Le marché des produits de grande consommation connaît certes une flambée des prix, mais il n’a jamais, jusque-là, franchi la ligne rouge de rupture d’aucune denrée. En effet, avec le soutien des pays amis comme le Togo et le Burkina Faso, les marchandises à destination du Niger passent depuis lors par le port de Lomé plutôt que celui, jadis plus emprunté, de Cotonou pour nos importations. Le Niger, le Togo et le Burkina Faso ont redynamisé le corridor Lomé-Ouagadougou-Niamey. Depuis l’imposition des sanctions « iniques, inhumaines et injustifiées » de la CEDEAO contre le Niger, le ravitaillement du pays en produits, dont ceux alimentaires, se fait exclusivement par ce chemin. Pour mieux sécuriser cet approvisionnement, les autorités ont mis en place l’escorte assurée par les vaillantes Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
Les convois pour l’acheminement des milliers de camions, s’organisent régulièrement. Les nouvelles autorités veillent ainsi à garantir la disponibilité et l’accessibilité des produits alimentaires sur toute l’étendue du territoire, malgré les agissements félons de certains opérateurs économiques qui s’entêtent à surfer sur la vague des difficultés de la lutte pour la véritable souveraineté du pays.
Outre l’alternative du corridor Lomé-Kaya-Dori-Téra-Niamey, d’importantes mesures ont été prises par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le gouvernement. D’abord, le 29 septembre, le gouvernement avait décidé d’une baisse de 25 % sur la base taxable de certains produits alimentaires. Il s’est agi notamment d’une panoplie de 10 produits dont le riz, les pâtes alimentaires, l’huile alimentaire, le concentré de tomate, le lait, les bouillons, les préparations alimentaires, la farine de blé et le sucre.
Cette mesure est favorablement accueillie par la population car, déjà, de 11.000 FCFA, le prix du sac de 25 kg de riz est passé à 17.500FCFA, voire plus, en moins de deux mois. Le prix des autres produits alimentaires a connu une hausse similaire. Malgré les facilités fiscales concédées par le trésor public, la plupart des commerçants ont gardé hautes leurs barres de prix. Par crainte de pénurie, dans la plupart des boutiques, le rationnement est devenu la règle. Mais la régularité des convois a fini par convaincre même les plus pessimistes quant à la volonté et la détermination du CNSP à garantir la disponibilité des denrées alimentaires.
Ainsi, sous l’impulsion du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) a initié, en fin juin 2024, une vaste opération de vente à prix modéré de riz dénommée «vente ZANTCHEN KASSA, LABOU SANNI». Une opération à travers laquelle l’OPVN a vendu, des semaines durant, le sac du riz de 25 Kg à 13.500 FCFA. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Seydou Asman soulignait à cette occasion que c’est du riz acquis par l’Etat nigérien qui a été mis à la disposition de la population au prix étudié. Cette opération a concerné également les autres régions du Niger et touché l’ensemble du territoire national.
Au-delà du riz, l’opération de vente à prix modéré des céréales est en cours dans toutes les régions du Niger, depuis mars dernier, sous la supervision et l’autorité de l’Etat à travers les gouverneurs et les préfets. Contrairement aux années antérieures, en plus du tonnage régulier prévu pour combler l’indisponibilité des céréales pendant la période de soudure, des acquisitions supplémentaires ont été faites sur fonds propres de l’Etat afin d’atténuer les souffrances des populations accentuées par la fermeture des frontières et les aléas climatiques. C’est au total 120.000 tonnes de céréales qui seront vendues en 7 phases et de façon progressive sur toute l’étendue du territoire national à des prix abordables pour les couches vulnérables. La tonne de mil, de Maïs et du sorgho revient à 130.000 FCFA en raison de 13.000 FCFA le sac de 100 kg, soit plus de 60 % de réduction par rapport au prix actuel du marché et le sac de 25 kg de riz est vendu aux populations à 13.500 FCFA.
Pour l’heure, l’opération de vente des céréales à prix modéré se poursuit au grand bonheur des bénéficiaires. Les capacités des magasins de l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) sont renforcées et les stocks reconstitués au fur et à mesure pour faire face aux enjeux de la souveraineté alimentaire, répondre aux besoins des populations tout au long de l’année et atteindre les objectifs fixés par le CNSP et le gouvernement à travers cette opération. Pour renforcer tous ces acquis, le 21 juillet une autre opération d’envergure a été lancée. Il s’agit de la distribution gratuite, cette fois-ci, d’environ 14.000tonnes de céréales aux couches vulnérables à travers le pays. Outre la portée humanitaire des actions, cela impacterait également le marché en cassant les ardeurs de la forte demande en cette période de soudure.
L’un des événements les plus récents et les plus symboliques en termes de mesure pour le renforcement de la résilience citoyenne, c’est la baisse, après plus de 12 ans de stagnation, des prix du litre du super 91 (communément appelé essence), passant de 540 FCFA à 499 FCFA et du Gasoil, qui passe de 668 F à 618 F. Ainsi en a décidé le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Ces nouveaux tarifs ont pris effet à compter du 23 juillet 2024. Pourtant, en août 2022, le gouvernement d’alors a augmenté le prix du litre de Gasoil de 130 FCFA, le portant de 538 F à 668 F, alors que le pétrole (brut) est exploité, raffiné et vendu au Niger. Les gros utilisateurs des hydrocarbures comme les transporteurs des marchandises ou les industriels savent que ce n’est pas rien. A titre illustratif, avec l’application des nouveaux tarifs, ils gagnent 80 litres supplémentaires pour chaque rechargement de 1.000 litres de gasoil. Et, ce sont ces acteurs qui peuvent impacter les prix des produits sur le marché si le carburant leur revient moins cher.
Ismaël Chékaré (ONEP)