
M. le Secrétaire Général vous êtes à la tête de l’USN depuis le mois de janvier 2024, un mandat que vous entamez dans un contexte particulier caractérisé par une transition militaire. Quelle est la situation actuelle de votre cadre organisationnel ?
Je voudrai avant de répondre à cette première interrogation me réjouir de l’intérêt que vous accordez à notre glorieuse structure en nous proposant cette interview sur de pertinentes questions qui riment avec le contexte actuel.
La situation générale au sein de l’Union des Scolaires Nigériens est caractérisée par un climat de sérénité au niveau des sections et sous sections qui composent notre union. Cette sérénité retrouvée est à mettre à l’actif des militantes et militants de l’USN qui ont toujours su maintenir la cadence même pendant les moments les plus tumultueux qu’aurait éventuellement traversé notre glorieuse structure. Le Comité Directeur dont j’ai l’immense honneur de diriger est le porte flambeau et le fer de lance de toutes les actions devant permettre à notre cadre organisationnel de retrouver ses lettres de noblesse. Avec la nouvelle vision syndicale qu’incarne le Comité Directeur je puis vous rassurer que l’USN se porte bien. Le contexte de transition n’impactera en rien la capacité de notre Union à faire prévaloir ses idéaux, à lutter aux côtés des masses laborieuses, à lutter contre l’impérialisme sous toutes ses formes, à promouvoir le panafricanisme et à défendre vaille que vaille les intérêts matériels et moraux de ses membres.
L’USN a toujours du pain sur la planche comme on le dit. Vous avez pris la destinée de cette union avec une batterie de revendications, quelles sont les revendications actuelles, les plus pressantes de l’USN ?
Cette question est pertinente eu égard aux multiples problèmes qui assaillent le système éducatif nigérien. Mieux encore, les politiques publiques éducatives depuis 1993 ont toujours relégué l’éducation au second plan, nous avions assisté depuis des décennies à des budgets alloués à l’éducation dont le plus grand pourcentage rodait aux alentours de 25 %, mais jamais, le budget de l’éducation n’a été respecté une seule fois bien qu’il soit insuffisant à tout point de vue. En plus, les contenus des programmes académiques sont obsolètes et non commodes à nos réalités d’aujourd’hui, des programmes d’ajustements structurels ont fait agenouiller le système éducatif nigérien et l’ont livré à la merci des aides budgétaires impérialistes qui ne nous aident pas à sortir de l’ornière. Cette situation en amont fragilise notre système éducatif et le met en difficulté des années durant. Or, Nelson Mandela disait « l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». C’est pourquoi, la conscience populaire estime que notre structure ne pourra jamais finir avec les revendications. Mais soyez en rassurés, le Comité Directeur de l’USN usera de tous les moyens légaux pour faire aboutir nos justes et légitimes revendications. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour exiger l’amélioration des conditions de vie et d’étude des scolaires nigériens tant à l’intérieur du pays qu’au niveau de la diaspora.
Le mois dernier, le Président du CNSP, chef de l’Etat le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a reçu le CD/USN et les sections présentes ou de passage à Niamey au palais de la Présidence. Qu’est-ce que cette rencontre suscite en vous ?
Je voudrai d’abord remercier S.E Chef de l’Etat pour avoir bien voulu rencontrer le Comité Directeur de l’Union des Scolaires Nigériens. J’avoue que nous avions tous été stupéfaits par la façon dont l’échange a été conduit entre les plus hautes autorités du Niger et nous qui sommes représentants des scolaires nigériens. Nous avions vu en son Excellence une personne humble, véridique, droite et surtout profondément patriote avec une façon de parler sans aucune démagogie.
Cette rencontre nous a permis de débattre clairement sur l’entièreté de l’ensemble des problèmes qui minent notre système éducatif. Des mesures très fortes sont envisagées pour juguler le problème de notre système éducatif. Je précise que ces mesures sont échelonnées et seront sans aucun doute une grosse bouffée d’oxygène à notre système éducatif. La plate-forme revendicative du Comité Directeur de l’USN a été débattue dans son fond et d’ores et déjà des engagements ont été pris dont certains ont déjà été honorés. Je parle là, de la dotation des trois bus pour le Centre Régional des Œuvres Universitaires afin de pallier le problème du transport des étudiants au niveau de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, le rehaussement de l’enveloppe hebdomadaire octroyée à l’Agence Nationale des Allocations et des Bourses (ANAB) de 400.000.000 millions à 600.000.000 millions pour réduire le retard dans le paiement des droits statutaires des camarades. Somme toute, notre rencontre avec le Chef de l’Etat nous a rassuré quant à la volonté du CNSP à satisfaire nos revendications et partir vers une refondation totale de notre système éducatif afin de le conformer à nos réalités nigériennes et africaines.
Peut-on conclure que « le Président du CNSP est à l’écoute de l’USN » ?
Être à l’écoute de l’USN, c’est prendre en considération les aspirations profondes du peuple nigérien et améliorer les conditions de vie et d’étude des scolaires nigériens. La rencontre avec le Président est une preuve évidente que notre structure est écoutée. Je vous rappelle que c’est chose très rare que l’USN soit reçue à la Présidence de la république, les quelques fois ou cela s’est produit, c’est en réaction à une dérive autoritaire.
Voyez de vous-mêmes que la volonté est totalement différente, nous sommes donc rassurés d’avoir des dirigeants au plus haut sommet de l’Etat à l’écoute des scolaires nigériens. Aussi, nous sommes satisfaits de la promptitude à travers laquelle le chef de l’Etat a pris au sérieux la question du transport des étudiants en offrant trois bus pour atténuer le problème en attendant des nouvelles commandes des bus. Nous avons tiré une leçon de cet acte fort du président du CNSP : L’USN semble être mieux écoutée en régime de transition militaire qu’en régime dit démocratique. Contrairement à ce que certains pensent, l’USN a été martyrisée dans l’autre temps des démocraties de façade. Aujourd’hui l’USN est écoutée, ses dirigeants, sont respectés, les revendications aboutissent avec plus de pragmatisme et de célérité. Quoi de plus normal pour l’USN, que de s’en réjouir et mieux se réconforter de l’oreille attentive du chef de l’Etat.
Diversifier les acquis au profit des militants est l’une des préoccupations du CD USN. Êtes-vous optimistes quant à l’aboutissement de vos multiples revendications ?
La conservation des acquis et la conquête d’autres est un des principes phares sur lequel notre organisation ne badine point. Thomas Sankara dans son élan révolutionnaire affirma : « Un droit ne se négocie pas, mais il s’arrache, il s’arrache dans la lutte et par la lutte des peuples, il ne sera jamais le résultat de générosité d’une puissance quelconque ». Ceci pour dire que tout camarade convaincu et révolutionnaire doit être optimiste quant à la satisfaction des différentes revendications. Autrement ça serait de la pire lâcheté. Ceci étant, nous sommes optimistes quant à la satisfaction de nos revendications contenues dans la plate-forme revendicative. Avec la volonté affichée des plus hautes autorités, nous sommes convaincus que les scolaires nigériens connaîtront des meilleurs jours pour l’une de rares fois au Niger.
En début de votre gestion, vous avez affirmé que l’USN n’acceptera plus d’être reléguée au second rang dans le combat souverainiste et patriotique qui est en cours dans notre pays. Quelle sera la contribution de l’USN dans ce sens ?
Depuis sa création en juillet 1960, l’USN a toujours su garder sa ligne idéologique qui est anti-impérialiste. Cette ligne a toujours été le fil conducteur des différents Comités Directeurs qui se sont succédé. C’est donc de façon naturelle que nous prenons notre courage à deux mains pour assumer la responsabilité qui est la nôtre, notre responsabilité de génération j’allais dire. La contribution de l’USN pour le combat souverainiste et patriotique sera d’abord la sensibilisation des militantes et militants sur le rôle que notre structure doit jouer pour un Niger véritablement indépendant. A travers des débats, des conférences, des parutions des journaux et d’autres canaux comme l’assemblée générale aux niveaux des sections et sous sections. Ensuite, il nous reviendra de nous organiser si nécessaire pour faire des grandes manifestations afin d’affirmer notre volonté à défendre notre patrie vaille que vaille.
Cette contribution pour la patrie passe avant tout, de notre point de vue, par la pédagogie de l’exemple. Ce qui justifie notre modeste contribution financière au Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie, la construction d’une classe en matériaux définitifs au CEG Kalley Plateau de Niamey sur fonds propre de l’USN, l’initiative du CD USN d’accorder un billet pour le pèlerinage à la Mecque à la famille du martyr du 10 avril 2017 Malla Bagalé pour le repos de son âme, l’organisation de la première manifestation nationale gigantesque des scolaires nigériens à Niamey et dans toutes les régions et tous les départements de notre pays le 29 avril dernier, plusieurs activités dont la table ronde organisée au siège de l’USN, des conférences panels, etc.
Pour dire que le CD USN est à pied d’œuvre pour apporter résolument sa contribution dans le combat pour la souveraineté de notre Pays. Mais faudrait-il aussi que nos plus hautes autorités se penchent sur la question de notre indépendance monétaire car, peu importe les efforts politiques et militaires fournis pour asseoir cette indépendance, si nous allons continuer à être dans la servitude coloniale du FCFA dans nos États de l’AES, nous risquerons de ne pas atteindre les objectifs assignés. Tout développement durable passe par une indépendance monétaire et militaire.
Lors de la manifestation du 29 avril dernier vous avez déclaré que la problématique liée à l’indépendance du Niger « passe nécessairement par une table rase des rapports et textes qui fondent notre Etat en matière de relation entre Etats ». Qu’est-ce que vous voulez dire exactement ?
La plupart des accords qui lient l’Etat du Niger aux autres Etats notamment occidentaux ne respectent pas le droit international, celui du rapport d’égal à égal entre Etats. Certains accords ont été signés sans aucunement prendre en considération les intérêts supérieurs du peuple Nigérien désormais souverain. Comment alors, ne pas les dénoncer conformément au droit international ? Il est bien vrai qu’aucun Etat ne pourra faire cavalier seul pour aspirer à se développer et mettre son peuple à l’abri de l’ignorance. Mais il est illusoire de penser qu’un Etat pourra faire développer un autre, d’où l’importance des relations pour se supporter et se donner la force dans une relation stratégique d’égal à égal. C’est pourquoi, l’USN exige des autorités la révision de tous les accords léonins (miniers, pétroliers, aurifères, etc.) afin de ressortir clairement l’intérêt du peuple Nigérien. Les militants de l’USN sont suffisamment avertis de nos jours des grands enjeux de notre contexte et sont résolument unis et engagés à accompagner la structure et le pays dans le combat pour la sauvegarde de la patrie et bientôt d’autres actions s’en suivront.
Le soutien d’une structure comme l’USN avec son idéologie anti-impérialiste est sans doute un acte fort. Quelle est la plus-value de votre soutien au CNSP ?
L’Union des Scolaires Nigériens soutient d’abord le peuple nigérien dans son combat quotidien celui du développement, du bien-être, de la paix et de la sécurité mais également celui de l’indépendance et de la souveraineté. L’USN usera de tous les moyens pour apporter au peuple nigérien le soutien qu’il mérite, c’est donc avec fierté que l’USN se sent davantage motivée à faire prévaloir l’intérêt national au détriment de tout autre intérêt. L’USN est la seule et unique structure au Niger qui peut en moins d’une heure de temps, rassembler des centaines de milliers de ses militants sur la base d’un mot d’ordre clair et exécutoire. Cela doit réconforter le CNSP que désormais, à n’importe quel moment les scolaires nigériens sont résolus à faire bouclier pour la défense de la patrie à chaque fois que l’impérialisme monstrueux menacerait notre pays. L’USN agira conséquemment et ce avec un courage, une vaillance, un cœur sain, un discours franc, une conviction jamais égalée. Et c’est pourquoi je lance un appel solennel à toutes les camarades militantes et tous les camarades militants de l’USN de rester unis, soudés et mobilisés pour d’éventuelles luttes conformément à notre devise : Unité-Lutte-Victoire !
Par Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)