Le ministre du Plan, Dr Rabiou Abdou a présidé, hier matin à Niamey, une rencontre de présentation des résultats et recommandations d’un nouveau mémorandum économique du Niger. L’étude portée par la Banque Mondiale propose, une analyse approfondie de la performance de l’économie nigérienne au cours des 20 dernières années et identifie les principaux défis auxquels le pays sera confronté dans les années à venir ainsi que les voies possibles pour les surmonter.
Le Mémorandum Economique du Niger vise à fournir aux décideurs politiques, des pistes de réflexion et options de réformes pour s’engager résolument sur le chemin d’une croissance économique inclusive, résiliente et durable. Il s’agit de façon non exhaustive des reformes contribuant à la gestion transparente et efficiente des futures ressources pétrolières, des changements institutionnels permettant d’accélérer l’adoption des nouvelles technologies pour soutenir la productivité agricole et l’accès à la finance inclusive ou encore les mesures d’optimisation des mécanismes de prévention des risques climatiques.
La production de ce document intervient dans un contexte où, le Niger, à l’instar de la plupart des pays africains, a connu plusieurs chocs avec des impacts socioéconomiques importants. «En dépit de ces chocs, l’activité économique a été robuste ces 20 dernières années avec un taux de croissance du PIB de 5,2% en moyenne entre 2000 et 2020. Cependant, au moment où l’économie a fait preuve de la forte résilience face à la pandémie de la Covid-19, les chocs climatiques vécus en 2021 ont eu un impact majeur sur la production agricole, la croissance économique et la pauvreté», a indiqué le ministre du Plan, Dr Rabiou Abdou. Au total 5 pistes ont été identifiées pour assurer une croissance durable au Niger. Ils consistent à tirer parti des nouvelles technologies pour améliorer la productivité de l’agriculture commerciale, soutenir l’extension des services et promouvoir l’orientation vers l’exportation; à développer la finance numérique pour soutenir le développement du secteur privé; à gérer les revenus pétroliers de manière transparente et fiscalement responsable; à promouvoir les politiques judicieuses en matière de contenu local et renforcer le cadre de gestion du risque de catastrophe et établir une stratégie de financement dudit risque.
D’ores et déjà, «le nouveau PDES 2022-2026, en cours d’élaboration, intégrera toutes ces dimensions pour accélérer la marche du Niger vers le statut de pays émergent, fondé sur une véritable transformation structurelle de son économie», assure le ministre du Plan.
Selon le Représentant Résident par intérim de la Banque Mondiale au Niger, M. Pierre Xavier Bonneau, le Niger a affiché des performances économiques dynamiques avec un taux de croissance moyen annuel de 5.5% au cours de la période 2000-2020 et une réduction de l’extrême pauvreté. «Plus récemment, alors que le pays a fait preuve d’une résilience économique certaine face à la pandémie du Covid-19, les chocs climatiques et sécuritaires vécus en 2021 ont eu des effets négatifs sur la production agricole (qui a reculé de 38%) et la croissance économique (qui a été révisée de 2.2 points de pourcentage pour s’établir à moins de 1.5 %)», a-t-il relevé. Ce ralentissement économique a ainsi conduit à une aggravation de la pauvreté. La détérioration de la situation politique régionale et internationale, avec d’une part des sanctions économiques et financières qui touchent plusieurs pays de la sous-région et, d’autre part, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui est source de grandes incertitudes additionnelles quant aux perspectives économiques du Niger pour 2022 et pour le moyen terme, est susceptible d’exacerber les défis existants tant sur le plan économique, social que sécuritaire, explique le Représentant Résident par intérim de la Banque Mondiale.
Dans ce contexte difficile, «la Banque mondiale reste aux côtés de ses états membres tant sur le plan du soutien financier – et le Niger en est une illustration éclatante – que sur celui tout aussi important, si ce n’est plus, de l’expertise et de l’analyse économique», réitère M. Pierre Xavier Bonneau.
Ismaël Chékaré(onep)