Le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Mohamed Bazoum a rencontré, hier matin, au Centre international de conférences Mahatma Gandhi de Niamey, les ambassadeurs, les chefs des missions diplomatiques et les représentants des organisations internationales accrédités au Niger pour discuter avec eux sur la question des populations déplacées des régions de Tahoua et de Diffa fuyant les exactions du groupe terroriste Boko Haram. Cela en prélude à la visite de terrain qu’il compte entreprendre dans la région de Diffa. Il s’agissait aussi d’échanger au sujet de l’accompagnement pour les services de base pour le retour des populations déplacées ou réfugiées mais aussi de l’appui dans le redémarrage des activités économiques. La rencontre s’est déroulée en présence du Premier ministre, Chef du gouvernement, SE Ouhoumoudou Mahamadou et des membres du gouvernement.
«Cette opération que nous avons entamée est très importante au regard de ses enjeux. Nous y accordons de l’intérêt. Nous souhaiterions votre accompagnement. Ces populations déplacées et refugiées dans la région de Diffa sont près de 300.000 personnes. Ce mouvement des populations est provoqué par les exactions des organisations terroristes. Pour ceux qui se sont rendus dans la région de Diffa, en quittant la ville de Maïné Soroua pour aller à Nguigmi, sur tout le long de la route nationale N°1, vous avez de part et d’autres de la route des camps de refugiés. Ce sont des populations qui ont vécu jusqu’à présent des conditions très difficiles et qui ont besoin de l’assistance du Gouvernement et du Système humanitaire international. Nous nous imposons pour qu’ils puissent disposer de services de base en termes de soin, de disponibilité des écoles, de l’eau de la nourriture», a dit le Président Mohamed Bazoum à l’entame des échanges.
Le Chef de l’Etat a ensuite relevé que pour les populations qui sont venues du Nigeria, leurs enfants n’ont pas le même système scolaire, cela parce que la langue d’enseignement au Niger est le français. Ce qui constitue un grand problème pour ces derniers. Il a salué les actions des organismes humanitaires internationaux pour leur réponse face à la crise. «Je me rappelle, en 2016 de la grande attaque de Bosso qui avait fait naître un grand mouvement des personnes pour se retrouver sur le long de la RN1. Mais grâce à votre grande mobilisation et l’efficacité de votre intervention, nous avons pu stabiliser la situation», a ajouté le Chef de l’Etat, avant d’indiquer que depuis lors, les choses sont devenues encore dures parce que les services de base ne fonctionnaient plus comme avant.
Le Président de la République a fait l’exposé de toute la situation, jusqu’à évoquer le système de kidnapping développé surtout par des jeunes enfants. Aujourd’hui, a-t-il affirmé, l’Etat a pris la décision de ramener les populations dans leurs villages respectifs en assurant des bonnes conditions de retour et de sécurité aux populations déplacées. Il a relevé aussi l’enthousiasme et la joie des populations pour l’initiative de l’Etat de les ramener dans leurs villages. «Cette opération a commencé par la ville de Baroua. En ce moment nous avons ramené plus de 100.000 personnes en quatre jours avec beaucoup d’émotions. Elles disent que, nous leur avons rendu un grand service pour leur avoir permis de retourner dans leurs maisons», a déclaré le Président Bazoum.
Pour le Chef de l’Etat, si l’opération de Baroua réussit, tous les autres villages vont s’en suivre parce qu’il y a un réél engouement au sein de la population. «Nous avons promis aux populations qu’elles vont vivre moins précaires. L’Etat assurera la sécurité et les services sociaux de base. Nous allons ensemble avec vous les partenaires mener ce travail, c’est pourquoi, je vous ai personnellement invités à être à nos côtés pour relever ce défi», a-t-il soutenu.
Concernant sa visite qu’il va très prochainement effectuer, le Chef de l’Etat a donné rendez-vous au Gouverneur de l’Etat de Borno, SE Babagana Zulum dont la plupart des réfugiés viennent de son Etat pour qu’ils discutent ensemble du programme de retour des Nigérians. «Le Gouverneur de Borno est très dynamique et méthodique. Nous avons constaté qu’il a pu ramener beaucoup de populations déplacées en construisant des bâtiments, en créant des infrastructures sociales etc. Il a replanté des villages des zones plus dangereuses du côté du lit de Lac Tchad. La discussion se fera à trois avec l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR)», a précisé le Président de la République avant d’insister sur le soutien et l’assistance des partenaires afin de relever le défi.
Le Président de la République a aussi évoqué la situation des populations déplacées de Tahoua, où le gouvernement a demandé de démanteler le camp de Intikar qui, le Chef de l’Etat, n’est pas un camp, mais une Zone d’Accueil pour les Réfugiés (ZAR). Ce qui est un nouveau concept de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Ce sont des dispositifs mis en place pour les populations nomades qui se déplacent avec leurs animaux. «Nous avons décidé de fermer la ZAR de Tazelit qui est occupée par des populations locales de la zone où souvent les terroristes recrutent des jeunes qui se retrouvent dans ces ZAR», a-t-il amplement expliqué.
En ce qui concerne les partenaires présents dans la salle, la coordinatrice du Système des Nations Unies, Mme Louise Aubin a apprécié l’analyse et la lecture faite par le Chef de l’Etat sur la situation de retour des populations déplacées des deux régions. La diplomate onusienne a ensuite évoqué la question de la planification du programme d’accompagnement et d’installations des infrastructures dans certaines zones de retour.
Pour sa part, l’Ambassadeur de la République de Turquie au Niger, SE. Mustapha Ari Turker a quant à lui souhaité une correspondance de la part du Ministère des Affaires Etrangères, une note verbale circulaire précisant les besoins urgents. Cela va faciliter à leur Gouvernement de faire rapidement une évaluation pour répondre promptement à la sollicitation.
Les préoccupations des deux intervenants ont reçu une large explication de la part de SE Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat, résolument engagé pour trouver des vraies solutions à la situation des populations déplacées.
Seini Seydou Zakaria(onep)