
Dr Seydou Midou Abdoul Razak
La colopathie fonctionnelle ou troubles fonctionnels intestinaux est une maladie chronique mais bénigne qui altère d’une manière profonde la qualité de vie. C’est une maladie qui est fréquente et qui, constitue un motif fréquent de consultation chez le médecin généraliste, mais qui est le premier motif de consultation chez le médecin hépato-gastro-enterologue. C’est une maladie qui touche 20% de la population mondiale avec une prédilection au sexe féminin, du fait de la prédisposition hormonale, mais aussi des facteurs socio-culturels.
Avec l’évolution de la science a expliqué Dr Seydou Midou Abdoul Razak, médecin l’Hépato-Gastro Enterologue Endocoscopiste, la colopathie fonctionnelle ou troubles fonctionnels intestinaux est une maladie qui intéresse tout l’intestin (que ça soit l’intestin grêle ou le colon). Actuellement, le terme dédié est troubles fonctionnels intestinaux. C’est une maladie très fréquente, et la femme est la plus touchée. Cette maladie est multifactorielle, c’est-à-dire qu’elle est due à plusieurs causes qu’on peut résumer en cinq.
Selon l’Hépato-Gastro Enterologue Endocoscopiste, la première cause est un ‘’trouble de motricité des intestins’’, c’est-à dire la réponse des intestins à l’alimentation est diminuée. C’est le cas des troubles fonctionnels intestinaux ou la colopathie fonctionnelle à type de constipation. La seconde cause est liée à un ‘’trouble de sensibilité de l’intestin’’. Dans ce cas de figure, il y a une douleur dès qu’il y a des gaz ou des selles dans l’intestin. La troisième cause est liée à ce qu’on appelle le ‘’trouble de micro biote’’ (les bactéries des intestins qui aident à digérer chez une personne normale, eux les font faire beaucoup de gaz après la digestion). Les personnes qui ont cette maladie ont un micro biote qui est altéré. La quatrième cause est l’altération de la ‘’communication bidirectionnelle’’ entre le cerveau et l’intestin. Ce qu’on appelle aussi le « Gut-brin : intestin-cerveau ». Et enfin la cinquième cause qui est liée au ‘’stress’’. C’est pour cela on disait avant que « qui est stressé a la colopathie fonctionnelle ».
Symptômes, facteurs et signes de danger
La colopathie fonctionnelle poursuit Dr Seydou Midou Abdoul Razak est définie par trois symptômes. Le premier symptôme c’est la douleur abdominale (douleur au niveau du ventre). Dans la colopathie fonctionnelle, cette douleur est à type de spasme, et cette douleur est migratrice. Elle est ressentie souvent à gauche, de fois en haut, ou à droite. Mais, le plus souvent c’est une douleur qui survient à gauche.
Le deuxième symptôme de la colopathie fonctionnelle, c’est le ballonnement et qui survient après l’alimentation. Et enfin le troisième symptôme des troubles fonctionnels intestinaux c’est le trouble du transit. Soit les patients ont la diarrhée, soit ils sont constipés, mais aussi il y a ceux qui ont la forme mixte qui sont tantôt constipées, tantôt la diarrhée. D’autres signes accompagnent ces trois symptômes. Ainsi, les patients souffrent ‘’d’asthénie’’ c’est-à-dire d’une fatigue sans faire un travail quelconque. Ils se plaignent aussi ‘’des fibromyalgies ou des arthralgies’’ notamment des douleurs musculaires un peu partout dans le corps, et des douleurs parfois aux articulations, des douleurs aux différents segments du corps.
En ce qui concerne les tranches d’âges, Dr Midou a relevé que cette maladie concerne tout le monde. Quel que soit son âge, la personne peut avoir des troubles fonctionnels intestinaux. Quel que soit le pays, quel que soit le continent, c’est une maladie qui est partout. Et, c’est une maladie qui touche le plus souvent la femme du fait de sa prédisposition hormonale, mais aussi du facteur social.
Le facteur social, explique-t-il, est que la femme ne pète pas, et elle ne fait pas les selles partout. «Par exemple, elle a envie de peter mais elle se maintient, elle a envie de faire les selles, elle dit quand j’irai à la maison je vais le faire. Cela favorise la maladie », explique-t-il avant d’ajouter que les médecins ont aussi une part de responsabilités dans la survenue de cette maladie. « Cela parce que nous prescrivons souvent des antibiotiques pour toutes maladies sans nécessaire faire tous les examens nécessaires. Chez beaucoup de personnes, cette maladie survient après la prise d’antibiotique. Si tu prends des antibiotiques, tu laves le tube digestif alors qu’il a besoin de certaines bactéries pour faire la digestion. Le fait de prendre des antibiotiques élimine les mauvaises et les ‘’bonnes bactéries’’», précise l’Hépato-Gastro Enterologue Endocoscopiste.
Devant trois symptômes, note-t-il, il faut penser à ce qu’on appelle les signes d’alarme, c’est-à-dire les signes de danger. Le premier signe c’est voir du sang dans les selles, c’est un signe de danger. Le second signe c’est faire la diarrhée. Les troubles fonctionnels à type de diarrhée sont les plus difficiles à traiter. Le troisième c’est avoir ces symptômes à l’âge de 50 ans. « Tout celui qui ne voit pas ces symptômes et à l’âge de 50 ans il commence à développer ces trois symptômes, il faut penser à ce qu’on appelle une ‘’tumeur colorectale’’. Ce n’est pas la colopathie qui se transforme en tumeur. Mais plutôt la colopathie fonctionnelle est une maladie chronique qui est bénigne, c’est une maladie qu’on traine toute sa vie, mais qui ne se transforme jamais en cancer. Mais, elle altère d’une manière importante la qualité de vie. On voit beaucoup de cas où on leur dit ‘’vous avez la colopathie fonctionnelle alors que c’est une tumeur’’. Parce que les signes de la colopathie fonctionnelle sont presque les mêmes que les signes d’une ‘’tumeur colorectale’’. C’est pour cela devant ces trois signes, il faut se faire consulter par un spécialiste », explique Dr Midou. Il précise que la maladie se manifeste de la même manière chez l’enfant, la femme et l’homme. Ce sont les trois manifestations à savoir la douleur abdominale, le ballonnement et les troubles du transit, quels que soient l’âge, le sexe, l’ethnie, le continent.
A propos du traitement
Pour l’Hépato-Gastro-Enterologue et Endocoscopiste, la pierre angulaire du traitement de cette maladie doit consister d’abord à établir une relation médecin-malade. « Comme dans toutes les pathologies chroniques, il faut écouter la personne malade, lui expliquer sa maladie, mais aussi la rassurer qu’il s’agit d’une maladie chronique qui est bénigne, mais qui altère la qualité de vie. C’est primordial. La deuxième chose, c’est d’expliquer les règles hygiéno-diététiques. Ce consiste à dire aux patients qu’ils doivent éviter les aliments farineux notamment le blé, le pain, les pâtisseries. D’éviter également les fritures, les boissons gazeuses, et les aliments fermentescibles tels que le haricot et le chou. Par contre, ils doivent manger beaucoup de fruits et légumes mûrs. La troisième étape du traitement, c’est le médicament. Si la personne a des douleurs c’est des antispasmodiques, si c’est le ballonnement c’est des absorbants de gaz, si c’est le trouble du transit notamment la constipation c’est du laxatif, si c’est la diarrhée c’est un anti diarrhéique qu’il lui faut », souligne le médecin.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)