Au deuxième jour des travaux du forum national des entreprises et établissements publics du Niger, les responsables d’une dizaine ds sociétés ou services étatiques étaient, le 26 octobre 2022, face à l’assistance. Leurs interventions ont porté sur les voies et moyens visant à enclencher une gouvernance vertueuse au sein de ces entreprises dont la contribution à l’économie nationale n’est plus à démontrer. Cela, au regard des services et prestations qu’elles rendent aux citoyens nigériens et à l’Etat. C’est le directeur de cabinet du Premier ministre qui a dirigé la série de présentations ou communications faites par les responsables de chacun des services concernés par cet exercice qui a permis aux participants d’avoir beaucoup d’informations sur la gouvernance des entreprises et établissements publics au Niger.
La présentation de chacune des entreprises a été canalisée par un timing pour permettre aux participants de s’imprégner de la gestion de ces services étatiques, soit 10 minutes de communication par Société d’Etat ; Société d’économie mixte ; Etablissements Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) ; établissements publics et établissements bancaires. En effet, l’intérêt de cet exercice réside dans le fait qu’il permet à l’Etat d’avoir une claire lisibilité de la performance ou non de l’ensemble de ces services dans une perspective de trouver les solutions ou les remèdes qu’il faut afin d’impulser une dynamique nouvelle dans la gestion et la gouvernance des établissements étatiques.
C’est ainsi que tour à tour, les responsables des entreprises ou établissements publics tels que la Société de Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN) ; la Société du patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) ; la Société Nigérienne de Télécommunications (Niger Télécom) ; la Société Nigérienne de Pétrole (SONIDEP) ; le Conseil Nigérien des Utilisateurs des Transports (CNUT) ; la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et Matériels Agricoles (CAIMA) ; l’Office National des Produits Pharmaceutiques et Chimiques (ONPPC) ; l’Office National des Produits Vivriers du Niger (OPVN) ; la société Niger Poste ; la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ; la Compagnie Nationale de transport des Produits Stratégiques (CNTPS) ; l’Abattoir Frigorifique de Niamey (AFRIN) ; la Loterie Nationale du Niger (LONANI) ; la Caisse Autonome des Retraités du Niger (CARENI) et le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA), ont présenté leur structure.
Dans toutes les présentations, ce sont les états financiers qui montrent si l’entreprise ou établissement public est performant ou non. Les difficultés que rencontrent ces services étatiques sont naturellement exposées par les responsables, ainsi que quelques perspectives pour une plus grande viabilité des entreprises publiques.
La Société de Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN) est responsable de la gestion de l’ensemble du patrimoine hydraulique de l’Etat en zone urbaine et semi-urbaine. Elle se caractérise par le fait qu’elle est une société d’investissement qui donne du travail aux entreprises susceptibles de réaliser les ouvrages hydrauliques pour permettre aux populations d’avoir accès à l’eau potable. En 2022, la dette de la SPEN s’élève à 2484 millions de FCFA. Cette dette évoluera d’année en année, alors que la redevance annuelle réalisée en 2021 est de 5,113 milliards de FCFA. Quant à l’équilibre financier, on note qu’il s’est dégradé depuis un certain nombre d’années. Des ajustements tarifaires sont effectués tous les deux (2) ans en vue d’assurer l’équilibre financier du sous-secteur. Cette révision tarifaire n’est pas encore appliquée, fragilisant davantage la situation financière de la société.
Dans la communication de la Société du patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN), il ressort des écarts financiers qui laissent croire une contre-performance criarde et une gestion peu orthodoxe de cette société. En effet, les écarts financiers relevés sont dus à un certain nombre d’opérations qui sont incompatibles à une gouvernance vertueuse. A titre illustratif, l’affaire Tanadi a pesé lourdement sur les comptes de la SOPAMIN.
Pour ce qui est de Niger Télécom, les participants retiennent que la société fait des efforts pour améliorer la qualité des services offerts dans un environnement fortement concurrencé par des multinationales qui disposent d’une licence 4 G. Par ailleurs, il faut relever que Niger Télécom offre à ses abonnés des produits tels que la téléphonie ; l’internet ; la fibre optique etc. pour une compétition performante de Niger Télécom, l’Etat doit faire un effort pour que cette société publique puisse concurrencer d’égal à égal les multinationales opérant dans le même domaine qu’elle. Bref, il est inconcevable que l’entreprise de l’Etat ne puisse pas disposer d’une licence 4 G. C’est dire que les performances de cette société sont réduites par ce retard qu’elle traine depuis des années.
Pour le cas de la Société Nigérienne de Pétrole (SONIDEP), il est noté que le total bilan de cette société s’est amélioré de 2019 à 2021. Quant au chiffre d’affaires, il a évolué en dents de scie. Il était en baisse de 6,91% en 2020 avant de s’accroitre de 14,03 % en 2021. En effet, le résultat net de l’exercice 2021 est en baisse de 21, 94% par rapport à 2020.
Avec un chiffre d’affaires de plus de deux (2) milliards de FCFA en 2021, le CNUT présente un résultat net non satisfaisant et dégage tout de même une performance encourageante. D’où la nécessité de trouver des pistes de solutions pour rendre le Conseil Nigérien des Utilisateurs des Transports dynamique et performant.
En ce qui concerne la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et Matériels Agricoles (CAIMA), il ressort des analyses que le chiffre d’affaires et le résultat net sont non performants et obtient par conséquent une observation qui la loge parmi les entreprises non performantes. En perspectives, une orientation de la CAIMA vers la mécanisation agricole et les semences améliorées s’avèrent un impératif pour sa viabilité.
Les sociétés d’économie mixte telles que la Nigelec avec un chiffre d’affaires de 76, 5 milliards de FCFA ; la NITRA ; la CNTPS ; la RINI affichent toutes des chiffres d’affaires et des résultats nets non satisfaisants. L’analyse les range dans les sociétés non performantes. Par rapport aux établissements bancaires, c’est la Banque Agricole du Niger qui donne un produit net satisfaisant et se classe parmi les établissements publics performants.
En définitive, on retient que l’Etat reste déterminé à faire en sorte que l’ensemble des entreprises et établissements publics puissent répondre aux exigences d’une gestion financière saine et rigoureuse.
Par Hassane Daouda(onep)