Située au cœur de la ville de Konni, la mosquée de Dan Fodio est bien plus qu’un simple lieu de culte. Elle représente un héritage historique et spirituel profond, lié à l’influence de l’érudit et réformateur religieux Ousmane Dan Fodio. Né en 1754 à Marata, Dan Fodio a mené un djihad au début du XIXe siècle, établissant le califat de Sokoto, un empire qui a marqué l’histoire de l’Afrique de l’Ouest.
La mosquée de Dan Fodio, située dans le quartier historique de ‘FADA’ à Konni, est un symbole religieux remarquable, admiré pour son architecture exceptionnelle et son rôle spirituel. Construite au XIXe siècle, elle représente un héritage vivant d’Ousmane Dan Fodio, érudit et réformateur religieux de la communauté peule.
Son architecture allie la tradition de l’utilisation du banco avec des murs épais et des arcs élégants. Elle a été réhabilitée récemment avec des matériaux plus durables. La mosquée illustre les techniques constructives ancestrales de la région, avec son minaret majestueux qui s’élève au-dessus de la ville, décoré de motifs géométriques et de calligraphies islamiques, symbolisant ainsi l’harmonie entre l’art et la foi. Elle possède cinq grandes portes et de vastes fenêtres en haut et en bas. Mais, la mosquée a besoin de travaux d’entretien, notamment au niveau de la toiture et des douches publiques.
«Cette mosquée est un symbole de notre héritage et de notre identité,» explique un fidèle de la mosquée. «Elle nous rappelle l’importance de la foi et de la solidarité dans notre vie quotidienne», affirme Amadou Alassan, l’imam actuel de la mosquée.
Ousmane dan Fodio a joué un rôle central dans l’islamisation et la reforme religieuse dans cet espace entre le Niger et le Nigeria. Sa mission consistait à prêcher un islam purifié et à établir un modèle de société islamique. Dans ce contexte, la construction de mosquées, comme celle de Konni, était essentielle pour établir des centres de prière, d’enseignement religieux et de rassemblement communautaire.
Selon l’imam Amadou Alassane, qui exerce depuis 42 ans, ce lieu est souvent perçu comme un symbole de la transformation religieuse et sociale qu’Ousmane dan Fodio a initiée dans cette zone. Au-delà de sa fonction religieuse, elle a également servi de centre d’apprentissage pour les disciples et les membres de la communauté, où on enseignait le Coran et d’autres sciences islamiques.
La création de ce lieu trouve son origine dans la diffusion de l’islam wahhabite et l’instauration de l’autorité musulmane dans la région, promouvant l’unité des communautés islamiques autour d’une interprétation partagée de la foi. D’après les témoignages, Ousmane dan Fodio était venu à l’endroit où allait être construite plus tard la mosquée, y a fait les ablutions et a prié à 14 heures, la prière de zouhr, établissant ainsi ses racines spirituelles. « Jusqu’à une certaine époque, c’était la seule mosquée où était pratiquée la prière de vendredi dans l’ensemble de la zone allant jusqu’au Nigeria, à part Goddabawa, qui se trouve de l’autre côté. Dan Gourmou, un citoyen nigérian, fut le premier imam, suivi par une lignée d’imams nigériens. Actuellement, la mosquée est sous la direction de son septième imam que je suis », dit l’imam Amadou Alassane aujourd’hui âgé de 73 ans.
En se rendant à la mosquée de Dan Fodio, les visiteurs peuvent non seulement admirer un chef-d’œuvre architectural et observer la ville du haut, mais aussi plonger dans l’histoire riche et complexe de l’islam en Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, souligne l’imam, la mosquée continue de jouer un rôle central dans la vie religieuse et sociale de de Birni NKonni, accueillant des prières quotidiennes, hebdomadaires du vendredi ainsi que celles des grandes fêtes. Des enseignements religieux y sont donnés et des événements communautaires s’y tiennent. Elle est également un lieu de mémoire, honorant l’héritage de Dan Fodio et son impact durable sur la région.
Rabiou Dogo (ONEP)