Situé au cœur de la cité des ‘’Djermakoye’’, cet endroit mystique est communément appelé ‘’Botogo Goussou’’. Ce milieu, jadis infréquentable du fait des superstitions qui le caractérisaient est devenu aujourd’hui une place prometteuse pour les braves femmes qui se sont spécialisées et ont fait de leur métier, le décorticage manufacturé de l’arachide à l’aide de machines. En effet, la région de Dosso est une zone par excellence favorable à la culture de l’arachide. Ces femmes déterminées et engagées ont décidé de se battre pour gagner leur pain à la sueur de leur front et cela, malgré le caractère archaïque des moulins de décorticage.
Appelé aussi centre de transformation d’arachide, cet endroit est fréquenté par des femmes venues souvent des villages éloignés de la ville, laissant derrière elles enfants et maris dans l’unique but de s’autonomiser financièrement afin de subvenir à leurs besoins quotidiens et à ceux de leurs familles.
Des femmes de tous les âges travaillent quotidiennement sur ce site, certaines âgées et marquées par le temps, d’autres avec des enfants au dos. On note également la présence, sur cette place, des vendeurs d’eau fraiche, de beignets et de ‘’dambou’’. « Cela fait longtemps que je vends de l’eau fraiche ici. Je passe toute ma journée avec ces femmes et elles achètent aussi. J’entretiens une bonne relation avec elles et je les considère comme mes mamans », a confié un jeune adolescent.
Le décorticage d’arachide est un travail harassant et acharné dans lequel ces femmes fournissent toutes leurs énergies dans le seul objectif de tirer le maximum de bénéfice. Malheureusement, il peine à nourrir son homme. « On décortique le sac d’arachide à 100 francs CFA. Si tu as des clients qui peuvent t’amener une quantité importante de sacs, tu pourras travailler jusqu’à cinq voire six sacs par jours. Celles qui n’ont pas de clients, c’est à peine qu’elles ont trois sacs par jour », a expliqué une dame.
En outre, les outils de travail qu’elles utilisent sont moins sophistiqués et pilotés par des particuliers qui y voient une source d’investissement rentable. Chose qui n’est pas profitable pour ces vaillantes dames qui viennent faire ce travail après avoir fini les travaux champêtres. « Les machines que nous utilisons appartiennent à des personnes qui sont dans la ville. Nous leurs réservons 100F sur chaque 500 F gagnés et versons le montant chaque semaine », a indiqué la femme chargée de collecter ce fonds.
Malgré cette situation pénible, ces femmes n’ont jamais été mises aux oubliettes par les autorités de la région qui les rencontrent fréquemment pour s’imprégner de leur condition de vie. « La semaine passée, on a reçu la visite des autorités. Il y a des journalistes qui viennent souvent avec leurs cameras pour nous filmer, prendre des photos et nous interviewer », a-t-elle ajouté. Néanmoins, ces femmes espèrent une aide des nouvelles autorités pour soulager leurs peines et contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. « Tout ce qu’on peut demander auprès des autorités, c’est de nous doter de machines, car elles sont insuffisantes. Souvent certaines sont obligées d’attendre que d’autres finissent avec le moulin pour pouvoir travailler », a conclu la chargée de collecte des fonds.
Moumouni Saley Daba : (Stagiaire)