
Les détaillants s’approvisonnent au marché sis au quartier Boukoki ....
La canne à sucre est un produit de culture saisonnière destiné à la consommation ou, dans certains cas, à la transformation. Au Niger, elle est cultivée comme plante avec une récolte au bout de 8 à 10 mois. Cependant, au cours du mois de janvier 2025, sa disponibilité est devenue rare dans la ville de Niamey. Cette année, les fortes pluies qui ont causé d’énormes inondations dans les zones de production ont eu des impacts négatifs sur la récolte.
La canne à sucre a besoin d’eau en abondance et d’azote, de phosphore, de potassium et de certains oligo-éléments pour sa fertilisation. Elle a besoin d’eau de pluie, parce que c’est cette eau qui lui donne toute sa vivacité en lui permettant de se développer et de grandir rapidement. Alors, sa forte disponibilité dépend aussi de la période de pluviométrie sans laquelle la canne aurait des difficultés à atteindre sa fortification. Même si on l’arrose régulièrement, cette action ne servira pas à grand-chose tant qu’il n’y aura pas la présence de l’eau de pluie. C’est dans ces conditions que la canne se fortifie.

Contrairement aux années antérieures où on constatait la disponibilité de la canne à sucre sur les marchés de la ville de Niamey et dans le centre-ville à travers les revendeurs ambulants, cette année, le produit s’écoule facilement au niveau des grossistes, ce qui rend parfois sa disponibilité un peu difficile pour les détaillants.
Selon un grossiste rencontré au marché de la canne à sucre, situé au quartier Boukoki, Ousmane El hadji Rabé âgé de la quarantaine, la rareté de la canne à sucre cette année est liée aux fortes pluies diluviennes qui ont impacté sa production. « Nous l’importons depuis Doungou Majéma. Certes, cette année, nous avons eu abondamment de canne à sucre, mais les inondations ont causé des dégâts énormes qui ont contribué à la pénurie de celle-ci. De l’autre côté, c’est généralement trois mois de pénurie, tandis qu’ici, à Niamey, on observe une pénurie de six à sept mois. Donc, sa disponibilité dépend de la pluie », explique le grossiste, par ailleurs lui-même producteur. Ousmane El hadji Rabe fait aussi comprendre qu’en dehors des catastrophes que la pluie a causées, s’ajoute le fardeau du transport. « Une fois aux postes des douaniers, on nous fait payer des prix bien qu’on soit en règle. La dernière fois, on m’a fait payer 10.000 FCFA pour rien », a-t-il déploré.
La canne à sucre se vend en gros et en détail, il y a des revendeurs qui achètent auprès des commerçants grossistes pour aller revendre en ville sur des charrettes ou en main. «Nous ne rencontrons aucun problème à ce niveau, tout se passe bien et en harmonie entre nous les grossistes et les détaillants. Les prix varient entre 5.000 FCFA à 10.000 FCFA, selon le fagot » a-t-il précisé.
Quant au détaillant Adamou Tanimou, un vendeur ambulant de canne à sucre rencontré aussi au marché de katako, âgé de 27ans, il souligne les problèmes rencontrés lors de la commercialisation du produit dans la ville. « Les agents de la mairie nous arrêtent lorsque nous sommes en train de sillonner la ville de Niamey pour vendre notre canne à sucre ; ils saisissent notre charrette contenant notre marchandise sans savoir pourquoi », se plaint le vendeur ambulant.
Selon Adamou Tanimou, il y a aussi le problème de la cherté de la canne à sucre entre les grossistes et les détaillants. Les prix sont exorbitants, varient entre 8.000FCFA, 7.000FCFA le fagot, d’après lui.

Un nutriment utile pour l’équilibre hydroélectrolytique de l’organisme, à consommer avec modération
Consommée pour sa saveur, la canne à sucre est un aliment qui apporte beaucoup de nutriments à l’organisme. Ainsi, selon le nutritionniste Abdoul Razak Bello, la canne à sucre, comme son nom l’indique, est la plante utilisée pour la production du sucre raffiné. Mais, à son état naturel, le sucre ou le jus de la canne à sucre est riche en oligo-éléments et en fibres alimentaires. «Cette solution est un liquide blanchâtre mais, à l’état cristallin, elle devient jaune grisâtre ; cette composante est riche en oligosaccharides, plusieurs molécules de glucides complexes, dont les molécules ou sucres non réductibles sont le fructose et glucose. La canne à sucre est aussi riche en éléments minéraux essentiels comme le calcium et la vitamine, elle est riche en polyphénol et polycosanol. La canne à sucre a un profil nutritionnel similaire à celui de l’herbe de blé : elle contient de la chlorophylle, du fer, et aussi des vitamines B, du potassium et du magnésium. Elle est riche en glucides complexes et très pauvre en sucres simples », a-t-il mentionné.
Aussi, le nutritionniste ajoute que la consommation de la canne à sucre est importante pour augmenter la glycémie en cas de jeûne ou en cas de sport. Ces éléments minéraux et vitamines interviennent pour un équilibre hydroélectrolytique de l’organisme. Ces sucres complexes permettent de ravitailler le foie et les muscles, et les excès de molécules sont stockés pour augmenter le carburant de l’organisme.
Cependant, Abdoul Razak ‘‘souligne qu’il est essentiel de consommer du jus de canne à sucre avec modération en raison de sa forte teneur en sucre naturel en cas de diabète ou pour prévenir le diabète’’. La canne à sucre augmente très fortement la glycémie, donc elle n’est pas conseillée pour un diabétique insulino-dépendant. Et ceux qui ne sont pas diabétiques doivent la consommer de façon modérée. En cas de forte consommation, elle pourrait être un facteur de risque pour l’hémorroïde et l’ulcère gastrique. La canne à sucre naturelle contient également des substances appelées antioxydants. Les antioxydants aident à combattre les radicaux libres (molécules qui endommagent les cellules) qui peuvent aggraver plusieurs problèmes médicaux comme le diabète, le paludisme, l’infarctus du myocarde et le cancer de la peau » a-t-il conclu.
Alha Abdarahimoun (stagiaire)