Monsieur le Premier ministre, vous êtes économiste, âgé de 67 ans. Au lendemain de son investiture, le Président de la République S.E Bazoum Mohamed a porté son choix sur votre personne pour coordonner l’action du gouvernement. Aujourd’hui, un peu plus de trois mois après votre présentation de la Déclaration de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale, quels sont les succès que vous avez enregistrés dans la mise en œuvre de l’action du gouvernement ?
Merci beaucoup ! Comme vous le savez, lorsqu’un nouveau gouvernement est mis en place, la première priorité c’est d’établir une feuille de route pour les cent premiers jours. Nous avons établi cette feuille de route pour les cent premiers jours, et de cette évaluation il est apparu que l’ensemble des actions que nous avons prévu a été exécuté à 90%. Au titre de ces activités, conformément à ce que la Déclaration de Politique Générale a prévu, sur chacun des sept axes, il y a eu des progrès. Quand je prends l’axe sécurité, vous avez pu constater ce qui s’est passé. Nous allons y revenir plus en détail. Le niveau de sécurité s’est nettement amélioré.
Quand vous prenez l’axe gouvernance, la priorité a été de mettre en place les institutions qui ont été nouvellement élues, notamment l’Assemblée Nationale, les Conseils régionaux, les communes, ainsi que la présentation de la Politique Générale du Gouvernement. Tout ceci a été exécuté. Quand vous prenez l’axe agriculture, l’objectif est de préparer la campagne agricole, et c’est ce que nous avons fait.
Sur l’axe capital humain, il fallait effectivement confirmer et annoncer les changements majeurs que le Président de la République compte apporter en particulier à la politique éducative et ceci a été fait notamment par la réunion qu’il a organisée avec tous les acteurs du secteur de l’éducation. En ce qui concerne l’axe promotion des investissements et axe infrastructure, également des chantiers emblématiques ont été démarrés notamment le pipeline pour l’exportation du pétrole brut, la relance des travaux au niveau de Kandadji.
Quand vous prenez aussi l’axe inclusion sociale, là également nous avons mis en œuvre le plan de soutien aux populations comme chaque année en cette période où il y a une soudure entre l’ancienne récolte et la nouvelle récolte. Nous avons mis en œuvre l’axe inclusion à travers notamment la vente à prix modéré, la distribution des aliments pour bétail, la distribution des semences, ainsi que la distribution gratuite des vivres aux populations ciblées.
Voilà donc, dans l’ensemble on peut dire que le début de la mise en œuvre de cette Déclaration de Politique Générale a été très positif et une réussite.
Excellence vous avez parlé des résultats positifs qui ont été enregistrés, mais je suis sûr qu’il y a eu aussi quelques difficultés. Quelles sont les principales entraves que vous avez rencontrées dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale pendant ces trois premiers mois?
On ne peut pas à proprement parler d’entraves. Mais nous pouvons parler en termes de défis. Le défi auquel nous sommes confrontés, c’est celui de la restructuration des différents ministères. Comme vous le savez, le nouveau gouvernement a été réduit comparé au gouvernement précédent, et beaucoup de ministères ont été jumelés. Et donc compte tenu de cela, il fallait reprendre tous les textes organiques et renommer les différents responsables. Cela a été un défi majeur auquel nous avons été confrontés.
Le deuxième défi majeur auquel nous avons été confrontés, c’est celui relatif à la rareté des ressources. Nous sommes en une année électorale, et généralement au cours d’une année électorale il y a beaucoup d’attentisme. Les opérateurs économiques, tout le monde attend de voir le nouveau gouvernement. Donc les prévisions des recettes qui avaient été faites, par le gouvernement précédent n’avaient pas été totalement atteintes.
Le troisième défi, toujours en lien avec celui-là, c’est du fait que les procédures financières ne permettent pas de faire des dépenses sans que le budget n’ait été remanié. Donc il fallait préparer un collectif compte tenu de la restructuration des ministères et là un certain nombre de dépenses ont dû attendre le réaménagement du budget et l’approbation du collectif.
Enfin, comme vous le savez, nous sommes dans une situation sécuritaire et une situation de pandémie de COVID 19. Tout cela constitue des défis auxquels nous avons été confrontés. Malgré ces défis là nous avons pu trouver notre chemin et nous avons pu réaliser un certain nombre d’actions prioritaires au cours de la période indiquée.
Parlant de défis, il y a la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics qui est un chantier sur lequel le Président de la République est particulièrement attendu. Comment votre gouvernement s’investit-il pour relever ce défi ?
Effectivement, comme vous l’avez dit, le Président de la République accorde une grande priorité à la lutte contre la corruption. Il l’a annoncé dans son programme de campagne, il l’a annoncé dans son discours d’investiture, et de façon très ferme et très claire. Dans la Déclaration de Politique Générale, j’ai également repris cet engagement du Président, en disant que nous allons faire en sorte que toutes les institutions en charge de la lutte contre la corruption soient redynamisées et que la justice soit renforcée dans ce domaine.
Donc pour pouvoir aborder cette question, nous avons essayé de faire un état des lieux. L’état des lieux consiste à regarder qu’est-ce que nous avons sur le plan institutionnel, comme institutions en charge de la lutte contre la corruption. Et elles sont nombreuses. Nous avons d’abord, la Cour des Comptes, qui est l’institution la plus élevée; nous avons la HALCIA, l’Inspection Générale d’Etat, l’Inspection Générale des Finances, la CENTIF pour ne citer que ceux-ci. Donc nous avons les instruments qu’il faut. En plus de ces instruments, nous avons les textes.
Au niveau des textes, nous avons les textes internationaux, régionaux, et sous régionaux auxquels le Niger fait partie. Et le Niger a ratifié tous ces textes. En plus de cela, nous avons les textes nationaux. Et au titre de ces textes nationaux qui ont été adoptés par l’Assemblée Nationale et par les différents décrets, il y a tous les textes qui ont mis en place toutes ces différentes institutions avec leurs missions et leurs attributions. En termes de textes, quand on fait une comparaison avec les autres pays de la région, nous sommes nettement en avance.
Alors la question est de se dire que, puisque nous avons les structures qu’il faut, nous avons les textes qu’il faut, qu’est-ce qui fait que la lutte contre la corruption traine ? Pourquoi il n’y a pas les résultats que le peuple espère en matière de lutte contre la corruption ? Et dans ce sens, il faudrait voir la corruption en deux aspects. Il y a d’abord la perception parce que très souvent c’est une question de perception. Comment les citoyens perçoivent-ils le fonctionnement de notre administration? Est-ce qu’ils pensent que c’est une administration corrompue ou autre? Et par rapport à cela il y a des indicateurs et un suivi au niveau international. Et fort heureusement, quand on analyse de 2011 à ce jour, le Niger a fait beaucoup de progrès.
Notre pays a gagné des rangs extrêmement importants en matière de lutte contre la corruption. Bien entendu, ce n’est pas l’occasion de se reposer, il faut aller de l’avant. Et pour confirmer l’engagement du Président de la République, nous avons tenu un certain nombre de réunions au niveau du gouvernement pour faire le point de l’état actuel de la situation et des actions à entreprendre.
Ensuite nous avons tenu récemment une réunion présidée par le Président lui-même, au cours de laquelle il a donné des directives claires. Ces directives, c’est d’abord de donner plus de moyens aux structures en charge de la lutte contre la corruption; que ça soit des moyens humains, que ça soit des moyens financiers. Parce que toutes ces structures se sont plaintes du fait qu’elles n’ont pas assez de moyens. En ce qui concerne les moyens humains, il y a aussi le problème de la qualification; et on avait convenu qu’il faut renforcer la qualification de ces moyens. Il y a aussi le fait qu’au niveau notamment de la HALCIA, elle avait élaboré un plan stratégique de lutte contre la corruption, qui est composé à la fois avec des actions de sensibilisation, mais aussi des actions de vérification, de contrôle et de répression. Ce plan va être réactivé et mis en œuvre.
Au niveau de la Cour des Comptes, elle établit des Rapports chaque année; ce qui a manqué, c’est le suivi des recommandations de la Cour des Comptes. Là le Président a été ferme, nous devons faire un suivi de toutes les recommandations de la Cour des Comptes et lui rendre compte. Enfin au niveau de la Justice où les gens ont déploré une certaine lenteur par rapport aux dossiers qui sont en instance, là également des instructions ont été données pour que le traitement des dossiers soumis à la justice soit accéléré.
Comme vous le savez la HALCIA, lorsqu’elle élabore un dossier et qu’elle voit qu’il y a matière à poursuite, elle transmet directement à la justice sans passer par qui que ce soit, et il en est de même de la Cour des Comptes lorsqu’elle constate qu’il y a des faits flagrants elle peut prendre des décisions. Donc je peux dire que dans le cadre de la lutte contre la corruption, le gouvernement a pris le taureau par les cornes et vous verrez qu’il y aura beaucoup d’actions et beaucoup de résultats au cours de ce quinquennat.
Monsieur le Premier ministre, il y a des dossiers précis sur lesquels les Nigériens attendent le gouvernement. Je fais allusion aux grands dossiers comme celui du Ministère de la Défense Nationale et l’affaire dite de ‘’Ibou Karadjé’’. Où en sommes-nous par rapport à ces dossiers ?
Evidemment, ça ce sont des dossiers qu’on peut appeler des dossiers très emblématiques pour lesquels le gouvernement accorde une grande attention. En ce qui concerne le dossier MDN, comme vous le savez ce dossier est venu d’un audit commandité par le Président de la République de l’époque. Si le Président de la République a commandé une inspection, ce n’est pas pour que le dossier soit mis au tiroir; c’est pour que s’il y a des faits qui sont révélés que des actions appropriées puissent être entreprises. S’agissant de ce dossier, il a été transmis à la justice. Et donc s’agissant d’un dossier qui est à la justice, nous n’avons pas de commentaire particulier comme vous le savez c’est interdit par la loi. Mais le dossier est à la justice et il suit son cours.
En ce qui concerne le dossier Ibou Karadjé, là également c’est la même chose. C’est le Président de la République qui a demandé à l’Inspection d’Etat, lorsqu’ils ont eu vent de cette affaire, de vérifier ce dossier. L’Inspection d’Etat a fait son Rapport, le Procureur a été saisi, la Police a été saisie pour investigation. Il s’est avéré qu’il s’agit d’un individu qui a imité des signatures, fabriqué des faux cachets pour faire des opérations au niveau du ministère des Finances. Là aussi le dossier a été transmis à la justice. Tous ses complices ont été identifiés, et la justice suit son cours. Je ne rentrerai donc pas plus dans les détails des faits.
De toutes les façons, comme vous avez vu à travers les journaux, de plus en plus, la vérité commence à sortir. J’ai vu les dernières informations sorties des journaux, certainement des journalistes qui ont eu accès au rapport d’investigation de la Police, et qui confirment que toutes les signatures ont été imitées, et tous les cachets des titulaires au niveau du ministère des Finances ont été fabriqués. Donc voilà ce que je peux vous dire sur ce dossier qui est également dans les mains de la justice. Donc la justice suivra son cours.
Monsieur le Premier ministre, vous avez tantôt parlé de la HALCIA. Pour les derniers examens scolaires, vous avez vous-même recommandé que la HALCIA s’implique dans l’organisation en vue d’en assurer une parfaite réussite. Etes-vous satisfait du résultat de l’implication de la HALCIA dans l’organisation des examens cette année?
Très satisfait ! Parce que cette année, je peux vous le dire qu’en ce qui concerne les examens, tout le monde est convaincu qu’il n’y pas eu de fuite; qu’il n’y a pas eu de fraude. Mêmes les fraudes les plus sophistiquées, on a pu les découvrir et les démanteler, notamment les fraudes via les réseaux sociaux. Nous avons mis en place des dispositifs qui permettent d’éviter que les sujets d’examen ne sortent avant qu’ils ne soient distribués dans les salles.
Et au cours de cette année, un certain nombre de fraudeurs ont été arrêtés et remis à la justice. C’est dire que dans l’ensemble, ces examens se sont bien passés. Et peut-être que c’est cela qui explique le faible taux de réussite qui a été enregistré au cours de ces examens. C’est le taux réel !
Bientôt les élèves et les étudiants vont reprendre le chemin de l’école, quelles sont les dispositions prises au niveau du gouvernement pour une bonne rentrée scolaire, mais aussi une année académique calme ?
Pour bien préparer une année académique, il y a d’abord des dispositions administratives à prendre. C’est celles qui concernent les nominations des différents responsables. Nous avons procédé à ces différentes nominations. Il y a aussi des dispositions matérielles à prendre notamment la mise en place des fournitures et des matériels pédagogiques. Il y a également des dispositions en ce qui concerne les infrastructures pour s’assurer que les élèves trouveront des classes dans lesquelles ils pourront étudier convenablement. Bref, toutes ces dispositions ont été prises.
En plus de ces dispositions, là où il y a des revendications en cours, un certain nombre de problèmes en instance, nous avons essayé d’y remédier. A titre d’exemple, en ce qui concerne le paiement des pécules des contractuels, nous avons veillé à ce que cela soit effectué correctement et sans retard. Au niveau des étudiants où il y avait un retard dans le paiement des brousses, nous sommes en train de rattraper ce retard pour que la rentrée se passe correctement.
Avec les Enseignant-chercheurs, il y avait tout ce litige qui porte sur le mode de désignation des responsables. Aujourd’hui, c’est chose faite parce que vous avez entendu le conseil des ministres où tous les recteurs ont été nommés; tous les doyens ont été nommés. C’est dire une fois de plus que toutes les conditions ont été prises pour que la rentée soit un succès. Mieux, nous allons veiller à ce que conformément à l’engagement du Président de la République, que des ressources additionnelles soient allouées aux ministères en charge de l’Education et de la Formation professionnelle. Et là également, vous allez le voir à travers l’annonce que le ministre des Finances va faire sur le nouveau budget 2022.
Parlant de l’engagement du Président de la République sur l’accès et le maintien des jeunes filles à l’école, comment cet engagement se traduit-il actuellement en acte?
L’engagement le plus emblématique, en ce qui concerne la scolarisation de la jeune fille, est celui qui consiste à construire des internats dans les collèges de proximité. S’agissant d’une opération nouvelle, il fallait commencer par des projets pilotes. C’est ainsi que trois écoles ont été choisies comme projet pilote: Kellé (dans la région de Zinder; Moujiya (région de Tahoua) et Dantchandou (région de Tillaberi). Ces trois écoles seront les projets pilote qui vont nous permettre d’ajuster la politique qui va être mise à l’échelle. Les bailleurs de fonds ont été sensibilisés et beaucoup se sont annoncés pour soutenir cette initiative d’internat pour les jeunes filles.
Mais, il n’y a pas que l’internat pour améliorer la scolarisation de la jeune fille. En effet, la première des choses à faire, c’est qu’elle ne soit pas très loin de ses parents en ce qui concerne l’éducation. C’est pour cela que nous allons mettre en place une politique de collège de proximité. Le ministère de l’Education est en train de travailler là-dessus. C’est-à-dire que dans les différents villages, on va créer des collèges. Pour que le collège de proximité soit une réussite, il faut rendre les enseignants beaucoup plus polyvalents de façon à ce qu’on puisse jouer sur l’effet du nombre. Par exemple, au lieu d’avoir six (6) professeurs dans un CEG, avec trois (3) professeurs, vous pouvez animer le collège en faisant en sorte que ces professeurs soient polyvalents et qu’ils enseignent trois ou quatre matières. Tout cela est en cours de préparation. Evidemment, il y a la sensibilisation des parents qui est aussi en cours et qui en train de donner de bons résultats. De plus en plus, comme le voit, le taux filles et garçons est en train de monter. Et notre objectif est d’atteindre la parité dans un avenir très proche.
Monsieur le Premier ministre, vous avez tantôt parlé de la situation sécuritaire qui est un des défis majeurs pour le gouvernement. Peut-on parler d’avancées dans l’évolution de la situation depuis que vous êtes aux commandes?
En matière sécuritaire, vous savez que notre pays est confronté à l’insécurité à différents endroits de ses frontalières. C’est d’abord au niveau du Lac Tchad avec Boko Haram; à l’ouest vous avez l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et les différents groupes terroristes, dans la région de Maradi, vous avez les bandits armés en provenance du pays voisins. Tous ces différents groupes ont pour objectif de pouvoir rentrer à l’intérieur de notre pays et de s’installer de façon durable. Aujourd’hui, notre stratégie consiste à empêcher à ce qu’aucune portion de notre territoire ne soit contrôlée par aucun des groupes armés. Dans cette optique, nous sommes en train de dérouler un programme au premier axe qui consiste à mener une lutte sans merci contre les groupes armés.
Le deuxième axe consiste à renforcer nos Forces armées en moyen matériel; humain et en formation. Le troisième vise à assurer le relèvement au niveau des populations en renforçant les infrastructures sociales et en accompagnant les populations qui ont été victimes de ces groupes armés terroristes. Aujourd’hui, force est de reconnaitre que dans le cadre de la mise en place de ces différents axes, nous sommes en train d’enregistrer de succès.
En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, plusieurs opérations sont en cours sur le terrain notamment dans la région de Tillaberi (l’opération Almahaou; l’opération Sarki dans la zone du Liptako) au niveau du Nord Tahoua (l’opération Tchaara). Dans le cadre de ces opérations, nous avons réussi à neutraliser des centaines de terroristes et aujourd’hui, les groupes armés sont dans une situation où ils ne peuvent s’attaquer qu’aux populations civiles désarmées. Ils ne peuvent plus attaquer de façon massive nos forces armées sauf de fois certaines cibles isolées. En effet, du point de vue régional, nous avons la force conjointe G 5 Sahel dans la zone de trois frontières où nous menons le combat avec les autres pays membres de cette organisation, mais également avec le soutien des autres pays amis. Cette expérience de mutualisation de forces est un grand succès.
Il en va de même, en ce qui concerne la région du Lac Tchad où nous avons la force mixte multinationale composée des Forces du Tchad; du Nigéria; du Niger et du Cameroun. Là aussi, cette mutualisation des Forces permet à nos forces d’enregistrer plus de succès puisque nous partageons l’information par rapport au mouvement des terroristes. C’est ainsi que dans la région de Diffa, toutes les tentatives d’attaque de la ville de Diffa ont échoué. L’ennemi a encaissé beaucoup de pertes que cela soit du fait de nos militaires ou du fait des militaires des forces alliées.
De ce côté, on peut dire que c’est grand succès. Avec l’aide de nos partenaires en ce qui concerne l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), pratiquement toute la tête a été décapitée, tous les grands leaders ont été neutralisés soit suite aux opérations menées conjointement avec la Force Barkhane et les Forces armées nigériennes ou entre la Force barkhane et les Forces armées maliennes. Evidemment, s’agissant d’un ennemi qui utilise des méthodes qui ne sont pas orthodoxes, on a toujours de temps en temps des actions contre les populations civiles à travers notamment la pose d’engins explosifs qui défraie un peu l’actualité. Mais ce que je peux dire, c’est que l’ennemi est en perte de vitesse.
L’ennemi est en perte de vitesse, on peut dire donc qu’il n’y a pas enlisement dans cette région. Mais avec le départ de la coalition internationale qui a mené la guerre contre le terrorisme en Afghanistan, est-ce que cette situation ne pourrait pas avoir d’implication dans le Sahel?
S’il y a une implication, elle ne peut être que positive puisqu’aujourd’hui la coalition internationale a laissé l’Afghanistan. Ce qui leur donne la possibilité de s’intéresser à d’autres terrains d’opération dans le bon sens. Lorsque la coalition quitte l’Afghanistan, c’est qu’elle considère que sa mission a été accomplie. Sa mission était de détruire les groupes qui étaient à la base des attentats contre les Etats Unis. L’objectif de cette mission n’était pas de rester contrôler le pays.
En ce qui concerne notre région, nous avons effectivement souhaité à ce que la communauté internationale puisse s’intéresser davantage à notre région parce que le terrorisme est international. Lorsqu’on parle de Al-Saharaoui, ce n’est pas un Nigérien; ni un Malien. Il y a des vases communicants où des terroristes viennent des pays lointains pour combattre chez nous au Sahel. C’est tout à fait normal que ce terrorisme qui a pour objectif de pouvoir créer un Etat Islamique dans notre région puisse être combattu et que son objectif ne soit pas atteint.
Et pour cela, le soutien de la communauté internationale est extrêmement important. C’est vrai qu’à l’heure actuelle, les gens ne voient pas les soldats étrangers en train de courir à gauche, à droite, mais je peux vous dire que le travail que la communauté internationale fait en matière de renseignement est extrêmement important. Et nous pensons qu’avec le retrait de toutes ces forces-là d’Afghanistan, c’est peut-être l’occasion qu’une attention plus particulière, plus positive soit portée sur les Etats du Sahel.
Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement s’est également engagé en faveur de la préservation et la promotion de la quiétude sociale au Niger. Qu’est-ce qui a été fait dans ce sens et quelles sont les dispositions prises dans ce sens ?
Pour assurer la quiétude sociale, le premier élément est le dialogue. Ce dialogue le Président de la République, Chef de l’Etat SE Mohamed Bazoum, le veut et il l’a affirmé. Ila rencontré tous les partenaires notamment les syndicats, les groupes constitués. Le Président de la République les a rencontrés avant de leur réaffirmer sa disponibilité pour le dialogue. De même en ce qui me concerne, j’ai exprimé aux différents syndicats et aux partenaires ma disponibilité au dialogue. Nous faisons la promotion du dialogue au niveau de tous les ministères.
Au niveau intercommunautaire, nous faisons également la promotion de dialogue à travers la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix. Le Président de la République ayant pris part aux activités de la Cure Salée, a mis à profit cette rencontre pour réunir les Chefs traditionnels de la région et exprimer ses attentes vis-à-vis du dialogue et la cohabitation pacifique des populations. C’est un aspect auquel nous accordons d’importance.
De même, en ce qui concerne les partis politiques, nous avons toujours affiché notre volonté au dialogue. Nous sommes ouverts au dialogue, nous n’attendons que ces partis politiques pour instituer ce dialogue pour que nous puissions marcher ensemble. La Constitution a prévu un statut de l’opposition, nous sommes prêts pour que le statut de l’opposition soit mis en œuvre. Encore faut-il savoir ce qu’est l’opposition, puisse que pour le moment certains considèrent qu’ils sont élus alors que le Président de la République est en place. Lorsque toute cette équation va être levée, je reste convaincu que le leader de l’opposition aura sa place et il sera parmi les autorités comme il le faut.
En ce qui concerne le dialogue politique, là également c’est une institution comme vous savez qui existe où tous les partis se retrouvent. Nous allons veiller à ce que cette institution soit redynamisée sous réserve que les partis ayant l’habitude de boycotter cette institution ne la boycottent pas. L’un dans l’autre, je peux vous dire que notre gouvernement fait la promotion de dialogue en vue de la quiétude sociale. Nous avons également la fête de la concorde qui est célébrée le 24 avril de chaque année. Nous avons pris des engagements que désormais cette fête sera fêtée au niveau national pas simplement dans le Nord du pays, mais sur le plan national à partir de 2022. C’est aussi une manière de renforcer le dialogue et cette concordance au niveau national.
L’Administration publique nigérienne, il ne faut pas se voiler la face, traine des tares qui se ressentent malheureusement sur ses performances. En tant que Chef du gouvernement, quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour remédier à cet état de fait?
Pour faire bien fonctionner une administration, c’est d’abord les ressources humaines, et ensuite les ressources matérielles et financières, les procédures et le contrôle. Nous sommes conscients des insuffisances de notre administration actuelle. C’est dans ce cadre que nous avons mené des enquêtes à travers le Haut-Commissariat à la Modernisation de l’Etat afin d’essayer comprendre le problème. En effet, le problème qui apparait en rapport avec le problème général de l’éducation révèle des insuffisances de classification au niveau de nos cadres. Nous avons pris l’engagement de renfoncer les compétences de ces cadres à travers des actions de perfectionnement. Il a été également relevé le problème même de la carrière des cadres. Il est ainsi prévu que les cadres les plus compétents puissent être récompensés et promus. Le Président de la République a, à cet effet donné des instructions très claires.
Malgré la situation politique que vous connaissez, le Chef de l’Etat a dit qu’il faut contribuer pour dépolitiser l’administration, notamment dans certains secteurs. En matière d’éducation, le Président de la République a été clair pour que toutes les nominations soient faites sur la base des compétences. Dans le domaine de la santé vous avez suivi les nominations qui ont été faites, je ne pense pas que quelqu’un puissent dire que les médecins qui ont été nommés l’ont été sur des considérations politiques. Nous avons veillé pour que le ministre de la Santé puisse nous proposer les médecins les plus compétents. Cette pratique va se poursuivre à tous les niveaux. Pour ce qui est des moyens matériels, nous allons veiller à ce que l’administration ait les moyens de fonctionner.
Comme je l’ai dit, une bonne administration c’est d’abord les procédures et leur respect. Tout à l’heure, nous avons parlé de la lutte contre la corruption, il ne s’agit pas seulement de la lutte contre la corruption, il faut aller au-delà en s’attaquant à la question de détournement des deniers publics, il faut aller à la lutte contre l’inefficacité de l’administration. Chaque ministère est doté des inspecteurs de service, et habituellement les gens ont tendance à penser que les inspections des services sont des garages. Désormais, ce ne sera plus ainsi ! Les fonctionnaires vont désormais avoir peur des visites des inspecteurs des services. Les inspecteurs seront dotés des moyens et de la considération qu’il faut et d’un cahier de charges au niveau de chacun des Ministères afin de rendre compte du suivi qu’ils font de ses agents sur le terrain. Nous avons aussi les inspections de contrôle. Au-delà des inspecteurs de services, j’ai parlé des autres institutions tout à l’heure dont les moyens vont être renforcés et les carrières sécurisées. Par rapport à la redynamisation de l’administration, nous avons tout un plan que nous allons dérouler.
Parlons économie, le Niger a été un grand réformateur, on a beaucoup parlé de Doing Business où le Niger a engrangé tous les succès. Comment comptez-vous consolider ses acquis et surtout attirer davantage des investisseurs au Niger?
Dans l’un des axes de la Déclaration de Politique Générale, nous avons parlé de la promotion du secteur privé et des investissements productifs. C’est l’investissement qui fait la richesse d’un pays, le manque d’investissement empêche un pays de s’enrichir. Pour qu’il ait investissement il faut à la fois sécuriser les investisseurs nationaux, mais aussi attirer les investisseurs extérieurs. C’est vrai que notre pays a fait des progrès importants en matière de Doing Business, nous avons gagné 44 rangs dans le classement international. Mais nous allons continuer. Récemment nous avons tenu un forum avec les investisseurs pakistanais. Nous avons d’autres forums en perspectives notamment le forum des investisseurs concernant l’ensemble du continent africain au Niger en relation avec l’ONUDI.
Nous sommes convaincu que cela est la voie et dans le Plan de Développement Economique et Social en cours de préparation, une place de choix sera accordée au secteur privé. Dieu merci, les prémices ont commencé à sortir. Nous devons faire en sorte, bien que nous soyons un pays enclavé, que nous pouvons bénéficier de nos atouts et nous en avons. D’abord quand on compare à l’ensemble des pays qui nous entourent, nous sommes un pays relativement stable, relativement en paix. Nous sommes aussi un pays situé entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au Sud du Sahara, c’est un atout indéniable. Si nous arrivons à faire en sorte que nous puissions commercer avec le Nord et le Sud, le Niger sera certainement une plate-forme où tous les investisseurs vont accourir. De plus, nous avons un potentiel minier et pétrolier que nous allons mettre en exploitation très bientôt. Tout cela va concourir à faire en sorte que notre pays soit courtisé sur le plan investissement.
Dans le même cadre, quel changement peut-on espérer de la dernière visite d’une délégation de la Société Financière Internationale au Niger?
Comme vous savez, la Société Financière Internationale (SFI) accompagne les investisseurs privés et nationaux dans le développement de leurs affaires. Elle accompagne les Etats dans le montage et la mobilisation des ressources pour le financement des grands projets. Il se trouvait que le Niger ne dispose pas de bureau de la Société Financière Internationale. Elle opérait à partir des pays voisins notamment le Sénégal et le Ghana où elle avait ses bureaux. Cette fois, un bureau est ouvert au Niger avec un personnel qui est déjà mis en place.
Cela veut dire que la SFI s’intéresse au Niger et l’accompagnera dans la promotion de l’investissement. Cette visite du Vice-président de la SFI est un fait très important sachant que nous sommes l’un des premiers pays qu’il a visité depuis sa nomination. Il tient à ce que le Niger soit un pays modèle en matière de rapport avec Société Financière Internationale qui a déjà démarré certains chantiers. Elle est notamment sur le dossier d’énergie photovoltaïque où elle est en train de préparer un accompagnement pour la réalisation d’une centrale de 50 Mégawatts à Gorou Banda.
Monsieur le Premier ministre, tous ces éléments que vous venez de développer attestent du fait que le Niger jouit d’un réel crédit aux yeux des investisseurs et des partenaires. Nous-en voulons pour preuve la dernière opération d’émission des bons obligataires lancée par le trésor public national qui devait s’étendre sur trois semaines, mais qui a été conclue en moins de trois heures. D’autre part, des experts ont cité le Niger parmi les économies les plus performantes de la sous-région. Quelle lecture faites-vous de cette situation favorable pour notre pays?
Vous avez raison, nous avons réussi à mobiliser en quelques heures un financement de 350 milliards FCFA. C’est important de mobiliser en si peu de temps une telle ressource. Je voudrais dire ici que la crédibilité du pays s’apprécie d’abord sur le plan politique. Le Niger est de tous les pays de la sous-région, celui qui a le mieux réussi sa transition politique. Nous avons organisé des élections qui ont été considérées comme des élections crédibles à tous les niveaux. Nous avons réussi à faire l’alternance où un Président élu a passé le témoin à un autre Président élu. Quand vous regardez dans la sous-région, c’est un phénomène un peu rare.
En plus de cela, sur le plan économique, malgré la Covid-19 nous sommes en train de réaliser une croissance économique appréciable. Et des perspectives aussi de croissance économique sont très bonnes. Ce sont ces éléments qui guident les investisseurs qui savent en donnant des prêts au Niger, il est en mesure d’honorer ses engagements. Du reste notre coefficient d’endettement est nettement en dessous de la norme régionale. La norme consiste à ne pas dépasser 70% du produit intérieur brut. Nous sommes à 40%, ce qui veut dire que nous avons une politique d’endettement prudent, malgré que tout ce que nous avons eu à réaliser comme investissement.
De plus, nous avons des bons rapports avec le Fond Monétaire International qui est le gendarme économique du monde, c’est-à-dire qu’il apprécie les réformes que nous sommes en train de mener ainsi que notre mode de gestion économique et financière. Il a apprécié également le résultat que nous avons atteint. Dans des conditions comme ça lorsque les banques et les autres investisseurs veulent placer leur argent, ils vont vers un pays qui remplit ces critères de crédibilité, et le Niger est un pays crédible avec des perspectives de croissance de 8% sur le prochain quinquennat.
Vous évoquiez dans votre introduction, la contre-performance des régies financières. Votre gouvernement a donné des nouveaux objectifs aux régies financières pour la mobilisation des ressources internes. Quelles sont les réformes qui ont été engagées dans ce sens ?
En ce qui concerne les régies financières, les réformes que nous avons engagées, consiste à aller vers la digitalisation et la simplification des procédures mais également d’éviter que l’argent circule entre les agents des impôts et les contribuables. Ainsi, nous sommes en train de mettre en place un système de suivi des impôts et des contribuables. Ce suivi permet aux contribuables, par exemple, concernant la Direction Générale des Impôts, de pouvoir faire leurs déclarations en ligne, de pouvoir payer directement dans le compte bancaire du Trésor National, sans être obligés de venir à la DGI.
De même en ce qui concerne la Douane, nous sommes en train de mettre en place un système, qui permet également aux opérateurs économiques de pouvoir faire leurs déclarations de douane, directement, sans aussi être obligés de venir aux bureaux de douane. En plus de cela, il y a évidemment toute la lutte contre les différentes fraudes possibles.
Dans ce sens, toujours concernant le Douane, nous avons le système d’interconnexion. Interconnexion d’abord avec les différents ports de la sous-région, que çà soit celui d’Abidjan, de Lomé, de Cotonou, mais également interconnexion entre les différents services. C’est à dire que les démembrements de la Douane vont être connectés à la Direction centrale. Toujours à la Douane, nous avons le système SYDONIA, pour faire en sorte que dès qu’une valeur est entrée, elle ne peut plus être modifiée au niveau du taux et la valeur. Donc, le douanier est obligé de savoir que ce qui a été mis et enregistré dans le système ne plus être changé.
C’est la même chose en ce qui concerne les impôts. Le système que nous avons mis en place, va nous permettre d’éviter les possibilités de fraudes et cela notamment avec la mise en place de la facture certifiée. C’est une facture normalisée. Par le passé, les gens avaient tendance à collecter la TVA et à ne pas la déclarer ou la reverser. Mais avec la nouvelle facture certifiée et normalisée, ils ne le pourront plus. Tout celui qui perçoit une TVA est obligé de la reverser aux impôts. Ainsi, il y aura moins de fraude donc il y aura par conséquent beaucoup plus de performance de nos régies financières.
N’y a-t-il pas nécessité à ce niveau de mieux communiquer pour sensibiliser les opérateurs économiques et les Chefs d’entreprises sur le fait qu’ils ont perçu cette TVA au nom de l’Etat et qu’ils doivent la reverser à la DGI ?
Comme vous le savez, la vertu n’est pas la chose la mieux partagée. Donc, il ne s’agit pas simplement de sensibiliser, les gens le savent bien. Ils savent bien que s’ils perçoivent quelque chose qui ne leur appartient pas, ils doivent le rendre. Çà c’est classique ! C’est comme quand on vous dit qu’il est interdit de voler. Çà, tout le monde le sait, pourtant il y a toujours des gens qui continuent de voler. Nous pensons qu’il faut faire en sorte que le contribuable ne soit pas dans une situation où il peut le faire, en prenant les dispositions pour que justement qu’il ne le fasse pas, qu’il le désire ou non. C’est cela l’objectif de ces différentes réformes.
On a quand même l’impression qu’il y a une sorte de précipitation à travers l’instauration de ces moyens technologiques dans le système de mobilisation des ressources internes, surtout quand on sait que notre économie est dominée par l’informel. Comment ce volet sera-t-il pris en compte dans cette réforme ?
En fait, il n’y a pas eu de précipitation dans ce projet, parce qu’il a commencé depuis l’année dernière. Nous allons maintenant mettre l’accent sur la communication. Le ministre des Finances et le Directeur Général des Impôts vont communiquer sur ces questions, pour que les opérateurs économiques soient bien informés et bien imprégnés du système et qu’ils puissent se rendre compte que c’est incontournable. Du reste, le Niger n’est pas le seul pays à expérimenter cette facture certifiée et normalisée. Beaucoup d’autres pays sont dans ce système. Aussi, comme le Niger, tous ces pays ont des secteurs informels.
Pourquoi faudrait-il que le Niger lui, va continuer à s’enfoncer dans l’informalité. Nous pensons qu’il faut que, petit à petit, qu’on puisse émerger, qu’on puisse sortir de cette situation, pour avoir des opérateurs économiques crédibles et transparents. L’impôt qu’ils perçoivent en termes de TVA, ce n’est pas pour eux. Ils collectent la TVA avec les consommateurs, pas pour la garder mais plutôt pour la reverser au Trésor National. Ils ne peuvent pas et ne doivent en aucun cas la garder pour eux-mêmes. C’est du vol ! En ce qui nous concerne, nous allons tout faire pour que cette perte de recettes disparaisse.
Parallèlement à ces réformes, le gouvernement est en train de s’activer pour mettre en œuvre des grands projets structurants, tels que la construction du pipeline Niger-Benin, pour l’exportation du pétrole brut, la poursuite du projet Kandadji et même la construction de centrales thermique et photovoltaïque, dans plusieurs régions. Où en êtes-vous par rapport à ces grandes attentes du peuple nigérien ?
Concernant le projet pétrolier, une société du nom de ‘’WAPCO’’, créée entre le Niger et l’entreprise chinoise CNPC et qui est chargée de construire ledit pipeline, d’une longueur d’environ 2.000 kms, qui doit relier le Niger au Bénin, a débuté ses travaux. Il y a eu le lancement au Bénin et au Niger. Concernant le Niger, au-delà de la plateforme de départ au niveau d’Agadem, déjà un tronçon de 70 kms a été mis à la disposition de la société pour commencer les tranchées et pour le reste du trajet, nous sommes en train de discuter avec les différents propriétaires terriens, pour établir le processus d’indemnisation, afin que les travaux puissent se poursuivre sans entrave. Donc, le travail a réellement commencé avec l’objectif que tout soit fini en 2023. C’est la même chose du côté béninois, le travail a également démarré. Ils ont déjà reçu un premier bateau d’équipements, un deuxième bateau est aussi arrivé, toujours concernant ces équipements. Certes la pandémie de la Covid-19 a un peu ralenti les travaux, mais maintenant ces travaux ont repris et la situation est très active sur le terrain.
Concernant le barrage de Kandadji, là également le projet a été un peu handicapé par la Covid-19, maintenant les travaux ont redémarré. Il y a eu le départ de l’Ingénieur-Conseil, suite à la pandémie, mais un nouveau a été recruté. Il se trouve actuellement sur le terrain, donc les travaux ont repris concernant surtout le génie civil. Tout le financement est pratiquement bouclé. Nous actuellement à 19% du taux d’avancement des travaux, ce qui montre, qu’à même qu’on avance.
Par rapport au secteur énergétique, nous avons mis en service la centrale de Goudel, qui nous a permis de passer le cap de pic de demande de la région de Niamey, sans beaucoup de coupures cette année. Nous avons un projet de construction d’une centrale solaire de 50 Mgw à Gorou-Banda et c’est la Société Financière Internationale (SFI) qui nous accompagne dans ce projet. L’appel à qualification est déjà lancé pour que les entreprises qui se sentent capables puissent postuler. Nous avons également d’autres projets de centrales de plus petites dimensions, notamment à Dosso, à Maradi et à Agadez. Celle d’Agadez est actuellement en cours de construction et tout se passe bien. L’Agence Nationale d’Electrification Rurale (ANPER), qui a reçu beaucoup de financements est entrain de lancer des appels d’offres pour l’électrification des plusieurs villages isolés. Dans l’ensemble, on peut dire qu’actuellement tout avance normalement.
Avec les fortes précipitations enregistrées dans plusieurs localités, cette année, provoquant des inondations avec de nombreuses victimes. Quelles sont les mesures que vous avez eu à prendre pour faire face à cette situation?
En début de la saison des pluies, nous avons mis en place un plan de contingence, sur la base de ce qui s’est passé l’année dernière, pour ne pas être surpris comme par le passé. Ce plan de contingence consiste d’abord à mettre en place un système de veille, pour que partout, sur le territoire national, là où il y a des dégâts, que nous puissions être informé. Ensuite, que rapidement les secours d’urgence puissent être apportés aux populations, que cela soit en biens alimentaires ou non alimentaires. Il s’agit également de faire le point des importants dégâts qui ont été portés aux infrastructures, afin que des réparations y soient apportées.
Nous avons un grand projet, celui de gestion des catastrophes (PGRC), qui a les moyens d’intervenir. C’est d’ailleurs dans la cadre de ce projet que la digue de Niamey a été renforcée et réhabiliter les aménagements hydro-agricoles, qui ont subis des dégradations suite aux intempéries de l’année dernière. Cette année, il y a eu 40% de dégâts comparé à l’année passée. Environ 26.000 ménages ont été affectés, cette année contre 61.000 l’année dernière. Cette année, près de 200.000 personnes sont touchées par les inondations contre plus de 500.000 l’année dernière. Nous pouvons dire qu’il y a eu un meilleur suivi cette année et aussi moins de dégâts, que l’année écoulée et cela grâce à la mise en place du plan de contingence.
Monsieur le Premier ministre, quel pronostic faites-vous à l’état actuel sur l’issue de la campagne agricole en cours ?
En ce concerne la campagne agricole actuelle, en entendant une évaluation précise, qui sera faite par des missions ministérielles sur le terrain, nous pouvons dire que, cette année, la campagne a démarré un peu tardivement. Il y a certes eu beaucoup de pluies mais elles étaient mal reparties. Il y a aussi eu des attaques des ennemis de cultures (oiseaux, chenilles et criquets).
Cependant, dans l’ensemble, on peut dire que la campagne agricole se passe bien. Il y aura certainement des poches de déficits, suite à la sècheresse intervenue en cours du mois d’août, ainsi que des attaques des ennemis de cultures dans certaines zones. C’est seulement l’évaluation qui sera faite très prochainement, qui nous fixera et qui déterminera ce qui va se passer. Comme d’habitude, nous veillerons à ce que la campagne soit bien préparée, notamment en distribuant des intrants (semences, engrais) aux paysans.
Il est vrai que les prix des engrais ont été un peu élevés cette année du fait de l’incidence de la Covid-19, ainsi que de la mise en œuvre de la nouvelle politique des engrais, qui cible plutôt les producteurs que de faire la subvention globale. Dans l’ensemble, le pays a été bien approvisionné en engrais et en intrants, de manière générale, et les producteurs, eux-mêmes l’on confirmé. En somme, c’est l’évaluation qui nous dira quelle est la situation et quelles dispositions prendre.
Alors que la Covid-19 continue encore de faire peser sa menace, le choléra a aussi fait son apparition dans plusieurs régions du Niger. Comment est-ce que le gouvernement gère ces deux situations de crise sanitaire ?
En ce qui concerne la Covid-19, comme le savez elle fait l’objet d’un suivi permanent. Nous contrôlons strictement l’entrée de nos frontières. Que ça soit au niveau des aéroports ou des frontières terrestres, nous veillons à ce que les gens qui entrent soient munis de tests et nous les testons aussi à leur arrivée pour ceux qui viennent par la voie terrestre. Nous faisons le système de détection de telle sorte que la plupart des cas qui nous sont signalés sont des gens ou des migrants qui nous viennent d’ailleurs et nous les suivrons.
Dans l’ensemble la situation est bien suivie et aujourd’hui on peut parler du ‘’miracle nigérien’’ dans la gestion de cette pandémie grâce justement au dispositif que nous avons mis en place. A l’heure où je vous parle, il n’y a que trois (3) malades de Covid-19 qui sont hospitalisés. C’est vraiment un résultat fort appréciable. Sur le plan global, il y a, depuis le démarrage de la maladie, à peu près de 200 décès qu’on peut considérer comme liés à la Covid-19. Mais l’ensemble des maladies qui sont atteints sont guéries et le taux de létalité est à peine de 3%.
En ce qui concerne le choléra, il y a eu des foyers dans les régions frontalières notamment avec notre grand voisin du Sud, mais la plupart des malades sont venus de ce pays compte tenu probablement de la qualité de nos infrastructures sanitaires. En dépit de cela, le gouvernement a préparé la riposte. Aujourd’hui six (6) régions sont concernées. Si on fait le point des cas enregistrés, deux autres régions notamment Agadez et Diffa n’ont enregistré aucun cas. Le taux de létalité est également faible. Nous avons 3% des malades atteints du choléra qui sont décédés. 97% d’entre eux sont guéris et nous avons 3% à 4% qui sont en cours de traitement. C’est dire que la maladie est sous contrôle et le ministre de la Santé a déployé tous les efforts nécessaires, il a mis en place des dispositifs dans toutes les régions affectées. Les traitements sont disponibles et gratuits pour les populations.
Depuis quelque temps, certains de nos compatriotes ont tendance à comparer le président Mohamed Bazoum à son prédécesseur Mahamadou Issoufou. Comment vous appréciez ces commentaires ?
On ne peut pas empêcher aux gens de commenter. Je pense que les concernés eux-mêmes l’ont dit. Le président Bazoum et le président Issoufou sont des gens qui ont vécu ensemble pendant des années. Ils ont partagé un idéal commun pendant plusieurs décennies. Et aujourd’hui l’un est président de la République, l’autre lui a passé le témoin. C’est vrai que les individus sont différents en eux-mêmes, chacun a son style mais il ne faut pas que les gens considèrent qu’il y a une opposition entre les présidents Issoufou et Bazoum. A travers les médias, les gens veulent coûte que coûte créer une certaine dichotomie ou une sorte de conflit entre les deux hommes. Il n’y a absolument aucune zone d’ombre dans les rapports entre le Président Bazoum et son prédécesseur.
En ce qui concerne le style, comme je l’ai dit, chacun a son style propre et sa manière d’opérer. Mais si vous prenez le programme que nous sommes en train de mettre en œuvre, il s’appelle programme de renaissance Acte III. Ça veut dire que c’est une continuation du programme élaboré par le parti Depuis sa création, ce programme existe. Quand le parti est arrivé au pouvoir, il a mis en œuvre le 1er acte de ce programme, ensuite au 2ème mandat il a mis en œuvre l’acte II avec le Président Issoufou.
Aujourd’hui, nous sommes à la mise en œuvre du 3ème acte. Et ce n’est pas pour rien que nous avons appelé cet acte III ‘’Consolider pour avancer’’. Il s’agit donc de consolider les actions qui ont été réalisées sous les deux précédents mandats, des actions pour lesquelles les Nigériens étaient très satisfaits. Vous vous rappelez de ce slogan ‘’Kayi mun gani mun godé’’ où les Nigériens manifestaient à travers ce slogan leur satisfaction des actions menées par le Président Mahamadou Issoufou, que ça soit en matière de sécurité, que ça soit en matière de développement rural avec l’Initiative 3N, que ça soit en matière d’infrastructures ou en matière de promotion du secteur privé à travers Doing Business avec les efforts louables accomplis dans ce domaine. Il ne reste donc qu’à consolider et à avancer. C’est ça l’objectif et c’est ça que le président Bazoum voudrait faire, pas détruire ou remettre en cause ce qui a été fait comme certains le souhaiteraient. Ce qui a été fait relève du programme du parti et c’est le même parti qui est au pouvoir. Ce parti continuera avec son programme de renaissance dans la perspective de le consolider et d’avancer.
D’autres acteurs évoquent aussi la probabilité d’un rapprochement entre le parti Moden FA Lumana et le PNDS, pour ne pas dire entre le Président Bazoum et Hama Amadou. Qu’en diriez-vous à ce propos ?
Je pense que nous avons tous été éclairés par l’interview du secrétaire général de Lumana dans le journal ‘’L’Enquêteur’’. Il a clairement dit que Lumana ne négocie pas en cachette et que s’il s’agit de faire une alliance, ça sera vu au grand jour. Donc je ne peux que le citer. En ce qui nous concerne au PNDS, nous avons eu par le passé à nouer des alliances avec différents partis. Nous aussi, nous l’avions fait en plein jour, nous n’avons pas fait cela en cachette. Donc tout ce qui est dit sur cette question ne relève que des rumeurs.
Je peux vous le dire de par ma position en tant que membre du présidium du parti, il n’y a à l’heure actuelle aucune négociation entre le PNDS et Lumana. Je ne dis pas que c’est exclu, car avec les partis politiques, il y a toujours des possibilités d’alliances, mais pour le moment, il n’y a rien dans ce sens. Et quand le cas échéant cela se présentera, tout le monde sera au courant, car ça ne se fera pas en cachette. Le Secrétaire général de Lumana Maman Sani m’a précédé sur cette question et il a été très clair indiquant qu’il n’y a, à sa connaissance, aucune négociation entre les deux partis. Et à l’heure actuelle, qui mieux que le SG de ce parti est mieux indiqué pour parler de cette question ?
(Script : Rédaction ONEP)