Le phénomène de la mendicité prend de plus en plus de l’ampleur dans la capitale du Niger. Malgré le combat que mènent les autorités pour éradiquer ce fléau, beaucoup reste à faire. Ces dernières années, on constate une forte utilisation des enfants dans la mendicité. Munis de leur sébile, ces jeunes dont l’âge varie entre 5 et 15 ans arpentent les rues et les grandes artères de la capitale chaque jour à la recherche du gain ‘’facile’’.
Au Niger le phénomène de la mendicité est devenu une activité lucrative pour nombre de jeunes à Niamey, malgré qu’il soit considéré comme un acte non appréciable. En effet, beaucoup de jeunes ruraux qui se rendent dans des zones urbaines à la quête du savoir (école coranique) tombent malheureusement dans la mendicité. Ainsi, de la première lueur de l’aube jusqu’au coucher du soleil, ces jeunes talibés prennent d’assaut, les grandes artères, rues et ruelles, coins et recoins, les carrefours et espaces publics, à la quête du ‘’gain facile’’. Ils sont pour la plupart des bras valides qui préfèrent la facilité à l’endurance. A Niamey le constat est amer, certains se cachent sous le couvert de la religion pour faire de la mendicité une profession. Or, selon les explications de certains oulémas, la religion musulmane interdit la pratique de la mendicité à l’exception de certaines catégories dont : les personnes en situation de handicap, les personnes âgées de plus de 60 ans si les conditions ne sont pas réunies et les victimes des catastrophes.
Un jeune talibé âgé de 10 ans du nom de Mahamadou rencontré au Petit marché de Niamey explique son quotidien : «Je viens du quartier koubia. Je sors de chez mon maitre après la prière de fadjr pour chercher de quoi manger, car si nous ne cherchons pas par nous-mêmes, nous n’allons pas manger», explique le jeune garçon.
Abdoulaye quant à lui, talibé aussi a ciblé les jours fructueux comme le vendredi où les musulmans se réunissent pour la prière du jumu’ah et profitent pour faire des sadaqa. «Mes parents biologiques sont à Téra. Ils m’ont envoyé ici pour fréquenter l’école coranique à l’âge de 6 ans. Je pars fréquemment à la mosquée le vendredi, car c’est un jour où l’on a beaucoup plus de ‘’sadaqa’’. Quand je rentre chez le maitre, je divise ma recette de la journée en deux. Il prend une moitié et je garde l’autre moitié», a relaté le jeune Abdoulaye.
Agé de 12 ans, le jeune Oumarou, un talibé de son état explique qu’ils sont pour la plus part des talibés conscients des dangers liés à la mendicité surtout le fait de courir à tort et à travers sur les voies. «Nous prenons quand même le risque de courir entre les voitures surtout quand on nous appelle. Moi personnellement, je traverse sans regarder autour de moi, de peur qu’un autre me devance et prenne l’argent», ajoute-t-il.
Hormis, les jeunes talibés qui déambulent dans la ville à longueur de journée, on y trouve également des enfants de la rue, abandonnés par leurs parents. C’est le cas de cette jeune fille qui a préféré garder l’anonymat. Visiblement âgée d’une quinzaine d’années, elle ignore totalement les dangers que pourrait avoir cette activité. La jeune fille est contrainte de pratiquer la mendicité pour pouvoir manger. «Je n’ai pas d’autre alternative que de parcourir les voies pour mendier, sans cela je ne pourrais pas me nourrir parce que je vis avec ma grand-mère qui est très âgée. Le plus souvent, je lui sers de guide mais maintenant elle est fatiguée et ne peut plus continuer la randonnée», a-t-elle confié.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)