Dans un contexte comme celui des pays du Sahel, la radio qui a une forte influence sur le grand public joue un grand rôle dans le renforcement de la résilience des populations et l’accompagnement des Etats dans les actions de lutte contre le terrorisme. Du fait de la tradition dominante de l’oralité et aussi de la facilité de transmettre des messages aux communautés, l’accessibilité de la radio constituent une énorme opportunité pour accompagner le développement du pays. Pour l’essentiel, les radios communautaires produisent des programmes et émissions qui font partie du quotidien des Nigériens et qui prennent en compte les préoccupations du monde rural. Elles véhiculent des messages relatifs à la santé, l’éducation, l’agriculture, l’élevage, la paix, la sécurité, le développement du pays. Elles relaient également des informations visant à sensibiliser les populations à œuvrer pour la cohésion sociale, à renforcer les liens d’amitié et de fraternité à travers la création des fadas, des clubs, d’associations, et des groupements des femmes et des jeunes.
L’actualité dans notre pays est marquée ces derniers temps par des crises socio politique, sécuritaire, climatique, migratoire, etc. Qui mieux que les radios communautaires, proches des populations les plus exposées pour prendre en charge ces questions ? M. Moussa Hassane, Coordonnateur régional Niamey/Tillabéri et Secrétaire Général de la Coordination Nationale de radios communautaires du Niger (CN-RACOM) explique. « Les médias communautaires peuvent être considérés comme indépendants, sans but lucratif, dirigés par les communautés qu’ils desservent et sont au service de ces dernières. Créée en 2007, notre organisation compte 21 membres et a pour but de promouvoir les radios communautaires par la création des conditions propices à la circulation de l’information et aux échanges d’expériences inter et intracommunautaires. Ces médias ont la responsabilité de rapporter de façon objective et équilibrée les évènements, de promouvoir le dialogue et la coexistence pacifique ».
Depuis le début de la décennie en cours, la région du Sahel fait face à un climat d’insécurité croissant. L’un des foyers majeurs de tension et de violence est la région de Liptako Gourma notamment la zone frontalière que partagent le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cette crise multidimensionnelle menace d’embrasser tous les pays de la sous-région et si aucune action durable n’est prise pour assurer cette quiétude sociale. En plus de la crise sécuritaire, la zone du Liptako Gourma est caractérisée par des crises politiques et environnementales, économiques exacerbant la pauvreté et le chômage et la radicalisation des jeunes. Pour le SG de la CN/RACOM, cette situation exige une réponse immédiate, des actions à court et long terme. « Au niveau des radios communautaires, on a compris cela et il fallait apporter notre contribution pour construire la paix entre les Nigériennes et les Nigériens et combattre l’extrémisme violent chez les jeunes », a-t-il confié.
Notre vision aussi c’est de « contribuer au changement de comportement des populations pour le développement de nos communautés, à travers les émissions produites par ses radios membres ». L’association œuvre donc pour la professionnalisation des radios communautaires afin qu’elles produisent des émissions, des débats qui prennent en compte les préoccupations du développement des populations nigériennes en général et celles des communes d’attache en particulier. Ces radios animent des débats interactifs pour amener les uns et les autres à cultiver l’esprit de patriotisme afin d’accompagner le CNSP à bouter les terroristes hors du pays. Les instances de cette organisation saisissent toujours les bonnes occasions pour rappeler la nécessité de développer et de renforcer les valeurs de civisme et de citoyenneté surtout en cette période marquée par la crise sécuritaire et la cherté de la vie.
Par ailleurs, la Coordination nationale des Radios Communautaires du Niger a initié avec ses partenaires des formations de journalistes, animateurs et animatrices pour produire des émissions qui contribuent à prôner l’esprit de paix et du dialogue entre les différentes communautés du pays et d’entretenir un esprit de confiance mutuelle, de tolérance, de respect dans une commune volonté de vivre ensemble.
Au lendemain du 26 Juillet dernier, le Niger vit une situation très difficile suite aux sanctions infligées par CEDEAO. Les radios communautaires sont en train d’apporter leur contribution pour que les Nigériens s’unissent partout où ils sont et qu’ils puissent lutter derrière le CNSP afin que le pays puisse retrouver sa vraie souveraineté. « A travers des émissions, les animateurs apportent leur contribution dans la sensibilisation des commerçants pour qu’ils puissent alléger les charges aux foyers nigériens s’agissant des prix des denrées alimentaires sur le marché et pour que chacun de nous, sans exception comprenne que c’est une lutte commune. Quand la souveraineté nationale sera retrouvée tout le monde peut aspirer à de très bonnes conditions de vie. Dans le cadre de la sensibilisation, nous apportons notre contribution pour que les hommes ne soient pas aussi enrôlés dans les groupes armés », affirme Moussa Hassane.
La Coordination nationale des Radios Communautaires du Niger lutte pour la professionnalisation des radios communautaires afin qu’elles produisent des émissions en langues nationales de meilleure qualité qui prennent en compte les préoccupations du développement des populations nigériennes en général et celles des communes d’attache en particulier.
Le SG de la CN/RACOM précise que dans toute société démocratique, il existe ces genres d’outils pour encourager la liberté de s’exprimer et l’accès à l’information. En matière de communication en période de crise et ou de conflits, les radios communautaires aident non seulement à combler des lacunes importantes mais permettent aussi à la population d’accéder à des informations importantes pouvant aider à améliorer la situation sécuritaire. En cas de conflits entre agriculteurs et éleveurs également, elles arrivent à prendre en compte les préoccupations des uns et des autres afin d’y remédier. Ces radios attirent l’attention des populations et servent de moyens au monde rural d’exercer leur droit de s’exprimer librement et d’avoir accès à l’information nécessaire pour un changement positif.
Toutefois, insiste-t-il, l’existence de ces radios ne doit pas exclure les autres médias notamment la télévision, la presse écrite et les réseaux sociaux dans le combat. C’est un mouvement d’ensemble pour l’instauration d’une culture médiatique. C’est pour la CN-Racom a noué des partenariats avec le Ministère en charge de la Communication qui est la tutelle et certaines organisations nationales et internationales. « Nos partenaires prennent en charge la diffusion des informations saisonnières, la transhumance transfrontalière, la prévention des conflits agriculteurs et éleveurs, la sensibilisation sur les feux de brousse et autres catastrophes, l’enregistrement des naissances, la scolarisation des enfants et le maintien des filles à l’école, la prévention non violente des conflits et le dialogue intercommunautaire », précise Moussa Hassane.
Plusieurs réalisations sont à l’actif de cette structure dont l’élaboration d’une charte des radios communautaires ; l’organisation de concours des meilleures émissions entre radios, la réhabilitation et le renforcement de capacités de plusieurs radios communautaires avec l’appui des partenaires (Ministère, HACP, DANIDA, Voix de la Paix, etc. Toutefois, le SG de la CN/RACOM déplore le fait que les médias communautaires n’ont pas accès au fonds d’aide à la presse. L’essentiel de leurs revenus provient des prestations de services, des cotisations des clubs d’écoute et membres des associations, des soirées culturelles etc.
Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)