L’Université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey célèbre cette année, son cinquantenaire. Depuis septembre 1971 où elle a commencé sa mission jusqu’à aujourd’hui, l’institution académique a joué un rôle de premier rang dans la formation supérieure et la recherche académique au Niger. Le lancement officiel des festivités a été présidé par le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, venu rendre hommage aux acteurs de l’enseignement supérieur et réaffirmer son soutien indéfectible à l’enseignement au Niger. La cérémonie s’est déroulée dans l’amphithéâtre mille (1000) places de la Faculté des sciences et Techniques de l’UAM, en présence du Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, de certains membres du Gouvernement, des principaux responsables de l’UAM et des leaders estudiantins et de toute la communauté universitaire mobilisée pour la circonstance.
C’est sur un terrain qu’il connait bien que le Chef de l’Etat s’est déplacé hier matin pour marquer sa présence le lancement des festivités de la célébration du cinquantenaire de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Les étudiants, la «grande base souveraine» comme on le dit dans le milieu, se sont mobilisés pour venir écouter celui qui a décidé de faire du secteur de l’enseignement la priorité de ses priorités. Et les longues et nombreuses ovations qui ont interrompu l’intervention du Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, ont mis en exergue l’adhésion des étudiants aux idées novatrices qu’il nourrit pour l’enseignement supérieur.
«Je suis venu pour rendre hommage à ceux qui ont le mérite d’avoir eu cette initiative et à tous ceux qui ont entretenu cette Université qui a produit des cadres de qualité grâce auxquels, aujourd’hui, notre pays existe», a commenté le Président Mohamed Bazoum, qui s’est par ailleurs félicité de l’immense contribution de l’UAM dans la formation des cadres de l’administration nigérienne. «C’est parce que nous avons construit cela sur une base solide et je vais le dire sans toute forme de prétention, que nous pouvons envisager notre avenir avec sérénité pourvu que nous restions justement rigoureux et que nous soyons dignes de cet héritage que nous ont légué ceux qui nous ont précédé», a-t-il déclaré.
Le Chef de l’Etat qui explique à chacune de ses sorties que «la compétition entre les Etats, c’est la compétition entre leurs systèmes éducatifs», reconnait que le pays entame cette compétition avec retard et demande à l’ensemble des acteurs de l’enseignement en général, de se battre aux côtés des autorités pour rattraper, le plutôt possible, ce retard. Pour S.E Mohamed Bazoum, les acteurs de l’éducation ne doivent pas «être complexés» de cette position, de même qu’elle ne doit pas «servir d’alibi pour rester toujours en retard». Il a rappelé que l’Université de Niamey occupait dans un passé encore récent, une place de référence dans le milieu académique régional avec des enseignements, des professeurs et des formations de qualité.
Le Président Mohamed Bazoum a relevé que le chevauchement de plusieurs promotions d’étudiants dans un même cycle universitaire grippe les efforts consentis dans le secteur et constitue le symptôme d’un dysfonctionnement qui nécessite une analyse approfondie. Cela a valu à l’Etat, sur 32 milliards dépensés au cours de l’année 2021 dans l’enseignement supérieur, d’allouer plus de 20 milliards au paiement de bourses des étudiants. La raison de cette dispersion des énergies, selon lui, est due au nombre de plus en plus élevé d’étudiants qui «trainent encore en deuxième et en troisième année», non pas à cause d’un échec scolaire, mais seulement parce que les conditions n’ont pas permis qu’ils évoluent normalement dans leurs études. «Ça s’appelle du gâchis. Du gâchis pour les étudiants et du gâchis pour l’Etat», regrette-t-il.
Aux enseignants et chercheurs de l’UAM, le Chef de l’Etat leur demande d’abandonner la bureaucratie, à partir de ce jubilé de l’Université, pour se consacrer à leur devoir de porter un regard critique sur le fonctionnement de la société, et aux étudiants d’éviter de sécher les cours de manière répétée. «Il nous faut un sursaut. Je suis venu vous implorer, vous demander de faire ce sursaut, d’avoir pour ambition de ne pas perdre du temps. Pour cela il nous faut créer les conditions qui permettront d’améliorer les conditions d’étude et de travail à l’UAM», s’est exclamé le Président Mohamed Bazoum qui nourrit l’espoir d’être témoin de la disparition du chevauchement des promotions à l’UAM à l’horizon 2023.
La réforme du curricula pour créer les conditions d’une formation «professionnalisante» des étudiants est aussi une priorité du Chef de l’Etat qui permettra de faciliter leur accès au marché du travail. Pour accompagner tout cela et en faire un schéma solide et pérenne, le Président de la République a annoncé la multiplication des chantiers sur le site de l’Université Abdou Moumouni de Niamey et sur les autres sites des universités du pays afin de les doter d’infrastructures à même de résorber le problème des chevauchements et d’améliorer conséquemment les conditions d’étude et de recherches académiques. Il a également promis de maintenir le dialogue direct avec les enseignants et les leaders des étudiants afin de contribuer à la promotion d’un dialogue apaisé dans le secteur.
Souleymane Yahaya(onep)