Le département de Kollo est l’un des treize départements que compte la région de Tillabéry. Ce fut d’abord un arrondissement créé en 1980, puis érigé en département à la faveur du redécoupage administratif du début des années 2000. La ville de Kollo, chef-lieu de département est situé à environ 30 km au sud-est de Niamey la capitale dont il ceinture l’ensemble du territoire administratif. Le département de Kollo qui est constitué de onze (11) communes dont une urbaine, est une zone d’agriculture et d’élevage traversée par le fleuve Niger et présentant un paysage composite allant des forêts classées ou protégées aux terres agricoles en passant par des zones de glacis. L’économie rurale disposant d’un important potentiel dans le domaine agricole, pastoral, de l’environnement… Mais les difficultés ne manquent malheureusement pas.
Bien qu’il ne soit pas une zone exclusive d’élevage, le département de Kollo n’en demeure pas moins une terre où l’élevage est pratiqué par une partie importante de la population voire par l’ensemble de la population soit sous la forme d’élevage extensif ou sous la forme d’élevage familiale. En effet, selon le directeur départemental de l’élevage, M. Boureima Moussa, le département dispose d’un capital bétail important avec un cheptel estimé à un peu plus de 751.000 Unités Bétail Tropical (UBT). On y trouve des bovins, des ovins et caprins, des équins, des asins, des camelins. A cela s’ajoute une importante quantité de volaille à savoir les poulets, les pintades, les canards domestiques, les pigeons ainsi que des oiseaux exotiques comme les oies, les dindons et quelques paons. Les populations pratiquent l’élevage de type extensif et familial, mais le département regorge aussi de nombreuses fermes avicoles privées.
L’élevage constitue la principale activité économique devançant l’agriculture qui est essentiellement vivrière pour les populations du département de Kollo. En effet, en plus de la vente d’animaux qui génère des revenus importants, la production laitière est aussi une activité de rente pratiquée par des groupements d’intérêt économique dans les communes de Kollo, de Namaro et de Hamdallaye. On y enregistre actuellement trois centres de collecte de lait grâce auxquels ces groupements créent des richesses en approvisionnant les unités industrielles de Niamey notamment mais aussi certaines petites unités de transformation. Le directeur départemental rassure quant à la qualité des produits d’élevage. « Les agents d’élevage procèdent régulièrement au contrôle sanitaire qu’il s’agisse de la viande, des œufs ou du lait pour certifier de la bonne qualité des produits », précise M. Boureima Moussa.
Lorsqu’il y a un important cheptel estimé à plusieurs centaines de milliers, il se pose tout naturellement la question de la santé animale. Le directeur départemental de l’élevage assure que la situation épizootique dans l’ensemble des 11 communes est globalement satisfaisante car, aucune épizootie ou même une maladie notoire animale n’est enregistrée au cours de l’année 2019. Mieux et pour davantage prévenir la survenue des maladies animales, des campagnes de vaccination ont été organisées notamment pour les bovins, les petits ruminants et les camelins. Grâce à l’appui de trois partenaires à savoir le MCC, le PPAO et le PASEC, plus de 246.400 petits ruminants, 150.950 bovins ainsi que 727 camelins ont été vaccinés contre la PPCB et la pasteurellose. Un foyer de charbon bactérien a été déclaré au village de Sétchiré mais très vite maitrisé. En outre des suspicions de fièvre aphteuse, de gourme, de dermatose nodulaire et dermatophylose ont également été enregistrées sans avoir eu un effet significatif sur la production animale.
En plus de la vaccination, les agents techniques dispensent régulièrement des soins aux animaux malades à travers l’administration des médicaments ou autres actes médicaux. C’est notamment le cas des actes de chirurgie animale comme la césarienne et la laparotomie (pour extraire un ou des objets dans la panse d’un animal) qu’ils posent en dépit de manque d’équipements adéquats. Avec 11 communes dont deux ne disposant pas d’agents vétérinaires, la couverture géographique en matière de prise en charge constitue un des soucis de la direction départementale. C’est pourquoi, une série de formations destinées aux auxiliaires d’élevage a été initiée en vue de renforcer la capacité des locaux à traiter les animaux, à prodiguer les soins primaires au niveau des villages. Outre les auxiliaires déjà formés, une autre formation destinée à une trentaine d’autres auxiliaires est programmée et démarrera bientôt sur financement du MCC.
Toutefois, il faut noter que le secteur de l’élevage dans le département fait face à des difficultés d’ordre humain, technique et matériel. En effet, tout le département avec ses 11 communes ne dispose que de 20 agents toutes catégories confondues. La direction et les services communaux n’ont ni planton, ni manœuvre, ni gardien et deux communes n’ont pas d’agents d’élevage. M Boureima Moussa déplore le fait qu’il n’y a qu’un seul véhicule et six motos. Ce qui limite considérablement la mobilité des agents et leur capacité d’intervention et favoriserait la recrudescence d’épizooties. La campagne pastorale dans le département est caractérisée par une baisse significative du pâturage avec un déficit fourrager global d’environ 47% comme l’a souligné le bilan fourrager provisoire faisant ressortir une masse fourragère disponible de 231.552 tonnes pour un besoin de 494.190 tonnes. Il faut toutefois souligner qu’il varie d’une zone à une autre, les zones de Karma, Hamdallaye, Namaro et Bitinkodji présentent le plus mauvais niveau de production et les zones de Kouré et Dantiandou avec un niveau de production moyenne. La situation alimentaire est globalement médiocre, contrastant avec la situation sanitaire marquée par une nette amélioration.
Par nos envoyés spéciaux Zabeirou Moussa et Issoufou Oumar(onep)