Le mardi 1er mars dernier s’est tenue, dans la salle de conférence du stade Général Kountché de Niamey, une table ronde entre les acteurs des chaines de valeur ASP/H (Riz, Oignon, viande/bétail, Aviculture, Sésame, gomme arabique, Souchet, Niébé, Moringa). Les présentateurs, les contributeurs et plusieurs professionnels du secteur agricole ont échangé sur les avantages comparatifs, les défis, la compétitivité et la durabilité.
Pour M. Chaibou Gaouri, président de l’Interprofession aviculture du Niger, il n’y a pas assez d’avantages comparatifs dans l’aviculture moderne qui est beaucoup plus centrée sur la production des œufs et des poulets de chair. «Au niveau de l’aviculture moderne les défis sont énormes parce que l’alimentation à elle seule peut prendre 70% dans les coûts de production», a-t-il révélé. Selon ses explications, la prise en charge de la volaille dans les fermes au Niger est faite essentiellement avec d’aliments volaille à base du maïs, de soja et autres sous-produits. «Et au Niger on n’a pas un excédent céréalier qui nous permet d’en avoir au bon prix. Il serait très difficile de développer l’aviculture moderne tant qu’on ne développe pas la production agroalimentaire du marché sous régional», déclare le président de l’Inter profession Aviculture.
M. Chaibou Naguini Tiombiano, trésorier de l’Interprofession Riz, l’un des animateurs de la table ronde a indiqué que celle-ci a mobilisé les trois composantes de la chaine, à savoir les producteurs, les transformateurs, et les commerçants. «L’avantage comparatif du Niger en matière de riziculture, c’est que nous avons des espaces cultivables qui sont traditionnels généralement, les aménagements hors
périmètre, et nous avons l’accompagnement du gouvernement», souligne M. Chaibou Naguini Tiombiano. Toutefois, il a précisé que l’accompagnement des banques fait défaut. «Elles ont un taux d’intérêt très élevé. Ce qui ne nous permet pas d’accéder aux crédits», se lamente le trésorier de l’Interprofession Riz.
L’ancien directeur de l’Office national des aménagements hydro-agricoles (ONAHA), M. Bawa Ousmane est intervenu pour édifier éloquemment l’assistance sur la question de la stratégie pour le développement de la riziculture, dans le cadre de la vision «zéro importation d’ici 2030» et celle de faire du Niger éventuellement un exportateur du riz. «La filière riz est une réalité. De plus en plus au Niger nous sommes en train de développer une stratégie pour que le riz occupe toute la place qui lui revient; parce que le Niger importe pratiquement 2/3 de son besoin en riz. Et donc la production locale ne représente au maximum que 1/3 des besoins», rappelle M. Bawa Ousmane.
Les producteurs et tous les acteurs de la filière riz sont alors tenus d’agir promptement afin que notre pays puisse faire économie de ses devises qui vont à l’extérieur pour l’achat de riz. «Le riz du Niger est un riz compétitif. Et l’existence de cette Interprofession riz fait qu’il y a une organisation autour des producteurs», a-t-il ajouté. Il faut par ailleurs noter que la compétitivité nécessite non seulement la maitrise de la production mais aussi et surtout la maitrise du marché. «Chaque pays va devoir se positionner en fonction de ses avantages comparatifs», estime Bawa Ousmane.
L’un des contributeurs à cette table ronde, Assadeck Mohamed, Directeur Général du FISAN est revenu sur les orientations politiques pour ladite compétitivité. «Pour arriver à la compétitivité qui est l’objectif au niveau de toute les filières, les pouvoirs publics ont pris cette décision à travers ZLECAf. C’est donc aux acteurs du développement de voir comment matérialiser cette compétitivité. Il faut d’abord agir sur la qualité, le prix et la sécurité alimentaire», précise le responsable du Fonds d’investissement pour la sécurité alimentaire au Niger. M. Assadeck ajoute qu’il faut aussi «multiplier la production afin d’assurer notre
sécurité en cas des événements non prévus ou pour l’exportation».
Haoua Atta (ASCN)