devront se retrouver pour renforcer le dialogue et prendre des mesures fortes pour trouver des solutions définitives à cette situation» a-t-il averti. Le Général de Brigade, Maman Abou Tarka, a affirmé que ce qui se passe aujourd’hui n’a rien à voir avec le banditisme traditionnel. Il reconnait que l’ampleur du phénomène, les dégâts économiques et humains que cette situation entraine sont en passe d’égaler ce qui se passe au Mali, ou dans la région de Diffa et l’Etat de Borno au Nigéria. «C’est pourquoi, il est important de s’atteler à trouver des solutions à la crise frontalière du centre de notre pays», reconnait-il.
Pour le Gouverneur de la région de Maradi, M. Chaibou Aboubacar, ce forum est venu à point nommé, dans un contexte de sécurité qui se manifeste par un banditisme armé transfrontalier, le vol de bétail, les trafics de tout genre ainsi que des enlèvements suivis de demande de rançon.
«L’insécurité grandissante le long de notre frontière se manifeste par des vols de bétails, des attaques à main armée, l’impossibilité d’exploiter les espaces pastoraux et les champs de cultures, des dégâts champêtres, bref la pression sur toutes les ressources vitales», a-t-il fait remarquer. Le gouverneur de la région de Maradi a souligné que tous ces facteurs contribuent à l’instabilité au sein des populations, une atteinte à la cohésion sociale avec comme conséquence, les déplacements massifs des populations vers les villages voisins et le ralentissement du développement socioéconomique des différentes régions. Toutefois, il a fait remarquer que depuis le début de cette situation sécuritaire, les plus hautes Autorités de nos deux pays ont engagé des efforts significatifs pour juguler cette insécurité. «Force est de constater que malgré ces multiples efforts, le problème persiste. C’est pourquoi, il est grand temps de renforcer les réflexions sur les mesures efficaces nous permettant d’assurer la stabilité à nos communauté», a-t-il soutenu.
Les Chairmens de Jibya et de Sabon Birni (Nigéria) ont tous reconnu la persistance de l’insécurité dans cette zone. Ils ont indiqué que cette démarche de consultation entre les deux parties est la bienvenue du fait de la souffrance endurée par les populations. Par ailleurs, ils ont remercié les forces de défense et de sécurité du Niger dont les interventions en terre nigériane ont permis de sécuriser leurs concitoyens.
Tiémogo Amadou, ANP-ONEP Maradi