
L’honorable Bachir Hambali, Chef de canton de Dioundiou
Du 15 au 20 février 2025, les Assises Nationales pour la Refondation du Niger se sont déroulées à Niamey. Ce forum a rassemblé l’ensemble des acteurs pour débattre de la nouvelle orientation du Niger. Ils étaient plus de 716 délégués, issus des huit régions du Niger et de la diaspora, à prendre part à ce rendez-vous historique, parmi lesquels les chefs traditionnels et les leaders religieux. Dans cet entretien qu’il nous a accordé juste après la clôture des assises, le chef de canton de Dioundiou, l’honorable Bachir Hambali, membre de la Commission Nationale des Assises Nationales pour la Refondation du Niger, a exprimé sa satisfaction par rapport aux décisions souverainement prises à l’unanimité par les délégués du peuple.
Honorable, vous avez participé aux travaux des Assises Nationales pour la Refondation du Niger qui ont pris fin le 20 février 2025, quelles sont vos impressions à l’issue de cet événement d’envergure nationale ?
Le peuple Nigérien a parlé à travers cette consultation. Il a exprimé ses légitimes attentes aux autorités. Le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a promis de mettre en œuvre les recommandations issues de ces assises. En plus, il a également invité les compatriotes instrumentalisés de revenir servir le pays au lieu de rester à l’extérieur, d’épouser les idéaux du CNSP, de s’aligner à l’objectif commun, celui d’un Niger nouveau.
Nous nous réjouissons d’avoir participé pleinement à cette importante rencontre qui a regroupé les filles et fils du Niger pour discuter des problèmes cruciaux du pays, notamment politiques, économiques et sociaux. Nous pouvons dire que ces assises se sont déroulées dans de bonnes conditions. Le moins qu’on puisse dire est que ces assises ont été une réussite totale. Les résultats de ces échanges traduisent l’expression de la volonté populaire.
Qu’il s’agisse de la durée de la transition ou de notre souveraineté sur nos richesses, c’est à l’unanimité que ces décisions ont été prises. Les sages, à savoir les chefs traditionnels et les leaders religieux, soutiennent à l’unanimité la vision impulsée par les autorités du CNSP. Nous saluons l’esprit démocratique qui a prévalu lors de ces échanges. Cette démocratie populaire qui s’est manifestée a permis aux citoyens d’exprimer librement leurs idées sans être inquiétés. Les participants ont fait des propositions et recommandations parmi lesquelles je peux citer la réforme du système monétaire actuel pour favoriser la croissance économique dans l’espace AES, la création d’une centrale nucléaire civile dans l’espace AES, la réhabilitation de certaines sociétés publiques et la priorisation de la réalisation des infrastructures d’intégration des pays de l’AES, la proposition de mécanisme de financement inclusif de grands projets de développement, la proposition des mesures de refondation des paysages politique, institutionnel et juridique, en matière de l’économie et du développement durable.
Selon vous, quelle est la portée de ces décisions ? En quoi peuvent-elles influencer le quotidien du Nigérien lambda ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous rappeler le contexte qui a prévalu lors de ces travaux. Les concertations se sont tenues en toute sérénité et dans le respect mutuel. C’est pourquoi, de manière consensuelle, nous avons élaboré des propositions que nous espérons, une fois mises en œuvre, auront des effets bénéfiques sur la vie des populations. Pour nous, ces décisions prennent en compte les préoccupations des populations. Contrairement aux autres rencontres organisées précédemment dont les résultats sont bien connus de tous, ces assises se distinguent par leurs approches inclusives et un débat sans complaisance.
En plus d’être inclusives, qu’est-ce qui fait la particularité de ces assisses ?
Ce qui nous a profondément marqué, c’est la transparence. En outre, personne ne s’est senti exclu. Certains citoyens ont participé directement, d’autres indirectement, via les plateformes numériques mises en place à cet effet pour donner leurs avis. Il s’agit du site web et de la ligne verte. Ces plateformes ont permis à chaque citoyen de participer en donnant son avis et faisant des propositions, recommandations ou suggestions qui seront prises en compte dans le rapport général.
Mieux, c’est dans un esprit démocratique que chacun a participé. L’objectif est de défendre l’intérêt du Niger et la promotion de nos valeurs et réalités socio-culturelles. Une nouvelle constitution sera élaborée. Celle-ci tiendra compte de nos réalités et nos valeurs. L’Islam reste la religion majoritaire mais les autres cultes sont là aussi. Il y aura une nouvelle Charte des partis politiques prévoyant un multipartisme contrôlé.
Qu’est-ce que vous entendez par la refondation ?
Celle-ci n’est pas théorique. Elle est surtout pratique. Ce sursaut patriotique incite les Nigériens au travail. Une véritable refondation nécessite un réel changement de mentalité et de comportement, tout en privilégiant le retour des Nigériens au travail. C’est cela qui va nous libérer et nous aider à acquérir notre autonomie. À ce sujet, l’agriculture, l’élevage et l’entrepreneuriat sont incontournables. Les potentialités sont là, partout dans notre pays. Il suffit d’agir. Exploitons nos terres. Tant qu’on n’atteindra pas l’autosuffisance alimentaire, l’on ne parlera d’aucune souveraineté, ou indépendance. Les jeunes qui sont formés ont le devoir de s’investir, de partager leurs expériences et savoir-faire avec les autres.
Ensuite, le Ministère de tutelle, à savoir le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, aura à continuer à accompagner cet élan. Dieu merci, cela est en train d’être fait à̀ travers le Programme Grande Irrigation. Cet effort doit être maintenu en vue de réduire notre dépendance alimentaire. C’est pourquoi, les participants ont préconisé la gestion rationnelle et durable des terres et des eaux, le développement de pôles agro-industriels, le développement des chaines de valeurs viande, lait, cuir et peau, l’accélération de la réalisation du barrage de Kandadji.
Ces derniers mois, les incursions et attaques terroristes se multiplient dans certaines localités du département de Dioundiou. Quel message aimeriez-vous transmettre à la communauté de cette zone ?
Nous avons constaté cette situation avec consternation. Nous invitons la population à faire preuve de prudence, de retenue et de vigilance. Nous sollicitons de la population de collaborer davantage avec nos Forces de Défense et de Sécurité en leur apportant le soutien nécessaire dans leur mission de sécurisation de cette région et au-delà, des frontières du Niger. Notre pays fait face à cette situation avec vaillance depuis plus d’une décennie. C’est pourquoi, nous exhortons une fois de plus la population à cultiver l’esprit du vivre ensemble, l’unité et la solidarité. Nous encourageons nos sages et les chefs religieux à poursuivre les prières pour le retour de la paix et de la sécurité dans les zones affectées. Nous demandons également à la jeunesse de ne pas écouter le discours de nos ennemis. Allions nos forces et restons unis, car c’est en agissant de concert que nous réussirons à contrecarrer ceux qui tentent de semer la division entre nous. Le chemin vers la paix et la stabilité est jalonné d’obstacles, mais nous avons foi aux stratégies et initiatives que nos autorités sont en train de mettre en œuvre, en partenariat avec les pays alliés, notamment ceux de la Confédération des Etats du Sahel. À notre avis, cela contribuera au bien-être des citoyens et permettra à nos pays de retrouver une paix durable.
Propos recueillis par Abdoulaye Mamane (ONEP)