Détenteur d’un Doctorat en Lettres, Arts et Communication avec la Mention, Littérature Africaine Contemporaine, Dr. Siddo Adamou est l’auteur du livre intitulé ‘’Droit de Veto’’. Le parcours de Dr Siddo Adamou va de l’enseignement au Collège en passant par le Lycée pour arriver à l’Université où il vient de commencer une carrière d’Enseignant-Chercheur au Département de Lettres, Arts et Communication à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Zinder. Ses travaux de recherche ont porté sur l’auteur nigérien Boubou Hama, une façon pour lui de promouvoir le travail exceptionnel de ce nigérien qui a fourni une masse critique sur l’Histoire des différentes sociétés nigériennes.
Vous venez de publier votre premier roman intitulé ‘‘Droit de Veto’’. Pourquoi ce titre pour le livre ?
« Droit de véto » est un roman qui retrace de manière assez palpable le quotidien de la jeunesse africaine. Il indique et touche de très près, leur lutte parfois à arme inégale contre la puissance de la tradition, les considérations socioculturelles d’un autre âge, la corruption des élites dirigeantes avec son corollaire, la gabegie, les passe-droits et ou le chômage des jeunes diplômés qui ne demandent simplement que de servir leurs pays. Ces situations constituent aujourd’hui les maîtres-mots de la gestion politique des pays africains.
‘‘Droit de Veto’’ est en effet, l’histoire d’une relation amoureuse comme on en rencontre partout dans nos sociétés. Il s’agit ici de la relation entre un jeune homme nommé Balo et sa petite amie Binta. Mais au bout du compte, les deux mères des deux protagonistes vont s’opposer de manière énergique à leur union. La mère de Balo s’est opposée à l’union de son fils à Binta à cause du caractère non national, (rire), on allait dire au fait que Binta est issue d’une origine « étrangère », elle ne voulait donc pas mêler son ‘’sang de noble’’ à un autre ‘’moins pur’’. Et de l’autre côté, la mère de Binta ne désire pas voir sa fille dans une union avec un homme à cause des antécédents dont sa grande sœur a été victime. Cette dernière a été trahie par son petit ami avec qui, ils ont organisé la dot, la « valise » et tous les accessoires du mariage. C’est cette opposition des deux mères des protagonistes que nous avons nommée ‘‘Droit de Veto’’.
Vous êtes présenté comme un des spécialistes du grand homme des lettres nigérien, que fut Boubou Hama. Pourquoi cette spécialisation ?
Notre travail en se portant sur l’œuvre de Boubou Hama vise deux objectifs :
Promouvoir le travail exceptionnel de ce Nigérien qui a fourni une masse critique sur l’histoire des différentes sociétés nigériennes (Haoussa, Peulh, Zarma-Songhoy, Touareg, etc.), une importante documentation sur les traditions orales nigériennes à savoir les contes, les légendes et les mythes et un travail minutieux en termes d’essais sur le destin du Nigérien et ou de l’Africain, une production romanesque assez riche sur l’imaginaire pour aider la mémoire africaine à se connaître ou tout au moins à se redécouvrir.
Notre intérêt s’est d’autant plus affirmé lorsque nous nous sommes intéressés à la philosophie de Boubou Hama axée essentiellement sur l’humain. En effet, Boubou Hama a pour objectif dans son œuvre de promouvoir, l’idéologie de l’humanisme. Pour Boubou Hama, tout doit se faire pour et par l’Homme et non cette condition à travers laquelle, tout l’écrase. Pour lui, aucun développement n’est possible, s’il ne prend en compte la dimension humaine.
Vous avez traité, dans votre roman des questions d’actualité brûlantes de votre pays, du continent africain et du monde. Parlez-nous de ces questions.
Nous sommes dans un monde où personne ne peut espérer vivre de manière isolée. C’est cette mondialisation qui nous a poussé à nous intéresser à la question africaine et ou mondiale qui va au-delà du simple espace nigérien, qui est juste un enclos colonial tracé d’ailleurs à la règle à la Conférence Berlin en 1884 par les puissances coloniales. Il s’agit cependant pour nous de traiter d’une mondialisation à visage humain où effectivement, l’Homme occupe toute sa place et son rôle en tant que maître et acteur de son développement et la prospérité de toutes les espèces.
Vous êtes aussi dans les luttes panafricaines en tant que Secrétaire à la communication de la Ligue Panafricaine LPU UMOJA. Selon vous, que faudrait-il pour promouvoir l’unité africaine ?
Pour rappel, la LPU UMOJA est une structure dont l’objectif est de promouvoir la solidarité et la prospérité entre les peuples d’Afrique, ceux du continent comme les Noirs de la Diaspora qui se retrouvent à travers le monde selon les contingences de l’Histoire. L’UMOJA-NGUYU désigne effectivement en Lingala, une langue du Congo, «L’Union fait la force». C’est cette unité africaine que nous avons voulue défendre en nous engageant dans cette structure qui fait de plus en plus la fierté de la jeunesse africaine. Nous sommes en train de nous battre afin de voir l’Union Africaine adopter au moins une ou deux des langues africaines majoritairement parlées en Afrique, je veux parler ici par exemple du Swahili pour l’Afrique de l’Est et du Haoussa pour celle de l’Ouest. Nous espérons que cela constitue une des voies à travers laquelle, nous pouvons amorcer réellement notre unité et affirmer notre indépendance.
Que pensez-vous de la Littérature nigérienne et Africaine ?
La littérature nigérienne malgré les aléas liés à la production, fait amende honorable. Elle subsiste en dépit de toutes les difficultés liées à sa condition. Il n’existe en effet, aucune chaine du livre au Niger, un public peu motivé pour la lecture et encore moins d’achat des œuvres. Au Niger comme dira Adamou Idé dans une interview sur Bonférey TV « Les gens préfèrent parfois s’acheter un tas de viande que de s’offrir un livre ». J’ai donc conscience que le challenge est très fort et l’entreprise d’adopter une carrière d’écrivain est assez risquée au Niger. Je ne doute point cependant de la capacité des Nigériens à se surpasser et à aimer une fois leur littérature. En tout cas, en ce qui me concerne, ils me l’ont prouvé en se donnant le plaisir et en me faisant surtout l’honneur d’acheter mon roman. Je leur dis simplement merci du fond du cœur et leur avoue encore toute ma gratitude. Pour la littérature africaine, elle continue de faire son aventure et je pense que le meilleur reste encore à venir.
Votre livre coûte combien et où est-il disponible ?
Nous avons fait un prix moyen, en tout cas, il nous semble à la portée de la bourse moyenne des lecteurs. Le prix du roman était fixé à 3.000 F CFA. Il faut dire que pour le moment, le livre est en rupture de stock. Mais, nous sommes déjà assez avancés en collaboration avec l’Editeur afin de relancer une nouvelle commande d’ici la fin du mois de Septembre 2021. Je suis convaincu au vu de l’accueil réservé par le public à «Droit de véto», cela augure une belle aventure et je ne fais que rendre grâce à Allah. Je profite de votre micro pour adresser toute ma gratitude à l’ONEP qui n’a jamais hésité à nous accompagner dans cette aventure.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)