
A Niamey, les ateliers de menuiserie-tapisserie poussent comme des champignons, sur les rues et aux alentours des marchés; avec des modèles de luxe, comparables aux meubles importés. À force de réparer les fauteuils, tables, lits et chaises importés, les tapissiers et menuisiers parviennent, aujourd’hui à capitaliser leur expérience pour reproduire avec le maximum de justesse des designs à base de certains matériaux qu’ils achètent. Mieux encore, selon les fabricants, leurs produits sont aujourd’hui, les plus compétitifs par rapport aux fauteuils, tables, lits et chaises importés et les populations ont tendance à préférer ce qui est « local ».
«Le dévouement à la tâche ne déçoit point », dit-on. Il suffit, tout simplement que ces tapissiers aient le modèle donné pour le reproduire, à l’identique. « En les réparant nous comprenons comment et de quoi ils sont faits. La plupart des cas, nous leur rechangeons la couverture; la mousse, ou la planche. C’est ainsi que nous nous inspirons à appliquer ces modèles modernes, mais sur mesure et avec des matières plus solides », explique Abdoul Kader Idrissa, un tapissier au quartier Recasement de Niamey. « C’est la sous-estimation des œuvres locales qui fait que certains préfèrent les meubles importés, supportant du coup; le coût de transport, en plus de leur récurrente dégradation », affirme Abdoul Kader Idrissa, confectionneur des lits; des armoires, des canapés et des tables. Loin de vouloir vanter son label, de ses vingt ans d’expérience en menuiserie-tapisserie, il relève que depuis ces trois dernières années, la clientèle a tendance à préférer leur chef d’œuvre, d’où d’ailleurs le développement du métier de menuiserie-tapisserie. « Nous avons les notions de base. Dieu merci, nous disposons des outils, qui nous donnent l’aptitude de les faire. Il nous manque que les gros moyens de forte production ou de l’industrialisation, proprement dite », indique Abdoul Kader. « Les fauteuils fabriqués ici, sont plus résistants et moins chers. Il y a des salons importés à 2 millions, 1 million et demi, ou tout au moins 1 million de FCFA ; et, nous notre plus grand prix est de 700.000 FCFA. Presque le même écart est à déplorer, s’agissant d’autres genres de meubles », soutient Assoumane Ousseini menuisier-tapissier depuis 2011 à Yantala.
« Nous nous procurons les planches au bois « blanc semelle » au niveau du marché Katako. Nous utilisons du « skye » (couverture) en cuir, ou plus souvent semi synthétique, qui nous provient principalement du Nigéria. Une feuille de planche coute 13 000 FCFA, et le « skye » à 3 000 FCFA le mètre. Une paire de fauteuil peut prendre jusqu’à 35 à 45 mètres de skye et 5 à 20 feuilles de planche, selon le modèle. La troisième grande composante est la mousse qu’on achète au grand marché, généralement. Les paires de salons prennent deux à 8 feuilles, avec des épaisseurs différentes en fonction des endroits du salon », confie Assoumane.
Certes, les composantes utilisées par les artisans de la menuiserie-tapisserie ne dérivent pas des matières locales, mais la valeur ajoutée qu’apporte leur main d’œuvre n’est plus à démontrer. En effet, en plus de l’économie à réaliser sur le coût exorbitant de l’importation des meubles, l’émergence de tels métiers est gage de création d’emploi et d’autonomisation des jeunes. C’est le cas, d’ailleurs de Abdoul Kader, qui vit entièrement de son atelier avec plus de dix collaborateurs, qu’il rémunère après chaque livraison de meuble.
Mahamane Chékaré Ismaël