Après les Forces Armées maliennes (FAMas), celles du Burkina Faso, c’est autour des Forces Armées Nigériennes (FAN) d’être accusées d’exactions sur des civils. Ces accusations pour le moins cavalières interviennent quelques jours seulement après une attaque des groupes terroristes dans la localité de Boni où des militaires et des civiles ont perdu la vie.
Cette approche ne vise ni plus ni moins qu’à émousser l’élan des Forces armées de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à déguerpir tous les sanctuaires du terrorisme installés dans la zone des trois frontières. Mais, le côté le plus insidieux de cette approche, c’est la tentative d’insinuer des conflits intercommunautaires. Une vieille méthode qui a fait recette par le passé.
En effet, il est connu de tous que dans la littérature occidentale notamment coloniale, l’Afrique est perçue exclusivement à travers les multiples ethnies qui la peuplent et qui s’adonnaient à des guerres tribales. Cette perception fondée sur des théories négationnistes sur l’historicité de l’Afrique a permis aux puissances colonialistes de diviser les Africains, en créant des conflits intercommunautaires, qui souvent ont conduit à des drames comme le génocide des Tutsis au Rwanda, les rebellions armées au Mali et au Niger pour ne citer ceux-là.
Depuis, le déclenchement du processus de reconquête de la souveraineté dans les trois pays de l’AES, l’on assiste à un retour en force de cette perception des choses. En effet, aux premières heures du coup d’Etat au Niger, l’on se rappelle que des hauts responsables français se sont répandus sur leurs médias de propagande pour donner une explication dévergondée de la situation dans le pays. Malheureusement pour eux, les populations nigériennes ont dépassé ces analyses fondées sur des arguments de bas étages dont ils se sont passés maîtres. Mais, l’on assiste ces derniers temps à un nouveau recours à cette stratégie. Sauf qu’au lieu de s’afficher au grand jour, l’impérialisme passe par quelques personnages lugubres et certaines ONG tout aussi obscures. Mais, la stratégie et les objectifs restent identiques : imaginer et faire croire aux populations l’existence des conflits intercommunautaires pour rendre certaines zones des pays de l’AES ingouvernables et justifier l’agression impérialiste contre nos pays ou tout au moins la présence des forces impérialistes sur nos terres. Sinon comment indexer sans aucune enquête indépendante les forces de sécurité dans une zone où des groupes armés terroristes ont été importés, financés, équipés et installés pour justement semer la terreur ?
Malheureusement pour ceux qui sont derrière ces desseins funestes, il y a une prise de conscience générale des populations de l’AES sur le double jeu de certaines puissances dans la situation actuelle au Sahel d’une part. D’autre part, ces mêmes populations ont compris les ressorts de la servilité maladive de certains dirigeants africains et les motivations des élites politiques, suppôts du néocolonialisme au Sahel. Aussi, les relations séculaires et les brassages entre nos communautés sont plus solides que les analyses fumeuses et autres arguments perfides développés pour nous diviser.
Cependant, les populations de l’AES et celle du Niger en particulier, doivent comprendre que ce qui se passe dans nos pays est un combat pour la survie. La seule alternative se résume à la souveraineté ou à la forme la plus abjecte de l’esclavage. D’ores et déjà, les différents accords (militaires ou économiques jusque-là gardés secrets) avec la métropole mais dénoncés par les régimes militaires de transition nous ont donné une idée du schéma d’exploitation et de domination perpétuelles installé dans nos pays. Un système maintenu et entretenu par une classe d’intellectuels et de politiciens, hypocritement frappés de label de ‘’démocratie’’.
Siradji Sanda (ONEP)