Dans certains quartiers de la ville de Niamey, comme Boukoki, Dan Zama Koira et quelques quartiers périphériques, il est fréquent de croiser des jeunes qui portent des bidons coupés ou d’un tonneau porté sur une charrette munis d’une pelle, d’une pioche et quelques produits comme le pétrole et l’essence. Il s’agit des vidangeurs ambulants des latrines à fosses qui font le tour des quartiers pour vider manuellement les fosses. en s’affrontant à plusieurs risques afin de gagner leur pain.
La collecte des boues fécales se fait manuellement souvent à Niamey. Les vidangeurs ambulants utilisent d’abord certains produits comme des hydrocarbures pour désinfecter la fosse et éliminer les odeurs gazeuses, nauséabondes et des insectes qui rôdent autour. Le travail se fait à deux, une personne entre dans la fosse et écope la boue et la charge dans un récipient que la seconde personne fait remonter et verser dans le trou creusé tout près de la fosse septique ou dans le tonneau pour aller déverser dans les égouts. Ils utilisent des outils tels que des seaux, des pelles et des tuyaux pour extraire manuellement les déchets des latrines, les transférer dans des conteneurs appropriés et les transporter vers des sites de traitement ou d’évacuation et d’élimination appropriés. Cette tâche peut être physiquement exigeante et nécessite une formation adéquate pour assurer la sécurité des vidangeurs et minimiser les risques sanitaires.
Les vidangeurs manuels des latrines sont des professionnels qui effectuent la vidange des latrines ou des systèmes d’assainissement où il n’est pas possible d’utiliser des équipements mécanisés. Cette méthode de vidange manuelle est souvent utilisée dans les régions où les infrastructures d’assainissement formelles sont limitées ou absentes. Les vidangeurs manuels des latrines jouent un rôle crucial dans la gestion des déchets sanitaires et contribuent à prévenir la propagation de maladies d’origine hydrique en assurant la bonne évacuation des déchets humains. Cependant, il est important de noter que cette méthode de vidange manuelle est considérée comme étant moins hygiénique que les méthodes mécanisées.
M. Mahamadou et M. Abdoul Rachid exercent ce métier pendant près de deux ans. Âgés d’une trentaine d’année, ces natifs de Madaoua sont contraints d’exercer ce métier pour subvenir à leurs besoins. Ils nous expliquent comment ils arrivent à s’en sortir dans ce métier sans kits de protection pour se prémunir contre les dangers liés à cette activité. « Si la fosse est défaillante, nous ne prenons pas le risque d’entrer dedans même si elle vaut de l’or car la vie est précieuse. Et avant d’entrer dans une fosse, nous utilisons du pétrole pour dégager l’odeur puante ensuite nous procédons manuellement au curage de la fosse à deux. Une fois le travail terminé, nous nous lavons nos pieds et mains avec du pétrole ; nous estimons que cela peut faire l’affaire » ont-ils expliqué.
La vidange manuelle des fosses est un travail très risqué car les jeunes qui l’exercent n’ont pas de connaissances ou de formation en matière de sécurité et d’élimination des boues fécales.
« Nous remplissons le tonneau en enlevant le liquide seulement souvent accompagné des boues fécales à 5000 FCFA. Si ça vaut le coup de creuser un puits, nous faisons appel à d’autres collègues qui font spécifiquement ce travail. Parfois nous manquons de clients, mais on rend grâce à Dieu » a expliqué un vidangeur ambulant muni de son tonneau sur une charrette.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)