
Issoufou Alfaga Abdoul Kader
Une des missions de la Jeune Chambre Internationale Niger est d’offrir aux jeunes des opportunités de développement de leadership de manière à être des acteurs de changement dans leur communauté. Faut-il être membre de l’organisation pour bénéficier de ces opportunités ?
La Jeune Chambre Internationale ne se limite pas seulement à offrir des opportunités à ses membres. Nos actions sont d’abord destinées aux communautés, parce que tout ce que nous faisons c’est pour la population. Nous faisons beaucoup d’activités communautaires, de développement personnel, pour la population, donc des personnes qui ne sont pas membres de la JCI. On part vers les jeunes pour des formations dans divers domaines comme la gestion, car nous avons une équipe d’encadrement sur l’entrepreneuriat, le développement personnel, qui suit ces personnes intéressées et qui ne sont pas membres de la JCI jusqu’à la réalisation de leurs projets. Et ensuite, les membres de la JCI vont naturellement bénéficier des opportunités que l’organisation offre. Il n’y a pas de limite pour l’accès aux opportunités, tout le monde peut en bénéficier.
Les 23 et 24 février 2024 nous avons organisé ce que nous appelons un camp de leadership à Kollo où nous avons eu à former des jeunes sur plusieurs thématiques. La première formation a concerné la communication efficace, la gestion non violente des conflits. On a eu aussi de formateurs certifiés, nos aînés sur l’éveil entrepreneurial. À ce sujet, j’aime rappeler que par le passé quand on me parlait d’entrepreneuriat, je trouvais ça comme une perte de temps, mais aujourd’hui sincèrement je suis satisfait de m’y être engagé.
Justement, l’entrepreneuriat ou la création d’activité économique se présente ces dernières années comme l’option qui s’impose à la jeunesse pour la satisfaction de ses besoins. Quelles contributions peut apporter la Jeune Chambre Internationale Niger à tous ces jeunes qui se lancent sur cette voie avec souvent pour seule ressource leur volonté ?
Au niveau de la JCI nous avons une multitude d’actions d’accompagnement pour les jeunes qui choisissent la voie de l’entrepreneuriat. Il y a des personnes ressources qui sont dans le domaine longtemps avant nous et qui sont des mentors. On a une organisation spécifiquement dédiée aux entrepreneurs, dénommée JCI Maguina regroupant des entrepreneurs et porteurs d’idées de projets avec des experts et personnes expérimentées. Ensuite, nous avons la formation pour les entrepreneurs en collaboration avec le Centre Incubateur des Petites et Moyennes Entreprises du Niger (CIPMEN) qui encadre les jeunes porteurs de projets ; il y a même des bourses d’études à travers des partenaires.
On a des jeunes qui, au début étaient hésitants ne sachant pas s’ils allaient rester dans leur domaine de formation de base ou se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais aujourd’hui la plupart ont créé leurs entreprises et d’autres sont en train de le faire. C’est par exemple le cas de la Directrice de Golden Voice, une entreprise spécialisée dans la maîtrise des cérémonies, le protocole, l’événementiel.
La Jeune Chambre Internationale Niger a vu passer plusieurs générations ; que peut-ont retenir des principales actions positives initiées par l’organisation dans le cadre de la construction du pays ?
La JCI est une organisation qui forme de jeunes leaders à devenir des citoyens actifs, qui ne restent pas pour revendiquer, mais qui vont eux-mêmes prendre des initiatives à travers des projets concrets. Nous avons donné le sourire à des orphelins, nous avons l’habitude de nous réunir dans plusieurs centres simultanément pour passer du temps avec eux pour qu’ils sentent qu’ils ne sont pas seuls ; les habiller, fêter avec eux. Nous faisons aussi beaucoup de plantations d’arbres. Mais cette année nous allons changer notre façon de faire, avec la vision du bureau mondial, pour planter des arbres fruitiers. Si de 1960 à aujourd’hui, on plantait des arbres fruitiers, il n’y aurait pas de problème d’approvisionnement en fruits, jusqu’à importer.
Parmi les autres activités que la JCI Niger a eu à faire il y a aussi celle concernant le livre et la lecture pour encourager la découverte de la littérature nigérienne. La JCI Niger a accueilli en 2017 la réunion des présidents nationaux pour l’Afrique et le Moyen Orient ; en 2018 c’est l’Afrique de l’Ouest qui s’est réunie au Niger à Niamey dans le cadre de l’Académie de leadership. Nous avons également le projet sur la drépanocytose qui a été reconduit cette année pour contribuer encore dans la sensibilisation, le dépistage, et le soutien pour la prise en charge des patients au niveau du centre national.
Excepté quelques rares fois, la JCI Niger a toujours participé à toutes les rencontres internationales. Mais je dois souligner qu’au niveau de la JCI il n’y a pas de «tazartché», quand on fait un an, on doit partir et donner à un autre la possibilité de montrer ses capacités.
Sur le plan entrepreneurial, 80% des jeunes qui sont à la JCI ont leurs entreprises parce que notre objectif, est d’être indépendant. Nous avons compris que nous ne pouvons pas tout attendre de l’Etat, au risque de perdre du temps. Et même en travaillant pour un employeur, on peut entreprendre quelque chose pour soi-même. Aussi, à la JCI nous faisons des formations gratuites. Les formateurs font du bénévolat, des fois ils investissent pour aller se former au niveau international et revenir partager les connaissances acquises.
Sur quoi s’appuie la Jeune Chambre Internationale Niger pour la mise en œuvre de son programme en faveur des jeunes ?
Le partenariat est très important pour nous, c’est le cas déjà avec vous l’ONEP pour l’opportunité que vous nous donnez de faire connaître les nombreuses actions que nous faisons. En ce qui concerne les moyens, la seule source de revenus pour la JCI sont les cotisations, à hauteur de 15.000 francs CFA par membre par an. C’est avec ces ressources que nous mettons en œuvre les projets communautaires, et si nécessaire nous faisons appel aux partenaires comme la Chambre de commerce et d’Industrie du Niger, la société Rimbo, etc.
Pour les membres, cette année 440 personnes ont été déclarées. La JCI est structurée au niveau national et international où elle est présente dans plus de 100 pays à travers le monde. Au Niger la JCI est présente dans toutes les régions du pays, mais à Tillabery et Diffa on a quelques problèmes à cause de l’insécurité.
Tel qu’annoncé lors de la rentrée solennelle 2024 de la JCI Niger, le mandat de votre équipe est axé sur la contribution de la jeunesse à la promotion de la sécurité et de la paix au Niger. Quelles sont les actions que vous mettez en œuvre pour atteindre cet objectif ?
Effectivement vu le contexte de notre pays on ne peut rester indifférent. Aussi, le but principal de la Jeune Chambre Internationale au début, c’est de maintenir la paix dans le monde. Notre fondateur était un général de l’armée qui a vécu la guerre et toutes ses conséquences. Vu l’importance de la paix, il est revenu au niveau de sa communauté pour organiser les jeunes à œuvrer dans ce domaine. Sur cette lancée nous avons, cette année, décidé de prendre ce thème « la contribution de la jeunesse à la promotion de la sécurité et la paix au Niger », pour dire que la JCI Niger s’engage à faire cette promotion. Concernant, les activités qu’on a eu à faire, il y a celle de la journée internationale de la paix, le 21 septembre. A cette occasion on a initié une conférence sur le thème de la paix. On fait des campagnes digitales pour inciter les gens à cultiver la paix au quotidien. Nous avons initié une autre conférence sur la culture nigérienne parce que nous ne connaissons pas bien notre culture, notre propre identité, nous jeunes de 30 à 35 ans. Si on nous demande de faire l’historique de notre propre culture, c’est compliqué. Ce sont des valeurs qu’on doit vraiment cultiver pour promouvoir la paix. C’est dans ce sens qu’on a aussi initié un projet dénommé « Peace is possible » ou ‘’la paix est possible’’. On a déjà commencé la campagne avec des vidéos et des messages pour inciter les jeunes à nous rejoindre dans le mouvement, et aussi à cultiver ces valeurs au niveau de leurs communautés. La jeunesse est au centre, tout ce qu’on fait. Si on ne la met pas en avant c’est vraiment une bombe à retardement. C’est dans ce sens qu’on va faire ce projet, suivi d’une marche pour la paix si c’est autorisé et aussi un Camp national pour la paix ainsi que des formations et séminaires.
Pour moi la justice sociale peut contribuer à lutter contre l’insécurité. A la JCI nous avons des valeurs qui sont notre credo. « Nous sommes croyants, nous croyons que la foi en Dieu donne à la vie son véritable sens ». À la JCI tout le monde est croyant parce que quelqu’un qui ne croit pas est capable de tout. « La fraternité humaine transcende la souveraineté des nations », cela pour dire qu’il n’y a pas de frontières ni de nationalité on est tous égaux. L’autorité doit s’appuyer sur la loi et non sur l’arbitraire, la personne humaine est la plus précieuse des richesses, servir l’humanité constitue l’œuvre la plus noble d’une vie.
Au Plan international comment la Jeune Chambre Internationale Niger marque-t-elle sa présence ?
Déjà au cours de ce mandat j’ai eu à effectuer deux déplacements dans le cadre de la coopération et de l’intégration au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire pour la réunion des présidents nationaux de toutes les jeunes chambres internationales de l’Afrique et du Moyen Orient. Il y a la Conférence Afrique et Moyen Orient qui va regrouper les JCI de cette zone à Kigali au Rwanda du 22 au 25 mai 2024, et bien d’autres événements qui sont prévus au cours de cette année dont la rencontre des sénateurs à Abidjan, le congrès mondial à Taïwan, l’Académie du Japon, etc.
Avec l’appui des partenaires, nous comptons participer à ces rencontres et représenter notre pays. A la Conférence Afrique et Moyen Orient de Kigali il y’aura la « nuit des nations» où chaque pays doit présenter son plat traditionnel et son habillement. Si nous sommes suffisamment nombreux nous allons présenter les tenues de toutes les ethnies du pays pour faire la visibilité du Niger. Il y aura également la présentation des aspects culturels, nos traditions, nos ressources, potentialités. Après la cérémonie d’ouverture, on participera aux formations sur diverses thématiques, aux concours d’art oratoire, de business plan, toute une multitude de compétitions à l’issue desquelles les meilleurs seront récompensés.
Interview réalisée par Souley Moutari (ONEP)