Une cérémonie consacrée au lancement de la campagne de plaidoyer sur les enjeux de l’actualisation du cadre juridique national protégeant les femmes et les jeunes filles des violences dans le cadre du programme Spotlight Niger s’est déroulée le vendredi 3 septembre à Agadez. Cette rencontre organisée par le cabinet du Médiateur de la République vise à contribuer à l’amélioration du cadre légal et réglementaire et son application effective avec les conventions internationales ratifiées en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Elle permet également d’examiner le cadre législatif et règlementaire existant confronté aux réalités vécues des communautés.
La conduite de cette mission par le Médiateur de la République et/ou son représentant se justifie par le fait qu’il peut être saisi ou s’autosaisir des questions de défense des droits de l’enfant et des personnes vulnérables dont les femmes surtout dans le contexte où le Niger a signé et ratifié des instruments juridiques régionaux et universels qui protègent la femme et l’enfant, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et la Convention internationale relative aux Droits de l’enfant(CDE).
Dans son discours, le Secrétaire général du gouvernorat d’Agadez M. Attaher Adam a déclaré que l’atteinte d’un développement durable n’est possible que dans une approche égalitaire des droits des hommes et des femmes. Pour ce faire, les sociétés doivent au préalable extirper de leurs usages et coutumes les violences faites aux femmes et aux jeunes filles qui représentent une frange importante de la population et remarquable par sa vulnérabilité socioéconomique et culturelle.
En effet dira M. Attaher, aujourd’hui encore cette tranche de la population fait face au Niger à de graves problèmes de violation de ses droits fondamentaux; conséquence d’une part, de certaines pratiques culturelles qui persistent et d’autre part d’un cadre juridique et institutionnel de protection balbutiant face aux pesanteurs socioculturelles. L’un des défis majeurs du développement durable réside, alors, dans la pleine reconnaissance des droits de la femme dans tous les domaines de la vie et dans la lutte contre les violences à son égard, qu’elles soient, physiques, morales ou économiques.
La première étape pour relever ces défis est de fortifier le cadre juridique protégeant cette catégorie de la population afin de le rendre plus protecteur. Ainsi, dans les situations où la loi est absente, le législateur doit être appelé à légiférer ; dans les situations où la loi balbutie elle doit être plus rigide, car dit-on «dura lex sed lex» autrement dit ‘’la loi est dure, mais c’est la loi’’. L’amélioration du cadre juridique reste un préalable pour gagner cette croisade contre les violences envers les femmes et les filles. Même s’il faut le reconnaître qu’au Niger, la question des violences faites aux femmes et aux filles est sortie de l’ombre, depuis quelques années, en grande partie, grâce à l’action des organisations œuvrant dans le domaine à travers les campagnes d’information et de sensibilisation, la bataille est loin d’être finie.
La représentante du Médiateur de la République Mme Adize Ousseini a indiqué pour sa part que «nous avons le devoir de continuer à agir pour lever les obstacles qui freinent la pleine participation de la femme et de la jeune fille au développement socio-économique de sa société». Cette campagne de sensibilisation, a-t-elle ajouté, vise à mobiliser les pouvoirs publics, la société civile, les parents, les communautés, les partenaires et les médias afin de s’assurer que tout en grandissant les filles et les femmes doivent bénéficier d’une éducation de qualité, les atouts et les compétences de vie nécessaires à leur protection et à leur autonomie. Enfin Mme Adize Ousseini s’est déclaré convaincue qu’au sortir de la rencontre d’Agadez, les participants parviendront à formuler des recommandations fortes afin de consolider les droits des femmes et des jeunes filles.
La représentante du Médiateur de la République a par ailleurs remercié le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dont l’appui technique et financier a permis l’organisation de cette campagne de plaidoyer sur les enjeux de l’actualisation du cadre juridique national protégeant les femmes et les jeunes filles des violences dans le cadre du programme Spotlight Niger.
Abdoulaye Harouna, ANP-ONEP/Agadez