Le Premier ministre, Chef du Gouvernement, M. Ouhoumoudou Mahamadou a présidé, hier en fin d’après-midi, une réunion d’installation de deux comités. Il s’agit d’un comité Interministériel de Pilotage et d’un Comité technique du rapatriement des Nigériens de certains pays. Ces deux comités ont pour mission d’œuvrer pour le rapatriement des Nigériens expulsés de l’étranger et de lutter farouchement contre la mendicité au Niger.
L’installation de ces Comités intervient dans un contexte où l’image du pays est dégradée par des pratiques de certains compatriotes qui s’adonnent à la mendicité. Cette pratique que les autorités nigériennes condamnent fermement a poussé certains pays d’accueils à refouler des milliers de personnes vers le Niger.
En termes statistiques, dans un rapport publié par Médecins Sans Frontières en juillet 2021, entre janvier et avril près de 4.370 personnes, ont été rapatriées par les forces de l’ordre d’un pays voisin jusqu’au point zéro. Selon une source du Consulat Général du Niger à Tamanrasset, plus de 700 migrants nigériens sont arrivés le samedi 19 mars 2022 dans un site de transit pour migrants de Tamanrasset pour être rapatriés.
Procédant à l’installation de ces deux comités, le Chef du Gouvernement, M. Ouhoumoudou Mahamadou a rappelé que depuis un certain temps, des Nigériens font l’objet de refoulement injuste et massif de certains pays, avec qui pourtant le Niger est lié par divers accords. Les déplacements des populations d’une contrée à l’autre de la planète, rappelle le Premier ministre, constituent un phénomène naturel et des plus vieux depuis que le monde existe. «Il est, bien souvent, le fait du désir de découvrir le monde, parfois de la volonté d’aller s’installer ailleurs, que dans son pays de naissance, pour travailler et y vivre. Il arrive aussi que ça soit par contrainte due aux guerres, aux violences, au changement climatique comme on peut le noter ces derniers temps», a déclaré le Chef du Gouvernement.
Par ailleurs, M. Ouhoumoudou Mahamadou a notifié que le rapatriement massif des Nigériens sous le prétexte de la mendicité, a justifié la mise en place d’un dispositif avec pour missions, le règlement du rapatriement des Nigériens en rapport avec les Etats d’accueil concernés et la gestion des opérations de leur retour, leur accueil, leur acheminement dans leurs localités et leur réinsertion sociale. «Vous devriez, en particulier, asseoir les bases d’un dialogue franc avec les pays d’accueil pour le respect des conventions et traités internationaux et régionaux ainsi que des accords bilatéraux. J’attends de vous des orientations et des décisions pour une gestion appropriée des flux des rapatriés. Pour cela, notre diplomatie et les diverses associations de nos compatriotes dans ces pays d’accueil doivent être mises à profit. Votre agenda comporte également l’analyse approfondie du phénomène de la mendicité et des mesures à prendre pour son éradication. Des mendiants de tous âges, pullulent dans les rues de Niamey offrant un spectacle désolant à nous-mêmes nationaux et aux étrangers résidents ou de passage» a déploré le Chef du Gouvernement.
Pour rappel, le droit international s’est intéressé aux mouvements de populations et les a encadrés, en fonction de leur nature, à travers des traités et conventions auxquels ont adhéré la plupart des pays au monde, afin de mieux protéger leurs droits. Le Premier ministre a cité à titre d’exemple: la Convention des Nations pour la Protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille qui impose aux pays de destination que le rapatriement de travailleurs migrants et de leur famille doit intervenir sur décision judiciaire avec l’information et
l’implication des services consulaires des Etats dont sont originaires les migrants mis en cause. Il y a aussi la convention des Nations-Unies relative au statut des réfugiés, la Convention de Kampala sur les déplacés internes et les demandeurs d’asile, le traité de la CEDEAO sur la libre circulation et l’établissement dans les pays de l’espace. «Notre pays est partie à tous ces traités et conventions de même que la plupart des pays où nos compatriotes émigrent. En plus de ces textes, notre pays a signé des accords bilatéraux avec certains de pays d’accueil, aux termes desquels, une concertation doit se faire entre les deux parties sur les moyens logistiques du retour des migrants ainsi que l’aéroport ou autre lieu de débarquement. Hélas nous constatons, avec beaucoup de regrets, que nos compatriotes sont refoulés, sans respect du minimum de leur dignité humaine et dans des conditions mettant en péril leur vie., a déploré le Chef du Gouvernement.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)