La drépanocytose est aujourd’hui un problème de santé publique majeur au Niger. Son taux de prévalence augmente au fil des années et les victimes sont de plus en plus nombreuses, créant une psychose sociale tant au sein des familles concernées qu’au niveau de la population. Les soins et l’hospitalisation de ces malades dans les centres spécialisés coûtent une fortune, sans compter la rareté des produits et le niveau de pauvreté des populations. Ces parents, aux moyens modestes qui vivent leur calvaire quotidien, lancent un cri de cœur aux autorités afin d’alléger leurs souffrances.
M. Abdoul Razak Moumouni est le père d’une fillette drépanocytaire âgée de 11 ans. Il explique sa mésaventure et les difficultés liées au centre. « Ma fille est drépanocytaire SS et a été diagnostiquée à l’âge de 6 ans. La taille du site est insuffisante au vu du nombre de malades qu’il est sensé accueillir. Ce site a une insuffisance notoire de personnel, rendant difficile la prise en charge des patients », confie-t-il. Les produits de première nécessité, poursuit-il, sont très difficiles d’accès et le centre n’en possède pas en quantité suffisante. Outre ces difficultés, M. Abdoul Razak Moumouni évoque également les coûts élevés liés au traitement car les crises sont répétitives sur une durée rapprochée, ne laissant aucun répit aux familles. « On ne peut plus quantifier nos dépenses. À chaque crise, il faut en moyenne 200.000 à 300.000 FCFA pour soulager le malade et ces crises peuvent se produire à n’importe quel moment », dit-il.
Mme Boubacar Fatima est au centre depuis plusieurs jours. Sa jeune fille âgée de 18 ans et son jeune frère de 10 ans sont hospitalisés. « Depuis la création du site, à chaque crise, mes enfants sont ici. Malgré les efforts et le travail acharné des agents de santé, la gestion des crises est difficile. Nous partageons les lits à plusieurs et certains sont sur des nattes », confie-t-elle.
« Ça fait plus de 10 ans que je vis avec cette maladie. Les douleurs sont insupportables à chaque crise et mes parents souffrent énormément du coût de mes soins. Je ne peux ni apporter mon aide, ni guérir de cette maladie mais, j’espère que les autorités nous aideront et que les citoyens donneront leur sang pour nous aider à vivre », a déclaré la jeune fille, hospitalisée depuis plusieurs jours au centre.
Ces familles ruinées par les coûts élevés induits par cette maladie, appellent les autorités à effectuer un recrutement de nouveaux agents de santé au niveau du centre, d’agrandir le site, de mettre à sa disposition des médecins et les produits nécessaires, et de sensibiliser les populations sur le don de sang au niveau du Centre National de Transfusion Sanguine. « Nous espérons que les autorités et les populations prendront en charge cette situation afin de soulager nos familles, les agents de santé et permettre à nos enfants de vivre », ont souhaité ces parents des enfants drépanocytaires.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)