Sans tambours ni trompettes, le gouvernement nigérien a géré, avec une certaine efficacité et en grande partie sur fonds propres de l’Etat, les conséquences des inondations dévastatrices qui ont affecté le pays et le Sahel en général. Pourtant, ces inondations ont été plus dévastatrices que par le passé.
Pour y faire face, l’Etat a compté sur ses fonds propres et sur la solidarité nationale, sans faire de l’aide extérieure une nécessité. C’est ainsi que l’Etat a affecté une enveloppe de 12 milliards de Francs CFA dont deux milliards immédiatement décaissés à travers le Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) et 10 inscrits au titre d’un réaménagement budgétaire.
Ce qui a permis d’apporter un appui d’urgence aux sinistrés. Ainsi, à la date du 15 octobre 2024, quelque 190.812 ménages, totalisant 1.397. 665 personnes sinistrées dans les 8 régions, soit environ 97 % de la cible, ont reçu une assistance de l’Etat en vivres et autres biens. Les sinistrés ont reçu ces appuis dans la dignité, sans la traditionnelle exposition des images misérabilistes du pays qui faisaient le chou gras des médias internationaux, comme cela se faisait par le passé.
En effet, sous le couvert de cérémonie de remise d’appui aussi modeste soit-il, certaines organisations et autres fameux partenaires mobilisent médias et réseaux sociaux pour faire un tapage médiatique souvent plus coûteux que la valeur de l’assistance elle-même. Cette année, c’est dans l’anonymat presque total et dans la dignité que les services de l’Etat (OPVN, CCA, autorités locales, chapeautés par le Comité national de prévention et de gestion des inondations) ont apporté l’assistance nécessaire aux sinistrés.
Cette démarche est une leçon et surtout une invite à une prise de conscience de notre capacité à surmonter n’importe quelle épreuve pourvu que nous fassions preuve d’unité et de solidarité nationale. C’est ainsi que des sociétés et entreprises publiques, le secteur privé national et de nombreuses personnes physiques, se sont mobilisés cette année pour porter secours et assistance à nos concitoyens sinistrés.
Cette démarche tranche d’avec ce qui se faisait en pareilles circonstances dans un passé encore récent. Un moment où pendant plus de 10 ans, l’Etat du Niger a fondé son action sur l’aide internationale. En effet, pour conduire des actions aussi régaliennes que celles d’apporter un secours d’urgence aux sinistrés, le gouvernement a pris l’habitude de tendre régulièrement la main aux fameux partenaires techniques et financiers. C’est ainsi que, des années durant, des PTF sont conviés à des réunions lassantes, au cours desquelles, il leur est demandé qui des tentes, qui des ustensiles, qui des nattes, qui des vivres.
Désormais, cette démarche n’a plus cours dans notre pays où le maître mot des autorités est de compter d’abord sur nos propres efforts, nos propres ressources. L’aide viendra en appoint, mais ne doit jamais être considérée comme une nécessité absolue. La gestion des graves inondations de cette année nous prouve que cela est possible. Il ne nous reste plus qu’à appliquer la même démarche pour affronter les autres défis qui se posent à notre pays.
Siradji Sanda (ONEP)