De la nécessité d’étendre les réseaux d’évacuation pour soulager la population
La saison des pluies au Niger est la période par excellence tant attendue par les populations, notamment celles du monde rural. C’est une période de travail acharné pour le monde rural avec les travaux champêtres. Hélas, en zone urbaine, principalement dans la capitale Niamey, cette période constitue le début du calvaire des populations. En effet, dans la Ville de Niamey, après chaque pluie, les différentes voies de circulation deviennent impraticables. Même les voies bitumées se retrouvent souvent submergées, rendant ainsi la circulation des personnes pénibles. Un problème en grande partie lié à l’insuffisance, voire à l’inexistence à plusieurs endroits du réseau de canalisation pouvant évacuer les eaux de ruissellement dans les quartiers comme sur les routes.
Les cas les plus patents sont le rond-point Francophonie où une mare presque permanente s’est formée sur environ 100m ou encore le rond-point Wadata où les usagers de la route vivent un énorme désagrément. Et pour cause, ces routes construites à coût de plusieurs milliards sont dépourvues de système de canalisation des eaux qui, pourtant, est nécessaire et primordial pour l’entretien et l’assainissement de ces dernières. Après chaque pluie torrentielle, des jours durant, de petites mares de quartier s’installent un peu partout. Une situation qui retire toute envie à la population de circuler en cette période.
En effet, vaste de deux cent trente-neuf virgule trois (239,3 km²) kilomètres carrés, la région de Niamey ne dispose que de 163,34 km de réseau d’évacuation dont 129,5 km de collecteur de surface, soit 79 % du réseau et 34,30 km de réseau souterrain ce qui représente 21 %, selon les données de la mairie centrale. Des chiffres très dérisoires au vu de l’immensité du territoire de la capitale, de la démographie galopante et de l’urbanisation incontrôlée qui donnent naissance chaque jour à de nouvelles cités construites sans aucun aménagement au préalable.
Pour le chef Service hygiène et assainissement de la Ville de Niamey, M. Sékou Abdoul Aziz, techniquement aucune infrastructure routière ne doit être réalisée sans pour autant prendre en compte l’aspect de drainage des eaux et d’évacuation des eaux pluviales. Une responsabilité partagée, selon lui, car la municipalité a seulement la mission de gestion des ouvrages et des infrastructures. « C’est le lieu de statuer et surtout de spécifier aussi les différents niveaux de responsabilité quant à la gestion urbaine dans la Ville de Niamey. Au moment des réalisations, ce sont les Ministères en charge de l’Équipement, de l’Urbanisme ou du Plan qui ont les projets de planification et également les politiques d’urbanisation et d’aménagement urbain », a-t-il expliqué.
M.Sékou Abdoul Aziz, d’ajouter que cet aspect devient aujourd’hui un casse-tête pour leurs services et les autorités municipales en tant que premiers responsables de cette structure urbaine. « Ce sont des manquements qui avaient eu lieu dans les réalisations. Mais je peux vous assurer que des solutions idoines, pérennes et de façon définitive, sont en train d’être prises par rapport à ces cas de figure de stagnation de ces eaux sur les voies bitumées dépourvues de canaux », a-t-il précisé, avant d’ajouter qu’il est aussi possible de réaliser une voie bitumée dépourvue de canaux d’évacuation. Mais la voie en elle-même sert de drain pour un certain nombre d’infrastructures, à l’image du lycée Tayamana, de Bassora, un peu au niveau de la Cour des Comptes. « Vous verrez que ce sont des voies pavées qui ont été faites. Dans ces zones, il a été bien pensé et pris en compte la question du ruissellement ou du drainage des eaux », explique-t-il.
Pour minimiser ces désagréments, le service hygiène et assainissement de la Ville de Niamey propose, pour ces types de quartiers, des travaux de réaménagement, de reprofilage, de décapage dans le cadre de la prévention. « Dans le cadre des prérogatives de nos services, c’est surtout l’entretien et le suivi de ces réseaux d’évacuation d’eau pluviale qui est d’une très quantité importante dans la Ville de Niamey. Ces réseaux sont fonctionnels à 89 %, voire 90 %. Nous pensons que toutes ces batteries d’activités et d’initiatives que nous portons peuvent au moins minimiser ces risques d’inondation et/ou de désagrément que les riverains connaissent et dénoncent dans leur milieu naturel », souligne-t-il.
Outre ces questions de stagnation des eaux de ruissèlement, dans certains quartiers de la capitale, notamment dans le cinquième arrondissement, la saison des pluies réveille les inquiétudes et les craintes d’inondations. Ces voisins du fleuve Niger qui, le plus souvent, construisent sur des voies de passages d’eau, communément appelés les zones inondables, ont déjà commencé à payer le prix fort avec les dernières pluies, à l’image du quartier Nordiré où il y avait récemment eu quelques inondations en juin dernier.
« Certains riverains de ces quartiers pensent qu’on peut s’installer, alors qu’on ne s’installe pas dans un cours d’eau. Nous avons un temps de retour des pluies de minimum cinq ans sur les grandes voies et de deux ans à l’intérieur des zones habitables. Pour ces genres de choses, c’est la sensibilisation qu’il faut privilégier. D’ores et déjà il faut commencer à informer les populations, conformément aux informations que nous recevons de la Direction générale de la protection civile. On les appelle à prendre des mesures de sécurité en amont à chaque fois que le ciel menace ou quand il y a des grandes pluies qui sont tombées où qui s’annoncent », a exlpliqué le chef Service hygiène et assainissement de la Ville de Niamey.
Hamissou Yahaya (ONEP)
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Les populations riveraines du fleuve sur le qui-vive dans le 5è arrondissement
Depuis le mois de juillet, la saison de pluies s’est définitivement installée au Niger et particulièrement dans la capitale Niamey. Ainsi, dans l’arrondissement communal Niamey V, certaines infrastructures routières sont déjà impraticables, laissant ainsi voir des eaux stagnées un peu partout. Les caniveaux qui servaient à l’évacuation des eaux de ruissellement sont par endroit bouchés, ce qui pourrait favoriser les inondations dans certains quartiers de la commune.
Niamey Nyala ou Niamey la coquète ne répond plus à son nom en période pluvieuse. En effet, plusieurs voies, du centre-ville aux quartiers périphériques, présentent des insuffisances liées à la dégradation de ces dernières. Si la saison des pluies est un signe d’espoir pour beaucoup de personnes notamment sur le plan alimentaire, celle-ci est une source de préoccupation pour d’autres qui, suite aux fortes précipitations seront obligés d’abandonner leurs habitations.
C’est ainsi que, suite aux grandes pluies enregistrées à Niamey ces derniers jours, certains quartiers de l’arrondissement communal 5, l’une des communes les plus touchées par les inondations, sont déjà sur le qui-vive. Dans les quartiers qui longent la grande voie de la route Torodi, aucun caniveau n’est en vue. C’est ce qui explique sans nul doute cette gigantesque eau stagnante qui, selon les témoins s’est formée au niveau d’une station-service située à quelques encablures de la Douane Rive Droite. A ce niveau, la circulation devient pénible aussi bien pour les piétons, les motocyclistes que pour les conducteurs qui sont obligés de circuler sur le sens opposé.
A quelques encablures de cette gigantesque flaque d’eau, le nouveau pavé du quartier Zarmagandey est à l’image de la grande voie de la route Torodi, sans caniveaux. Dès qu’il pleut, cette voix devient complétement impraticable pour les usagers. C’est une mare qu’on aperçoit le long de ce pavé remplie d’eau et sans issue de sortie. Toujours dans cette même commune, au quartier Banga Bana, les voies menant à la demeure de Boubé Guézibo, ne dérogent pas au constat général en dépit de la présence des caniveaux. Cet endroit laisse voir une mare où sont charriés d’innombrables détritus qui dégagent une odeur dégoûtante. Ces eaux colorées servent aussi d’abris aux moustiques. Elles contribuent à l’éclosion des larves de moustiques qui pullulent pendant la saison de pluie et engendrent la propagation du paludisme. Mieux, certains de ces quartiers périphériques sont confrontés en cette période de pluies à des risques d’inondation surtout si les pluies deviennent diluviennes.
Au quartier karadjé, dont une partie ‘’Banguisto’’ se trouve sur le lit d’un bras du fleuve, certaines habitations sont déjà cernées par une espèce de rivière. La menace est réelle et les populations riveraines sont impuissantes. Leur quotidien est rythmé d’incertitudes permanentes et de désespoir en saison de pluie. En effet, les cannaux qui existaient avant et qui permettaient d’évacuer les eaux sont bouchés ou bloqués, ne laissant aucune issue pour l’écoulement des eaux de ruissellement. C’est le même constat qui se dégage au quartier Kirkissoye situé toujours dans l’arrondissement communal Niamey 5, où les caniveaux sont remplis de sable.
Salima H. Mounkaila (ONEP)
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Les habitants du quartier Bassora appellent les autorités à s’intéresser à leur situation
La dégradation des routes de Niamey représente un calvaire pour les riverains, surtout en cette période de saison de pluie. Le quartier Bassora qui est déjà dépourvu d’infrastructures routières adéquates, illustre à suffisance le quotidien difficile des habitants de certains quartiers de Niamey. Du fait de cette situation, les habitants du quartier Bassora vivent un véritable casse-tête. En effet, on peut constater que même le nouveau pavé construit en 2022 se transforme en un bassin par endroit.
«Après la pluie c’est le beau temps », a-t-on coutume de dire mais, pour les habitants du quartier Bassora, après la pluie c’est le calvaire. Parce que les routes du quartier Bassora deviennent automatiquement impraticables, plongeant les habitants dans un désarroi profond. Sortir de chez soi pour vaquer à ses occupations et rentrer chez soi devient un vrai parcours du combattant. Les voies se remplissent d’eau, menaçant de rentrer dans les maisons. Sur certaines voies, un seul choix s’impose aux usagers : il faut impérativement passer dans l’eau car il n’y a aucun détour et cela, au risque de s’embourber. Les témoignages des habitants du quartier sont poignants. Ils décrivent leur vécu, leur calvaire en cette période de pluie.
« C’est avec la main au cœur que je sors de chez moi après une pluie car je ne sais pas dans quel genre de mare je risque de tomber avec ma voiture », confie Mme Safia Moumouni, une habitante du quartier. Cette dernière poursuit en expliquant qu’il lui arrive souvent de garer son véhicule dans la maison d’un voisin, un peu loin de chez elle, pour rentrer dans sa maison car la ruelle où se trouve sa maison est bloquée par les eaux.
Certaines voies et ruelles restent totalement bloquées par les eaux de pluie mélangées aux eaux usées déversées dans ces endroits creux par les ménages. Les ordures ménagères et les eaux de pluie rendent très sales et nauséabondes les ruelles et entrainent la prolifération des moustiques et autres insectes qui sont préjudiciables à la santé des populations.
M.Mourtala Djibo, habitant du quartier Bassora et taximan de son état, emprunte régulièrement l’axe « Bassora ». Il précise que ce sont ces voies dégradées et impraticables qui amortissent les véhicules de transport en si peu de temps, ce qui rend le transport cher dans ce quartier. « Les prix d’une course de taxi sont multipliées par deux voire trois parce qu’il faut faire des détours. Nous demandons aux clients de nous comprendre parce que ce n’est pas par gaité de cœur qu’on exige 500 F à plus pour les amener à destination », soutient-il. Les véhicules de transport et les taxis tombent régulièrement en panne. « J’ai fait une semaine sans travailler car mon taxi a eu une panne après que j’ai traversé une flaque d’eau. La voiture est restée au garage pendant plusieurs jours. Les réparateurs ont eu du fil à retorde avant de détecter la panne tellement que le véhicule était embourbé », relate-t-il avec regret.
Le mauvais état des routes rend les déplacements difficiles, lents et périlleux dans le quartier Bassora. Un trajet qu’on peut visiblement faire en quelques 15 à 20 minutes se fait maintenant en 45 minutes voire une heure.
M.Hassane, un autre habitant du quartier s’inquiète de la situation. « Notre plus grande inquiétude est le fait que les eaux restent stagnées devant nos maisons attirant tout genre d’insectes et surtout la prolifération des moustiques », a-t-il déploré.
Face à la situation dans laquelle les populations de ce quartier se retrouvent et ce pendant des années sans lueur d’espoir, celles-ci lancent un appel aux autorités de l’arrondissement communal de s’intéresser à leur cas, car visiblement l’unique pavé construit sans caniveaux n’a fait qu’aggraver le problème de mobilité dans cette partie de la Ville de Niamey.
Ramatoulaye Amadou (Stagiaire)