En marge des travaux de la 1ère édition de la Semaine Nationale du Numérique du Niger, le ministre de la Communication, des Postes et de l’Économie Numérique, M. Sidi Mohamed Raliou et ses homologues du Burkina Faso et du Mali ont effectué des visites à Niamey. C’est ainsi que les trois ministres de la Communication de l’Alliance des États du Sahel (l’AES) se sont rendu, le vendredi 19 avril 2024, dans les locaux du Projet village intelligent pour la croissance rurale et l’inclusion Numérique. Le samedi 20 avril, les ministres ont visité le Centre de Conférences Mahatma Gandhi, les stands d’expositions des entreprises et institutions œuvrant dans le domaine de la télécommunication, avant de se rendre sur le chantier de construction du Centre de stockage de données ‘’data center’’ situé au quartier Lazaret et au Musée National Boubou Hama.
Au village intelligent pour la croissance rurale et l’inclusion Numérique, les trois ministres ont eu droit à un exposé sur le projet, ses réalisations, son état d’avancement et les difficultés rencontrées.
Le Village intelligent, une expérience nigérienne qui inspire
Dans son exposée le coordonnateur du projet village intelligent a expliqué que le projet est structuré en trois composantes dont l’instauration d’un environnement juridique et institutionnel qui touche aussi bien l’inclusion financière que le volet connectivité numérique ; la deuxième composante concerne la connectivité numérique haut débit qui mobilise 63 % du fonds du projet pour étendre la couverture 3G, 4G à plus de 2.175 localités et la troisième composante qui est le développement de l’inclusion financière numérique en se basant sur le « mobile money » et l’alphabétisation financière des populations, des centres numériques et les moyens de payement. Ce projet financé par la Banque Mondiale à hauteur de cent millions de dollars US sera exécuté au cours de la période 2020-2026.
Parmi les difficultés qui ralentissent la mise en œuvre du projet, le coordonnateur a souligné qu’après la COVID, les opérateurs ont fait face à un problème d’acheminement de certains équipements, la suspension des décaissements de la Banque Mondiale suite aux évènements du 26 juillet et les défis sécuritaires.
« C’est une belle expérience de laquelle nous allons nous inspirer aussi pour pouvoir poursuivre notre marche vers une transition digitale effective et réussie ; nous avons des initiatives similaires, mais je pense que ce partage d’expérience est très enrichissant », a indiqué la ministre de la Transition Digitale, des Postes et des Communications Électroniques du Burkina Faso, Mme Aminata Zerbo à l’issue de la visite. Elle a assuré que le Burkina Faso est dans cette même dynamique, à la différence près que le Niger entreprend un vaste projet pour pouvoir couvrir un très grand nombre de localités. « Nous avons la même initiative qui est supportée par le fond d’accès au service universel, mais également par le nouveau projet Banque Mondiale, mais on va dire dans une taille plus réduite. Sans l’alphabétisation numérique, la transition digitale ne saurait être atteinte si nos populations n’ont pas le minimum de compétences, de connaissances pour pouvoir utiliser ces services », a-t-elle conclu.
Le Data Center Nationanl, un pas vers la souveraineté
Le samedi 20 avril, les ministres de l’AES ont visité les différents stands installés à l’occasion de cette semaine du numérique. C’est ainsi qu’ils ont visité le stand de l’Institut Africain de Technologie (IAT), où ils ont été édifiés sur le dispositif du contrôle à distance de l’institut à travers le téléphone ainsi qu’une application qui permet aux étudiants d’avoir accès à leurs PV grâce à leurs cartes d’étudiants et d’un dispositif conçu par les étudiants de ladite institution. Les ministres ont ensuite visité quelques stands dont celui de Zamani Télécoms. Là aussi, ils ont été édifiés sur l’intégration des pays de l’AES grâce à la SIM Nyala qui facilite la communication à travers son forfait d’appel de 5 min à 500 frs uniquement vers les pays de l’AES.
La délégation ministérielle s’est ensuite rendue au niveau du car de retransmission en direct de la Radio et Télévision du Niger RTN.
Après cette étape, les ministres, accompagnés de leurs proches collaborateurs, se sont rendus au niveau du centre national de stockage des données. Un chantier en plein construction avec un taux d’avancement de 10 %. C’était une occasion pour le ministre malien de se réjouir de voir que les pays africains particulièrement ceux de l’AES commencent à travailler pour leur souveraineté en ayant des data centers propres à eux. « Dans la plupart des pays africains, les données sont stockées ailleurs, en dehors de l’Afrique et ce qui n’est pas du tout bon. Je vois que le Niger, le Burkina Faso et le Mali sont en train de travailler pour remettre des data centers de dernière génération, et ça va avoir une grande capacité de stockage, d’organisation et d’entretien de nos données, ça va nous permettre d’avoir notre souveraineté et de sortir vraiment de tous les avatars de l’extra territorialité de nos données », a indiqué le ministre malien de la Communication, M. Alhamdou Ag Ilyene.
A la fin de cette visite, la délégation a pris part au dernier panel sur le financement du Numérique. Les travaux de ce panel ont été sanctionnés par un certain nombre de doléances notamment sur la revue de la législation dans le secteur du numérique. Là également, les trois ministres ont pris bonne note et ont proposé quelques solutions à envisager.
Explorer l’utilisation du numérique pour la promotion du savoir-faire des artisans
Enfin, dans l’après-midi, du samedi 20 avril, les ministres de la Communication malien et burkinabè, accompagnés de leur homologue du Niger, ont visité le Musée national Boubou Hama de Niamey. Le but de ce déplacement était de découvrir les articles confectionnés par nos artisans. A l’issue de la visite, la ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications Électroniques du Burkina Faso, Dr Aminata Zerbo, a indiqué qu’il était important de profiter du privilège qui lui a été fait en recevant la clé de la Ville de Niamey pour découvrir la capitale niégrienne. Et quel lieu mieux que le musée, dit-elle, pour permettre de découvrir la ville de Niamey. « Nos pas nous ont conduits au marché artisanal et c’est avec émerveillement que nous avons apprécié le savoir-faire de nos artisans, les belles pièces qu’ils proposent », s’est-elle réjouie. La ministre s’est dit convaincue que le numérique peut également aider à promouvoir notre culture, notre artisanat, à travers un marché artisanal via la plateforme Kaomini afin de faire la promotion des artisans et de leur permettre d’écouler leurs marchandises au-delà des frontières du Niger.
« L’économie numérique peut les mettre en ligne pour que le monde découvre en même temps que nous, sans pouvoir venir ici, tout ce qui se passe comme important événement et tout ce qui se passe au niveau de l’artisanat de Niamey », a-t-elle suggéré. S’agissant de la Semaine Nationale du Numérique, le ministre de la Communication de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration du Mali, M. Alhamdou Ag Ilyène a affirmé que l’évènement était une apothéose de réussite. Parce que, dit-il, « nous avons bien avancé sur pas mal de points, nous avons pu constater que le Niger va bientôt se doter d’un Data center qui va lui permettre de stocker ses données, de les conserver, de les organiser et de les exploiter sans interférences étrangères. Un pas de plus pour la souveraineté du Niger, car tout pas que le Niger fait, c’est un pas pour l’AES, pour l’Afrique et pour la liberté et la dignité de l’homme », a-t-il conclu.
Hamissou Yahaya et Rabiou Dogo (ONEP)