La Cellule Nationale du Traitement des Informations Financières (CENTIF) tient, depuis le 11 octobre, et ce pour trois jours à Tahoua, un atelier de renforcement des capacités des autorités de poursuite et de jugement des régions d’Agadez et de Tahoua en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Selon M. Falalou Nassirou Mahamane Sofo, magistrat de la CENTIF, cette formation concerne 24 magistrats de siège et du parquet du ressort de la Cour d’Appel de Tahoua (Agadez et Tahoua) et est axée sur 7 thématiques, toutes aussi importantes, afin de mieux outiller les acteurs qui, dans le dispositif national de lutte contre ces’’pestes modernes’’ qui occupent la place déterminante d’instruire et de juger.
A l’ouverture de la formation, le Secrétaire général adjoint de la région de Tahoua, M. Mahamadou Assalé a d’abord rappelé que, la lutte contre la criminalité financière est l’une des plus hautes priorités de la communauté internationale en général et des autorités nationales en particulier, en raison notamment de l’impact négatif de ce phénomène sur la stabilité macroéconomique, sur l’intégrité et la stabilité des institutions financières ainsi que sur la bonne gouvernance. En effet, «ce fléau est considéré comme une source majeure d’instabilité des marchés financiers, mais également un facteur permanent de perturbation de l’ordre public et d’insécurité dans le monde», a-t-il dit. Ainsi, le Niger s’est-il inscrit dans la dynamique mondiale en mettant en place un dispositif national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ce faisant, le Rapport d’Evaluation Mutuelle du Niger, adopté en août 2021 par les instances du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment des capitaux en Afrique de l’Ouest (GIABA), a notamment fait ressortir les principales insuffisances du dispositif national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, tant sur le plan de la conformité technique que sur celui de l’efficacité. Ceci, souligne le SGA de la région de Tahoua, du fait d’une faible spécialisation des autorités de poursuite et de jugement en la matière. «Aussi, il ressort de ce rapport que, la pratique des enquêtes et poursuites pour blanchiment des capitaux et financement du terrorisme s’avère récente et non encore généralisée dans notre pays», a-t-il poursuivi.
Au regard de ces constats, la CENTIF, avec l’appui de l’Union Européenne, a entrepris de dérouler un programme d’activités de renforcement des capacités des acteurs nationaux de la chaîne de LBC/FT, dans le cadre duquel intervient l’organisation de cet atelier. Cela explique, M. Mahamadou Assalé, pour non seulement permettre aux magistrats notamment, de mieux cerner les phénomènes de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme, de s’approprier les instruments juridiques nationaux et internationaux y relatifs mais aussi maîtriser les techniques de poursuite et de jugement des cas éventuels.
Le Secrétaire général adjoint de la région estime qu’en leur qualité d’autorité de poursuite et de jugement, les magistrats ont un rôle primordial à jouer dans le cadre du renforcement de l’efficacité du volet répressif du dispositif national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ismaël Chékaré,ONEP-Tahoua