Après les organisations de la société civile le 6 août dernier, le Président de République, Chef de l’Etat, SE. Mohamed Bazoum a rencontré, hier dans l’après-midi, au palais de la Présidence, les responsables des organisations professionnelles de transport des marchandises et transporteur-voyageurs nigériens au sujet de la hausse du prix du gasoil. Cette rencontre d’échanges s’inscrit dans le cadre de la démarche de sensibilisation des acteurs sociaux et économiques sur les enjeux de la décision ayant conduit à la hausse du prix du litre du gasoil à la pompe qui est passé de 538 FCFA à 668 FCFA et la nécessité de limiter les impacts sur les prix du transport et des marchandises. Les échanges se sont déroulés en présence du Premier ministre par intérim, des ministres en charge du Commerce, des Transports, du Pétrole, des Energies ainsi que celui des Finances.
Cette démarche consiste pour le Chef de l’Etat à impliquer ces différents acteurs de la chaine des transports afin qu’ils participent à éviter les répercussions de cette hausse du prix du gasoil sur le transport. «C’est vrai nous ne pouvons pas dire que c’est une bonne chose, mais vaut mieux l’augmentation du prix du gasoil que de ne pas en avoir», estime Seydou Souley dit SS, président de la Coalition des syndicats des transporteurs des marchandises du Niger. Après avoir écouté pendant plus de 30 minutes le Président Bazoum sur les raisons de la décision du gouvernement, M. Seydou Souley pense que c’est une décision que les transporteurs comprennent mieux. En effet, la ruée vers le gasoil nigérien relativement beaucoup moins cher auparavant, les avait poussés à immobiliser des camions pendants des jours suite à l’indisponibilité totale du carburant dans certaines villes de transit.
«Nous étions à 538 FCFA le litre et dans les pays voisins, le plus bas prix est 638 FCFA (au Benin), et jusqu’à 1.200FCFA (au Nigeria). Mais même si, l’Etat diminuait à 300 FCFA le prix, du nous les Nigériens, ne pouvons pas en profiter comme nous l’entendons. Même à 538 FCFA, il est consommé par les usagers étrangers de la sous-région. Nous avons l’habitude de garer des camions pendant 10 à 17 jours au niveau des stations à Gaya et Konni. Et l’Etat ne peut pas empêcher aux camions des pays voisins de faire le plein dans une station au Niger, parce qu’ils vont riposter à leur manière, dans la mesure où ce sont eux qui ont les ports. S’ils nous interdisent à leur tour l’accès à leurs ports, ce sera la catastrophe. Mais si nous revenons presque au même prix que les autres pays de la sous-région, il n’y’aura pas de problème, nous allons avoir le gasoil».
Le président de la Coalition des syndicats des transporteurs des marchandises du Niger pense que tout transporteur de marchandise comme lui ne peut pas dire qu’il est contre cette option de garantir la disponibilité du carburant. Cela y va en effet du ravitaillement en denrées dont le Niger est un grand importateur. M. Seydou Souley dit SS qui affirme avoir en service à lui seul plus de 180 camions de transport de marchandise, explique que, c’est un véritable souci que de se voir obliger de parquer un camion pour la non disponibilité du gasoil alors qu’il peut faire 3 tours à Cotonou en un mois. «Nous avons pris des engagements devant le Chef de l’Etat et nous allons tout faire pour que cette hausse du prix du gasoil ne soit pas synonyme d’augmentation du prix de transport et des produits de première nécessité. Nous ne disons pas que nous n’allons pas augmenter mais ce sera une hausse minime», a précisé le président de la coalition des syndicats des transporteurs des marchandises.
«Aujourd’hui nous n’avons même pas augmenté que certains commerçants s’adonnent à des spéculations. Ce n’est nullement lié au prix du gasoil», s’étonne le président des transporteurs. «Par ailleurs, nous apprenons dans la ville que des gens parlent au nom des transporteurs alors qu’ils n’ont même pas de camions et qui appellent à aller en grève.», s’est étonné M. Seydou Souley.
Pour sa part, M. Mohamed Ben Gahane, Secrétaire général de l’organisation patronale des gares modernes, rappelle à son tour que depuis un certain nombre de mois, le pays vivait au rythme de pénurie de gasoil. «Etant un pays producteur qui avait maintenu le prix relativement bas par rapport aux pays voisin, le Niger a enregistré une ruée sur son gasoil du fait de la raréfaction du produit sur le marché régional. Cette décision du gouvernement intervient donc pour nous rendre le gasoil disponible au Niger. Nos positions sont convergentes sur ce point, il le fallait. Cette décision, nous la validons totalement», a-t-il soutenu.
Ismaël Chékaré(onep)