L’union Makani de Gaya est une structure féminine composée de dix (10) groupements dont cinq (5) basés dans la ville de Gaya. Tous ces groupements évoluent dans la chaine de commercialisation du riz made in Niger. Le département de Gaya étant une zone favorable à la production rizicole, il dispose au total de cinq (5) aménagements hydro-agricoles situés le long du fleuve Niger. Dans la perspective de l’autonomisation de la femme, l’union Makani des femmes du dendi s’investit dans le secteur rizicole. Elle dispose d’un siège où se trouvent les machines de décorticage du riz ; de séparation du son et des grains ainsi que deux grands magasins de stockage de riz dont l’un ne contient que les sacs de riz prêts à la vente et l’autre du riz non encore décortiqué. Elle a aussi une grande aire de séchage du riz.
Le centre de l’union Makani est situé dans un bas-fond à quelques encablures de la direction départementale des Eaux et Forêts de Gaya. Ce mercredi 8 septembre est un jour de repos pour les membres de l’Union. Il n’y a pas donc pas de regroupement des femmes de cette Union. A notre arrivée sur le site, seule une femme et ses deux filles sont assises sous un arbre. Elles découpent le gombo frais issu de la cette compagne agricole en cours dans notre pays. Après un coup de fil, la présidente de l’Union Makani Mme Zeinabou Sirfi nous rejoint sur le site en compagnie de certaines de ses collègues de travail et membres de l’Union Makani. Cette Union créée en 2015 compte actuellement 247 femmes membres.
Ces femmes qui commercialisent le riz produit à Gaya sont appuyées par le projet ADF qui a mis à la disposition de l’union Makani une machine de décorticage du riz ; un véhicule ; une plaque solaire et construit un certain nombre de terrasses par faciliter le séchage du riz. Le projet ADF avait également octroyé à l’Union des intrants agricoles tels que les semences et les engrais. Ces intrants sont remis aux producteurs qui remboursent l’Union en riz après la campagne. L’ADF achetait aussi à l’Union du riz auprès des producteurs afin qu’elle puisse travailler et générer des ressources financières à même de permettre à ses membres de satisfaire leurs besoins individuels et collectifs. «Il nous arrive aussi de nous rendre directement dans les champs du riz pour acheter. Ce déplacement est motivé par le fait qu’il a été constaté que ce sont les commerçants Nigérians qui descendent directement dans les champs de riz pour acheter toute la production. Au moment où le riz n’était pas cher, nous achetons le sac du riz non décortiqué entre 12.500 F à 13.500 F. Mais maintenant, le sac coûte jusqu’à 14.000 voir 16.500 F. Lorsqu’on décortique le riz, on revend le sac de 25 Kg de Gambiaca à 13.000 F. la variété Zimbo à 12.000 F», a expliqué Mme Zeinabou.
En plus, il faut préciser que pour permettre aux populations ayant un pouvoir d’achat faible de se procurer du riz vendu par l’Union, une stratégie commerciale est bien développée. C’est ainsi que des sacs de 5 kg, de 10 kg, de 25 kg et 50 kg sont mis en vente pour les populations du dendi et des autres clients des villes Dosso ; Niamey etc. L’union vend respectivement le riz de 5 Kg entre 2500 F à 3000 F selon la variété ; celui 10 Kg à 5000 F ; les 25 Kg à 13.000 F et les 50 kg à 25.000 F voire 26.000 FCFA. L’Union commercialise deux variétés de riz à savoir le Gambiaca et le Zimbo. C’est surtout les fonctionnaires de Gaya qui sont les principaux clients de l’Union Makani. Avant, les femmes de l’union participaient aux foires nationales et internationales. L’organisation a un compte bancaire dans lequel elle verse les recettes liées à la vente du riz. En plus des fonctionnaires de la ville de Gaya qui viennent acheter le riz, la présidente de l’Union ajoute qu’elles ont aussi clients venant de la ville de Kamba au Nigéria.
La commercialisation du riz est une activité génératrice de revenus pour ces femmes. L’activité, a dit Mme Zeinabou, nourrit bien son homme. «Nous sommes solidaires au point où lorsqu’une des membres a une cérémonie telle que le mariage ou baptême, l’union lui prête de l’argent pour organiser l’événement. Le paiement est flexible», a souligné la présidente. Les femmes de l’union sont reparties en groupe. La division du travail est bien structurée pour permettre d’accélérer le travail dans la perspective de répondre aux commandes déjà enregistrées. «Le riz est bien travaillé de telle sorte que ce sont les clients eux-mêmes qui nous le disent. En matière de vente, celui qui triche a toujours peu de clients. Par contre, celui ou celle qui se donne à fond dans le métier qu’il exerce, voit ses clients augmenter du jour au lendemain», a relevé Mme Zeinabou. Sur chaque sac de riz décortiqué, le groupe de travail a 1000 F. Le son du riz est aussi vendu aux charretiers à 2000 ou 2500 F en fonction du coût du prix d’achat du sac non décortiqué. Par jour, le groupement féminin de Gaya qui exploite les installations du centre peut décortiquer jusqu’à 10 sacs de 100 Kg de riz.
Quant à la Fédération des Unions des coopératives de producteurs du riz du Niger (FUCOPRI) et VECO, ils ont appuyé l’Union Makani de Gaya en mettant à sa disposition des sacs avec le logo de l’Union. Un emballage qui distingue bien le riz commercialisé par l’Union avec l’inscription ‘’Les délices du dendi’’. En parlant des difficultés liées à l’écoulement, la présidente de l’Union Makani souhaite voir une structure qui viendra acheter tout le stock. «Pour l’instant, nous n’avons pas de grosses commandes qui nous permettent de travailler tous les jours», a-t-elle souligné.
Hassane Daouda, Envoyé Spécial(onep)